Dans les coulisses de la mode
Et dire qu’au départ, elle voulait être coi euse… C’est presque par hasard que Colette Maciet (photo, au centre) est tombée dans la mode, en entrant comme apprentie couturière chez Chanel, en 1960. Or, un demi-siècle plus tard, elle est devenue l’une des grandes dames de ce milieu.
Dans un livre passionnant et bourré d’anecdotes savoureuses, Colette Maciet retrace ses cinquante ans de carrière au côté des couturiers les plus célèbres dans les maisons les plus prestigieuses– avec tendresse, mais sans flagornerie. Sans minimiser, par exemple, la dureté des mots de Coco Chanel à l’égard des « petites mains » de la maison, l’impatience quasi pathologique de Karl Lagarfeld – qui fera d’elle la plus jeune première d’atelier de l’histoire –, le rythme invivable des « pulsions créatrices » de John Galliano, la violence des emportements d’Alexander McQueen, dont les « Fuck ! » font trembler les murs de la maison fondée par le si sage Hubert de Givenchy… Mais, au-delà des monstres sacrés eux-mêmes, ce sont surtout les coulisses de cet univers si particulier que Colette Maciet fait revivre.
Dans ce milieu si codifié, les rivalités sont légion entre « mains débutantes » et « mains qualifiées » ou entre celles qui exercent au département « flou », où l’on confectionne les robes du soir et qui fait tant rêver les plus jeunes, et celles qui travaillent au « tailleur », secteur plus technique et donc réservé aux meilleures.
Comme si elle nous avait glissé dans la poche de sa blouse, Colette Maciet nous emmène dans les pièces secrètes où sont stockés des milliers de tissus, dans les ateliers – où elle a passé plus d’une nuit blanche, les veilles de présentation – et dans les backstages des défilés. Au passage, on croisera Inès de La Fressange, Audrey Hepburn, Noor de Jordanie… et même Bernadette Chirac, qui faisait campagne pour son mari auprès des couturières, tout en essayant la tenue qu’elle porterait le soir du deuxième tour de l’élection présidentielle de 2002 ! « Haute Couture », par Colette Maciet, éditions Michel Lafon, 288 pages, 19,95 euros.