Le son de Hollywood
THE LEGEND OF JOHN WILLIAMS, PAR JOHN WILLIAMS. COFFRET 20 CD (PANTHÉON/DECCA).
Lorsque Steven Spielberg lui montra « la Liste de Schindler » pour qu’il en fasse la musique, John Williams, son inséparable binôme, lui fit remarquer que, sur ce film, il aurait besoin d’un meilleur compositeur que lui. Le cinéaste rétorqua : « Tu as raison, mais ils sont tous morts ! » L’anecdote résume tout Williams : artisan au service du cinéma, héritier de la tradition hollywoodienne (celle des
Erich Korngold et Miklos Rozsa), dont l’oeuvre imposante explose ce cadre, au-delà des hymnes universels qui ont forgé sa légende. Les thèmes de « Star Wars », « E.T., l’extraterrestre », « Indiana Jones », « Superman » ou « Harry Potter » l’ont immortalisé en maestro de la symphonie épique, du souffle martial et de la rêverie fantastique.
Or ces séquoias géants cachent une forêt autrement luxuriante dont ce coffret, concocté par le spécialiste Stéphane Lerouge, explore chaque recoin : incursions jazz (« le Privé »), accents bluesy (« Permission d’aimer », avec l’harmonica de Toots Thielemans), hymnes et ballades western (« les Cowboys », « Missouri Breaks »), échappées atonales (« Images »), pépites hybrides aux élans romantiques (« la Sanction », « Né un 4 juillet », « Peter et Tillie »), oeuvres pour concert… La somme, agrémentée d’un livret avec une interview inédite du maître et des propos d’Oliver Stone et de Jean-Jacques Annaud, comprend une dizaine de partitions intégrales dont « les Dents de la mer » et « la Liste de Schindler », son chefd’oeuvre, emmené par le violon déchirant d’Itzhak Perlman. Un must.