Liquidations d’entreprises : «nous sommes loin du tsunami annoncé», affirme Philippe Bataille
66. Tel est le nombre de liquidations judiciaires prononcées par le tribunal de commerce de Bernay en 2023. À ces 66 liquidations, il convient d’ajouter 13 redressements judiciaires, 6 sauvegardes pour obtenir le nombre de procédures collectives (85) enregistrées l’an passé par le tribunal de commerce de Bernay. C’est plus que l’an passé (71), mais équivalent à 2019, année de référence dans la mesure où c’était la dernière « avant Covid ».
Une certaine tension
Tous ces chiffres ont été révélés par le président Philippe Bataille lors de l’audience de rentrée du 19 février dernier. Accompagnés du commentaire suivant : «ces chiffres décrivent une certaine tension dans l’économie locale après les années Covid, la fin du “quoi qu’il en coûte” et le remboursement des PGE [Prêts garantis par l’État], mais nous sommes loin du tsunami annoncé, le tribunal retrouve le niveau de son activité de 2019, qui était la plus calme de la décennie précédente. » C’était le président Bataille luimême qui avait annoncé un possible tsunami… l’année dernière à la même époque.
« Le rythme normal de renouvellement des entreprises pour ce ressort est de 80 défaillances annuelles», a également estimé Philippe Bataille. Elles sont dues selon lui « soit à une mauvaise gestion intentionnelle ou pas, soit à de l’incompétence, soit aux aléas de la vie, soit aux conséquences des grandes mutations du commerce et de l’industrie. » La « mauvaise gestion intentionnelle » reste marginale, mais elle existe ; pour preuve, 3 sanctions d’interdiction de gérer ont été prononcées en 2023 contre 1 en 2022.
Philippe Bataille se réjouit par contre que « de plus en plus de chefs d’entreprise viennent nous voir dès qu’ils perçoivent les premières difficultés. »
Cette démarche préventive est essentielle. Elle peut permettre de mettre en place une renégociation des dettes «en toute confidentialité et à un coût raisonnable ».
La méthode permet d’obtenir certains succès. « De plus, des synergies se sont mises en place, et continuent de se mettre en place, entre les services de l’État, les organisations professionnelles, les associations et les tribunaux de commerce pour secourir les entreprises en difficulté, tant qu’elles ne sont pas en état de cessation des paiements », relève le président du tribunal de commerce de Bernay. Une permanence est tenue tous les mardis au greffe du Tribunal de Bernay, en toute discrétion, pour recevoir des chefs d’entreprise désireux de faire part de leurs difficultés.
❝ De plus en plus de chefs d’entreprise viennent nous voir dès qu’ils perçoivent les premières difficultés PHILIPPE BATAILLE, président du tribunal de commerce