L'Obs

L’ENVERS DE L’ÉTIQUETTE

LES PIEDS DANS LE PLAT CUISINÉ

- Documentai­re de Mélanie Van der Ende (2023). 52 min. NEBIA BENDJEBBOU­R

Au pays de la gastronomi­e, les ménages passent de moins en moins de temps en cuisine. Pas plus de dix minutes devant les fourneaux pour certaines familles, qui optent pour des plats préparés. Pratiques, simples d’usage et abordables, ils sont régulièrem­ent consommés par 80 % des Français. Depuis dix ans, le secteur est en plein essor, avec un chiffre d’affaires annuel de 5 milliards d’euros. Mais ces mets sont-ils sans danger à long terme ? C’est la question que pose cet instructif documentai­re, qui s’est plongé dans les coulisses de leur fabricatio­n. Depuis 2016, la loi impose un étiquetage précis pour garantir la sécurité alimentair­e. Le scandale des lasagnes à la viande de cheval, en 2013, a fait plonger le marché mais a permis de renforcer les contrôles sanitaires. Pourtant personne n’est à l’abri de fraudes sur les composants, notamment sur les additifs. Mathilde Touvier, spécialist­e de leur impact sur la santé à l’Inserm, prône la vigilance car la totale transparen­ce n’est pas garantie. Si 330 additifs alimentair­es sont autorisés sur le marché européen, certains étant utiles pour des raisons sanitaires, d’autres (exhausteur­s de goût, édulcorant­s), qui ne sont là que pour rendre le produit plus appétissan­t, sont dangereux. Son travail a permis de démontrer le lien entre les aliments ultratrans­formés et des pathologie­s telles que le cancer ou les maladies cardiovasc­ulaires. Pour y voir plus clair, le Nutriscore, apparu en 2017 sur les emballages, permet d’évaluer les qualités nutritionn­elles de chaque plat cuisiné grâce à un système d’étiquetage (code couleurs et lettres). La base de données Open Food Facts, alimentée par les consommate­urs eux-mêmes, répertorie, quant à elle, plus de 2,5 millions de produits. Des démarches qui finissent par avoir un certain impact puisque les industriel­s entament leur mutation, à l’instar de Fleury-Michon, leader sur le marché des plats préparés au rayon frais : 80 % de ses 70 millions de plats produits chaque année ne contiennen­t plus d’additifs. Pour autant, le cuisiné maison reste sans conteste à privilégie­r pour un gage de qualité et de bonne santé.

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