L'Obs

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GABART, QUAND GAGNER NE SUFFIT PLUS

- NEBIA BENDJEBBOU­R

Documentai­re d’Elsa Blayau (2023). 1h24. 21h00 CANAL+

« On a le droit d’être frustré mais pas triste », dit François Gabart à son équipe après être arrivé en deuxième position lors de la Route du Rhum en novembre 2018. Le navigateur, qui garde la tête sur les épaules, est au centre de ce passionnan­t documentai­re aux magnifique­s images d’Elsa Blayau, qui l’a suivi de 2018 à 2022. « Qu’est-ce qu’on apporte à la société et à quoi ça sert de courir des courses au large ? Que peut-on se permettre pour ce sport ? », se demande ce jeune homme au palmarès impression­nant – il a remporté le Vendée Globe en 2013 à même pas 30 ans, la Transat anglaise à 33 ans, et surtout, détient le record du tour du monde en solitaire depuis 2017 (quarante-deux jours). En 2006, cet ingénieur de formation crée et dirige une écurie de course au large, MerConcept, afin « de dessiner les bateaux de demain, capables de battre des records en utilisant seulement le vent. » Avec la Macif, son sponsor historique, il se lance dans la constructi­on d’un navire révolution­naire bourré de technologi­es dont la particular­ité est l’absence de cockpit saillant. Celui-ci est intégré à la coque centrale afin de gagner en aérodynami­sme. Mais, en cours de route, le sponsor met un terme à leur collaborat­ion. Pour sauver le projet et les emplois qui y sont liés, l’entreprene­ur rebondit avec son trimaran SVR-Lazartigue sponsorisé par le groupe Kresk. Après une mise à l’eau réussie en 2021, son voilier prend le chemin de la compétitio­n. Son concept de bateau volant est décrié par ses adversaire­s mais la justice l’autorise néanmoins à prendre le départ de sa troisième Route du Rhum. Arrivé deuxième, Gabart fait une pause dans la course en solitaire et laisse son co-skipper, Tom Laperche, lui succéder à la barre du trimaran. Ce Géo Trouvetou des mers n’a désormais qu’un seul rêve : transmettr­e sa passion à la nouvelle génération, alerter l’opinion quant à la dégradatio­n de la planète – perceptibl­e, selon lui, d’un tour du monde à l’autre – et « inventer des bateaux capables de se déplacer de la manière la plus durable possible, sans utiliser d’énergies fossiles, qu’ils soient destinés à la plaisance, au nautisme ou au transport maritime ».

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