Du côté de chez Dalí
Entre la Méditerranée et les Pyrénées, depuis Cadaqués jusqu’à Portbou, les décors semblent tout droit sortis d’une toile du fantasque surréaliste. C’est là que le peintre catalan a trempé ses pinceaux. En randonnée entre terre et mer, retrouvez son inspiration
Moustaches dressées, yeux ronds, Dalí n’a jamais cessé de dessiner les contours d’une Costa Brava alternant villages blancs et roches déchiquetées. On la découvre comme on pousserait les portes d’un musée. A chaque détour, un tableau peint de la main du maître semble surgir éclaboussé de soleil et d’embruns.
« Dans ce lieu privilégié, le réel et le sublime se touchent presque, disait l’artiste. Mon paradis mystique commence dans les plaines de l’Ampurdan [Empordà, NDLR], entouré par les collines des Albères et trouve sa plénitude dans la baie de Cadaqués. »
Point de départ ? Portlligat, bien sûr. A 1 kilomètre de Cadaqués et de ses rues étroites, le village abrite la maison du peintre. Décorée de bouquets d’immortelles et surveillée par un ours naturalisé, elle est posée au bord d’une crique miniature. Depuis les terrasses semées de sculptures, le regard glisse sur les rochers taillés à la serpe. L’invitation à l’exploration est trop tentante.
Entre figuiers et genévriers rouges, un sentier file le long des murets de pierre sèche et débouche sur le phare du cap de Creus. L’endroit est lunaire. Baĥu par la tramontane et ceint de falaises, ce parcnnatdurel
cache un lieu unique : Paratge de Tudela. Un endroit surréaliste à l’image de Dalí, où les Pyrénées s’échouent dans la mer. Ici, un chameau ; là, un aigle… l’imagination de l’artiste voyait dans les schistes des formes excentriques aussi mystiques que mythiques. De son enfance passée à arpenter les échancrures de ce relief tourmenté, il a gardé un petit grain de folie. On se promène dans ce tableau aussi naturel que sauvage jusqu’à la Cala Culip et ses eaux cristallines, où le chemin pique vers le nord, traverse un torrent, bifurque vers l’ermitage bringuebalant de Sant Baldiri datant de 1702, avant de prendre la direction d’El Port de la Selva. Tout blanc sur fond de collines vertes, le village de pêcheurs suit les contours de sa baie, invite à se perdre dans ses escaliers avant de repartir vers la frontière française.
Au fil du GR92, qui sent bon le thym, les forêts de chênes verts épousent les plages de sable doré ou plus gris. En s’enfonçant dans les terres, le maquis laisse plus loin apparaître la silhoueĥe massive de Sant Pere de Rodes. Campé à une altitude de 520 mètres, ce monastère bénédictin, dont le cloître et le clocher carré datent du XIIe siècle, offre un moment de spiritualité que la vue à 360 degrés vient renforcer. Le regard perdu sur ceĥe immensité, il faut alors redescendre doucement vers Llançà, Colera puis Portbou, terminus d’un périple d’une quarantaine de kilomètres.