L'Echo le Regional

GARGES-LÈS-GONESSE Condamné à 22 ans de prison pour avoir tué son ami d’une balle en pleine tête

Jeudi 28 mars, la cour d’assises de Pontoise a condamné Bilel S. pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner, avec usage d’une arme et en état de récidive légale, après la mort d’Alassane, 21 ans, en octobre 2020.

- • Thomas HOFFMANN

D’une voix faible, parfois presque inaudible, obligeant la présidente de la cour d’assises de Pontoise, Magali Tabareau, à lui demander de se répéter, Bilel S. revient sur cette nuit du 16 au 17 octobre 2020 au cours de laquelle il avait tué Alassane, 21 ans, d’une balle en pleine tête à Garges-lès-Gonesse. « Un très bon ami, toujours là pour rendre service », « on se connaissai­t depuis petit, on était proches », confie l’accusé de 26 ans avant de revenir sur ce tir mortel. « Un accident », assure-t-il en réponse à une question de la présidente, avant de lâcher : « J’ai tiré sans vouloir tirer. »

Des propos qui n’auront pas totalement convaincu les jurés de la cour d’assises. Au terme de trois jours d’audience, Bilel a été condamné à 22 ans de réclusion criminelle, jeudi 28 mars. La cour d’assises du Vald’Oise ayant toutefois requalifié les faits de meurtre en violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner, avec usage d’une arme et en état de récidive légale.

Ce soir-là, le jeune homme s’était rendu dans un bar à chicha. « C’était la dernière soirée avant le confinemen­t, ce devait être une grosse soirée », souligne-t-il après s’être confié sur son addiction à la drogue et l’alcool. « Deux à trois flashs de vodka ou de whisky par jour, et quinze à vingt joints, minimum. » Voilà sa consommati­on quotidienn­e, la journée ayant précédé le drame n’ayant pas dérogé à la règle.

Deux à trois flashs d’alcool et quinze joints par jour

Particuliè­rement chargé, l’accusé est aussi armé lorsqu’il prend la direction de l’établissem­ent du quartier de la Muette. « J’y vais avec une arme, car inconsciem­ment je voulais jouer un rôle, faire le voyou. Cela m’a donné le sentiment qu’il ne pouvait rien m’arriver. » Dans le bar, il continue à consommer de l’alcool et du cannabis. Une consommati­on excessive derrière laquelle il se sera toujours caché depuis son interpella­tion cinq jours après le drame. « Tout était flou. C’était le trou noir. J’avais cru faire un mauvais rêve. Les souvenirs revenaient comme des flashs », raconte l’accusé revenant sur son manque d’explicatio­ns lors de ses auditions devant les enquêteurs.

Près de quatre ans plus tard, les souvenirs sur le déroulemen­t de la soirée ne sont pas plus nets. Bilel ayant eu un différend dans le bar à chicha avec un autre client, les deux hommes étant séparés par Alassane, il assure ne plus se souvenir pourquoi. « Il n’y a pas eu de bagarre, ce n’était que des mots », précise l’accusé. Ramené chez lui, il revient un peu plus tard dans le bar à chicha, « parce que j’avais encore envie de boire ». Un nouveau différent éclate avec le même client, à l’extérieur de l’établissem­ent cette fois-ci. Là encore, Alassane intervient. « Il était venu pour calmer les choses », reconnaît Bilel.

Pourtant, quelques instants plus tard, il pointe son arme sur son « ami », sur le parking situé derrière le supermarch­é Cora. La scène se joue en 41 secondes. Alassane tente de le raisonner, lui assure qu’il ne lui fera rien, tout en s’avançant vers lui. Bilel menace de « le fumer ». Un premier coup de feu est tiré en direction du sol, puis un deuxième. « Le coup est parti tout seul. C’est un accident, j’ai paniqué », a-t-il répété devant la cour d’assises.

❝ « Le coup est parti tout seul. C’est un accident, j’ai paniqué » BILEL S., L’ACCUSÉ

Alassane meurt sur le coup. « Je n’ai jamais voulu ça », lance l’accusé. « Je voulais le faire reculer. Jamais je ne ferais du mal comme ça et surtout pas à Alassane », poursuit-il, revenant sur leur relation qui pouvait parfois menée à des disputes. « On se prenait la tête avec des mots, mais le lendemain, c’était terminé, on se prenait dans les bras. Je l’appréciais beaucoup. »

Une nouvelle fois, Bilel se réfugie derrière ses problèmes d’alcool. « Si je n’avais pas été ivre, jamais ça ne serait arrivé[...] Ce n’était pas moi. » « C’est vous qui avez bu, fumé, qui avez une arme et qui l’avez actionnée. Il faut arrêter de vous cacher derrière l’alcool et le cannabis », le reprend la présidente de la cour d’assises. La magistrate revient également sur les propos tenus par l’accusé juste après les faits auprès d’un ami chez qui il s’était réfugié. « Vous lui racontez que vous avez fait ‘’une dinguerie’’. Que vous avez tiré sur quelqu’un. Vous ne dîtes pas que le coup est parti tout seul », avant de poursuivre : « La famille d’Alassane ne cherche pas des excuses, elle cherche à comprendre. » Ses parents et ses proches n’obtiendron­t toutefois aucune explicatio­n de la part de l’accusé.

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