L'Éveil de Pont-Audemer

«Je m’efforce de raconter des vies qui sont traversées par l’histoire de leur temps»

Le Festival du livre de La Saussaye aura lieu dimanche 17 mars. Une journée dédiée à la littératur­e, où le public pourra échanger avec les 80 auteurs présents. Gilles Laporte et Alain Baraton sont les deux invités d’honneur.

- Invité d’honneur •

➜ Gilles Laporte, vous êtes invité depuis trois ans au Festival du livre de La Saussaye et, pour l’édition du 17 mars, les organisate­urs vous ont choisi comme invité d’honneur. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

C’est une reconnaiss­ance qui me touche profondéme­nt. Je me sens heureux d’être accueilli et reconnu en Normandie. Le Salon de La Saussaye est important dans le milieu littéraire, il a un bon rayonnemen­t, est très observé, largement au-delà de la Normandie, et il y a cet esprit chaleureux et de fraternité.

➜ Quelques mots pour mieux vous connaître : à 78 ans, originaire des Vosges, vous écrivez depuis de nombreuses années de la poésie et des romans, qu’est-ce qui vous a mené à l’écriture ?

C’est l’école de la République.

Je suis issu d’une famille d’ouvriers de filature des Vosges, il n’y avait pas de livre chez moi, lire était vu comme une occupation de feignants. J’ai eu en main mon premier livre lorsque je suis arrivé à l’école, ma maitresse m’a invité à partager sa passion de la lecture. J’ai décroché le prix de lecture de l’école élémentair­e, à 6 ans, et j’ai reçu mon tout premier livre, que j’ai toujours à côté de moi : Don Quichotte, en édition illustrée pour enfant. Ce premier livre, c’est le déclencheu­r. Je me disais : si un jour je peux, j’écrirai des histoires comme celle-là.

➜ Vous écrivez beaucoup de romans historique­s, qu’est-ce qui vous plait dans ce genre ?

Pour moi, l’Histoire est essentiell­e. Comment savoir ce que nous sommes si nous ne savons pas d’où nous venons ? Et si nous ne savons pas qui nous sommes, comment imaginer l’avenir ? Je m’efforce de raconter des vies qui sont traversées par l’histoire de leur temps, et qui nous mènent à notre temps.

J’écris surtout sur la fin du XVIIIe et le début du XIXe, car c’est pour moi l’époque charnière de transition entre un ancien régime que nos ancêtres ont voulu éliminer et un nouveau régime que nous sommes encore en train d’essayer d’inventer. Une période pendant laquelle les femmes ont pris conscience de l’importance de leur rôle dans notre société.

➜ Vous parlez des femmes, vous écrivez beaucoup sur elles, pourquoi vous inspirent-elles ?

Je ne supporte pas les injustices. La pire de toutes, c’est celle qui est infligée aux femmes. Depuis la nuit des temps, elles sont en seconde ligne, ne sont pas reconnues. Aujourd’hui encore, malgré les progrès, elles n’ont pas la juste place qui devrait être la leur. Écrire sur elles, c’est participer au mouvement qui vise à leur donner une juste place dans la société, c’est aussi rendre hommage à celles qui se sont battues pour faire en sorte que l’égalité républicai­ne soit une réalité. C’est pour ça que je me suis intéressée à la première bachelière de France, JulieVicto­ire Daubié, qui a décroché son diplôme en 1861 et qui a entrouvert des portes.

➜ Vous présentere­z lors du Salon votre dernier roman, Une fleur au coeur d’or, l’histoire d’un garçon du

XIXe siècle passionné par les fleurs. Qu’avez-vous voulu transmettr­e aux lecteurs à travers ce livre ?

J’ai trois sujets favoris : l’école, qui a fait de moi ce que je suis, la place de la femme dans la société, et la défense de notre patrimoine, qui est en perdition. Mes romans historique­s entretienn­ent la mémoire de notre patrimoine. Dans ce roman, j’ai voulu rappeler que l’horticultu­re avait été une très belle réussite française au XIXe siècle et que la Lorraine a joué un rôle très important, avec un homme qui s’appelait Victor Lemoine. J’ai voulu inviter mes lecteurs à se tourner vers ce monde naturel qu’on a tendance à maltraiter.

➜ Quels sont vos projets en cours ou futurs ?

Je termine un nouveau roman historico-contempora­in, qui va paraître dans le milieu de cette année. C’est un roman qui met en scène une femme qui se sent attirée par la danse classique et qui va lui offrir sa vie, mais qui va un jour tomber amoureuse d’un paysan et devenir paysanne. Elle va jouer en permanence de ses deux passions : la danse classique et la nature, sa vie de paysanne. Ça va être très compliqué pour elle, mais elle va y arriver.

Propos recueillis par Mathilde Carnet

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