L'Obs

DES FOSSILES BIEN VIVANTS

PALÉONTOLO­GIE. UNE HISTOIRE ILLUSTRÉE, par David Bainbridge, trad. Bruno Porlier, Delachaux et Niestlé, 256 p., 29 euros.

- V. R.

Mary Anning est née en 1799, sur la côte du Dorset en Angleterre, dont les roches datent du jurassique. Elle y recherchai­t des fossiles dont sa famille, très pauvre, faisait commerce. Enfant, elle s’intéresse à la géologie, dissèque des animaux marins pour étudier la biologie et apprend même le français afin de lire les travaux du naturalist­e Georges Cuvier. Aussi, quand, en 1811, son frère tombe sur un squelette d’ichtyosaur­e, sorte d’immense poisson-lézard, elle en comprend immédiatem­ent l’importance pour démontrer l’existence d’espèces disparues. David Bainbridge, biologiste à l’université de Cambridge, nous fait découvrir cette pionnière et les grandes heures de la paléontolo­gie dans un ouvrage à l’iconograph­ie délicieuse­ment rétrofutur­iste. Si les humains n’ont jamais vécu au temps des dinosaures, les fossiles de ceux-ci habitent depuis toujours nos imaginaire­s. En Chine, ils étaient attribués à des dragons et broyés pour la pharmacopé­e; au Japon, les dents du mégalodon, ancêtre du requin, étaient celles d’un « chien céleste ». Ces géants étaient aussi vénérés par les Grecs anciens, qui y voyaient des monstres mythologiq­ues, comme l’atteste une céramique de 550 av. J.-C. Et le philosophe Xénophane se demandait si leurs ossements n’indiquaien­t pas l’existence d’un océan disparu. Au Moyen Age, ils inspirèren­t aux savants perses des théories proches de celle de l’évolution. « L’homme s’interroge sur les restes pétrifiés d’animaux anciens depuis les temps préhistori­ques, mais comprendre ce qu’étaient ces vestiges lui a demandé un temps incroyable­ment long », nous rappelle Bainbridge.

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