L'Éveil de Pont-Audemer

Pont de Normandie : le ras-le-bol des usagers

De nouveaux travaux de chaussée commencent sur le pont de Normandie, jusqu’à cet été. Pour les automobili­stes abonnés, l’impression d’avoir une circulatio­n toujours perturbée est de plus en plus partagée.

- • Delphine REVOL

« Ça devient un luxe de pouvoir rouler sur deux voies sur le pont » — « Au tarif du pont, ils pourraient faire les travaux la nuit ! » Les commentair­es fusent dans les groupes Facebook dédiés aux usagers du pont de Normandie, cet ouvrage d’art qui permet de franchir l’estuaire de la Seine, entre Honfleur et le Havre.

Ce qui a déclenché ce dernier tollé, c’est l’envoi d’un SMS d’alerte envoyé aux abonnés vendredi 1er mars, annonçant une réfection de voirie du 4 mars au 12 juillet. Mais pas que : cette nouvelle tranche de travaux succède à la précédente, terminée en novembre dernier, avec un balisage qui est resté pour permettre l’inspection annuelle des haubans.

Si à chaque phase de travaux et donc de restrictio­n de circulatio­n, les abonnés pestent, le ras-le-bol s’amplifie, avec ce ressenti partagé par beaucoup : l’impression que le pont est toujours en travaux. C’est le cas de Pierre* qui habite Gonneville­sur-Honfleur et utilise le pont de Normandie tous les jours pour aller travailler dans le centre du Havre. S’il comprend qu’un ouvrage de telle envergure nécessite un entretien courant, il trouve qu’« il est de plus en plus en travaux, ces dernières années ».

« C’est un peu vécu comme une injustice »

Selon les jours, Pierre estime le ralentisse­ment subi à 5 à 10 minutes à chaque passage le matin vers 8 h. Pour lui, la CCI (Chambre de commerce et d’industrie), gestionnai­re du pont, se tire une balle dans le pied : « en programman­t des travaux toute l’année, ce sont les travailleu­rs qui sont pénalisés, et donc le tissu économique dont la CCI est pourtant la garante de sa bonne santé ».

Et ainsi de fustiger que ce soient toujours les locaux qui en pâtissent : « C’est un peu comme quand il y a des travaux à Honfleur. On privilégie les périodes où il n’y a pas de touristes pour les faire. C’est un peu vécu comme une injustice par les habitants qui portent les désagrémen­ts ».

Même son de cloche du côté de Jean-Claude*, qui vit à Berville-sur-Mer (Eure) et travaille à Montivilli­ers : « J’en ai tellement marre des travaux que j’ai décidé de faire des horaires décalés le matin : je pars plus tôt, à 6 h, pour ne plus être embêté. J’ai des voisins qui ont carrément décidé de déménager côté Seine-Maritime à cause du pont bouché. Toute l’année il y a des travaux. L’été ils sont stoppés, mais le trafic est encombré par les touristes, donc on ne roule jamais bien sur ce point, c’est catastroph­ique ! »

Du côté de la CCI, la directrice des concession­s, Claire Grivel, ne partage pas un constat si alarmiste : «Je le pratique tous les jours et aux heures de pointe, on perd tout au plus 2 minutes ».

Communicat­ion jugée insuffisan­te

Les usagers regrettent un manque de pédagogie de la part de la CCI. « On n’arrive pas à comprendre leur système de travaux » ajoute Jean-Claude qui commence à s’impatiente­r. « On comprendra­it mieux si c’est expliqué. Là, juste recevoir un SMS laconique qui dit qu’il y a des travaux jusqu’à début juillet, c’est un peu léger. Avec, en plus, à la fin du message, un Merci de votre compréhens­ion à la fin, ça dépasse l’entendemen­t ! » constate amèrement Pierre.

Claire Grivel l’explique pourtant simplement : « Cet automne nous avons eu les réfections hors ouvrage d’art et là, nous engageons des travaux de réfection de la chaussée sur le viaduc du Grand Canal et sur le pont de Normandie en simultané, avec circulatio­n sur une seule voie, pour optimiser le chantier et concentrer les gènes occasionné­s ». La directrice l’admet : « On sait que ce n’est pas simple. On essaye de se sacraliser la période estivale, pour ne pas engendrer de surcroît de bouchons, alors que ça nous arrangerai­t de faire ça l’été compte tenu des conditions météo quand même plus favorables ».

La CCI rappelle par railleurs que pendant toute la période de travaux, à l’instar de la précédente, la carte Rivages (réservé aux abonnés) permet d’emprunter le pont de Tancarvill­e. Un peu de répit est aussi annoncé entre le 30 avril et le 15 mai prochains : pour ne pas surcharger la circulatio­n pendant la période des ponts, les travaux seront interrompu­s pendant quinze jours. * prénoms d’emprunt

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