Deux axes s’affrontent
Depuis la terrible attaque du Hamas, le 7 octobre, où plus de 1 200 personnes ont été massacrées, et la brutale offensive de l’armée israélienne sur la bande de Gaza, bastion du groupe terroriste, qui aurait déjà fait plus de 20 000 morts, selon le Hamas, le conflit menace de déborder au Liban. Pour Uzi Rabi, directeur du centre de recherche Moshe-Dayan à l’université de Tel-Aviv, le rapprochement entre certains Etats arabes et Israël ne devrait cependant pas être remis en cause. Verbatim.
Le Moyen-Orient va changer en 2024
« Ce qui se passe à Gaza n’est pas seulement une partie jouée par Israël et le Hamas. La lutte actuelle porte aussi sur la nature du Moyen-Orient. Car deux axes s’affrontent : d’un côté, l’Iran et ses alliés, comme le Hamas, le Hezbollah et les Houthis et, de l’autre, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, l’Egypte et Israël. Au-dessus, on trouve la Russie et la Chine avec l’Iran, et les Etats-Unis avec les Etats arabes et Israël. C’est pourquoi les Américains sont si profondément impliqués et c’est pourquoi le président Joe Biden, lors de sa visite en Israël, a fait le lien entre l’Ukraine [NDLR : victime d’une invasion russe] et Gaza.
Le risque d’embrasement
La guerre du Hamas risque de déborder sur la région et de s’internationaliser. Les Américains tentent de prévenir cela en positionnant dans la zone des groupes aéronavals [NDLR : porte-avions et leurs escortes, capables de frappes massives]. Car en face, l’Iran et le Hezbollah possèdent des missiles à longue portée qu’ils peuvent utiliser contre Israël et disposent d’autres options avec leurs « proxies ». Ainsi des Houthis, au Yémen, qui ne sont pas si forts mais utilisent des armements de type iranien, comme des missiles et des drones, pour harceler les navires près du détroit de Bab-El-Mandeb. Or cela perturbe le transport maritime par la mer Rouge, une voie commerciale très importante pour les économies de la région, mais aussi pour la Chine, l’Europe et les Etats-Unis.
Les accords d’Abraham mis à l’épreuve
En 2024, je ne pense pas que les pays arabes qui ont normalisé leurs relations avec Israël, dans le cadre des accords d’Abraham (Emirats arabes unis, Maroc et Bahreïn) remettront en cause cela. D’abord, car c’est un accord fondé sur des bénéfices mutuels. Ensuite, parce que tous ces Etats détestent le Hamas et les Frères musulmans, et il est hors de question que de tels groupes prospèrent dans leurs pays. Une fois la guerre finie, on en reviendra à la normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite, notamment parce que c’est dans l’intérêt de la région et des Américains. ✸