Anak Verhoeven et Janja Garnbret n’ont pas à être fières !
Les démonstrations de puissance auxquelles se sont respectivement livrées Janja Garnbret et Anak Verhoeven sont certes impressionnantes, bluffantes mêmes, mais elles sont aussi symptomatiques d’un haut niveau féminin qui n’est sur le rocher pas du tout là où il devrait être. Alors que Janja Garnbret s’est payé le luxe de réussir un 8C bloc confirmé et réputé difficile – Bügeleisen sit à Maltatal – en 30 minutes puis de le grimper une deuxième fois d’affilée pour la vidéo, Anak Verhoeven a de son côté enchaîné deux fois la Planta de Shiva (9b) en Andalousie; une première avec genouillères, une seconde sans. Cela ne montre qu’une chose: Janja et Anak ont performé en bloc et en falaise au plus haut de ce que font les femmes sur le caillou, mais avec de la marge, sans être au maximum de leurs capacités.
Autrement dit, si les hommes en sont au 9c et au 9A bloc tandis que les femmes en sont au 9b et au 8C, ce n’est pas, comme beaucoup le pensent, parce qu’elles n’ont pas les mêmes qualités, mais parce qu’elles ne sont pas aussi investies. Pour les premiers 9A et 9c masculins, des années entières de dévotion à une quête unique ont été nécessaires, alors que les meilleures performances féminines se sont faites en quelques séances à peine. Tous les indicateurs montrent que les femmes pourraient évoluer à des niveaux similaires en poussant le curseur de leur niveau d’implication dans la quête de l’extrême en milieu naturel; ces prouesses hallucinantes de Janja et Anak n’en sont qu’un signal supplémentaire. Il y a de grandes choses à faire, des horizons à ouvrir, des destins à embrasser.