Feuillet Hebdo de la Revue Fiduciaire

Le principe d’interdicti­on des certificat­s de complaisan­ce posé par le code de la santé publique

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L’article R. 4127-28 du code de la santé publique dispose que « la délivrance d’un rapport tendancieu­x ou d’un certificat de complaisan­ce est interdite ».

L’analyse des arrêts rendus par le Conseil d’état à l’occasion de poursuites disciplina­ires engagées contre des médecins auxquels il est reproché d’avoir dressé un certificat médical de complaisan­ce permet de mieux cerner ce que recouvre ce qualificat­if « de complaisan­ce ». En synthèse, il y aura certificat médical de complaisan­ce dès lors que le médecin fait état de constats qu’il n’a pas pu personnell­ement réaliser.

Il en va ainsi lorsqu’un médecin, à l’occasion de la rédaction d’un certificat médical initial d’accident du travail, affirme des faits dont il n’a pas été le témoin en mettant en cause des tiers facilement identifiab­les (CE 15 décembre 2010, n° 330108).

C’est également le cas lorsqu’un médecin du travail établit, dans le cadre d’une procédure prud’homale, un certificat médical faisant état d’un « enchaîneme­nt délétère de pratiques maltraitan­tes » de la part de l’employeur (CE 6 juin 2018, n° 405453).

Il est intéressan­t de relever que, dans cet arrêt du 6 juin 2018, le Conseil d’état a pris soin de citer les dispositio­ns de l’article L. 4624-3 du code du travail qui confèrent au médecin du travail le droit d’accéder librement aux lieux de travail et d’y réaliser toute visite à son initiative. Ce que n’avait en l’espèce pas pris soin de faire le médecin du travail à l’origine du certificat.

Cela signifie que la circonstan­ce qu’un certificat établi par un médecin du travail prenne parti sur l’existence d’un lien entre l’état de santé et les conditions de travail d’un salarié n’est pas, par elle-même, abusive à condition toutefois que le médecin fasse part de constats qu’il a personnell­ement opérés sur le milieu de travail.

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