Bazar, comme c’est bazar
La naissance des grands magasins. Mode, design, jouets, publicité. 1852-1925. Musée des Arts décoratifs,
Au milieu du xixe siècle, le préfet Haussmann taille à la serpe le visage de Paris. Vingt mille maisons sont rasées, de larges voies rectilignes sont percées. Sur ces nouveaux axes de circulation s’implantent les « grands magasins ». Portés par le vent de modernité qui souffle sur la capitale française, ces temples du shopping reproduisent l’architecture et le faste des salles de spectacle. Au Bon Marché (1852), le Bazar de l’Hôtel de Ville (1856), Au Printemps (1865), la Samaritaine (1870), les Galeries Lafayette (1893), mais aussi les établissements qui ont depuis périclité, comme les Grands Magasins du Louvre (1855) ou A la Place de Clichy (1877), sont autant la consécration d’entrepreneurs (et d’entrepreneuses !) visionnaires que le reflet des changements structurels de la société française : essor des chemins de fer, qui permettent d’élargir la clientèle et la vente par correspondance, création de banques, gestion au cordeau du personnel (documenté par Emile Zola dans son roman « Au Bonheur des Dames »), développement des loisirs modernes…
La bourgeoisie se met à « faire les magasins ». La Parisienne devient le symbole de la femme élégante et indépendante. Le profit des enseignes repose sur des ventes massives et rapides. Les techniques commerciales se perfectionnent : soldes, catalogues, campagnes publicitaires… A travers près de 700 documents, le Musée des Arts décoratifs nous ramène à la naissance de la société de consommation telle qu’on la connaît aujourd’hui. Eclairant.