L'UE doit donner la priorité à l'élargissement, affirme le prochain commissaire lituanien
L'UE devrait donner la priorité à l'ex‐ pansion au cours des cinq prochaines années, en permettant si nécessaire à l'Ukraine de rejoindre l'Union par étapes, avance le prochain commis‐ saire européen de la Lituanie à Euro‐ news.
Dans ses remarques, Andrius Ku‐ bilius, qui a été deux fois Premier mi‐ nistre de la Lituanie, souligne les ar‐ guments géopolitiques en faveur d'un retour à l'état d'esprit du début des années 2000, quand dix nouveaux pays ont rejoint l'Union simultané‐ ment.
Citant l'expérience de son pays, frontalier avec la Russie, en matière de sécurité, Andrius Kubilius déclare qu'il "vise un portefeuille lié à l'élar‐ gissement ou à la défense", suggérant qu'il pourrait lui-même mener les né‐ gociations d'adhésion avec des pays tels que l'Ukraine et la Serbie.
Formation du nouvel exécutif de l'Union européenne
Ces commentaires interviennent à un moment clé de la formation de l'exé‐ cutif qui gouvernera l'UE au cours des cinq prochaines années et qui com‐ prendra un haut fonctionnaire de chacun des 27 États membres de l'Union.
Une fois que la liste des candidats sera connue - ce qui devrait être le cas dans le courant de la semaine -, la présidente de la Commission euro‐ péenne devra assigner un portefeuille à chacun d'entre eux.
Ursula von der Leyen a déjà pro‐ mis un nouveau rôle de commissaire à la Défense, afin de soutenir l'indus‐ trie européenne face à la menace russe.
Mais avec des pays tels que l'Ukraine, la Moldavie et la Serbie qui attendent de rejoindre l'UE, elle pour‐ rait également faire de l'élargisse‐ ment de l'Union un élément central de son second mandat, tout comme la politique de changement clima‐ tique l'a été pour son premier man‐ dat, déclare Andrius Kubilius.
Une adhésion progressive pour l'Ukraine ?
"L'élargissement peut être ce nou‐ veau projet phare", avance l'eurodé‐ puté lituanien, citant la nécessité d'"influencer la vie de l'Union euro‐ péenne pour les 50 années à venir".
Les États baltes qui ont adhéré en 2004 ont l'expérience nécessaire, es‐ time-t-il. Andrius Kubilius était Pre‐ mier ministre lorsque la Lituanie a en‐ tamé ses propres négociations d'adhésion à Bruxelles en 2000 et es‐ time que l'UE doit revenir à l'état d'esprit d'ouverture qui était le sien à l'époque.
En 2014, l'année suivant l'adhé‐ sion de la Croatie, le prédécesseur d'Ursula von der Leyen, Jean-Claude Juncker, a déclaré qu'il n'y aurait plus de nouveaux membres au cours de son mandat de cinq ans, et les pro‐ cessus d'adhésion ont ralenti par la suite.
La situation géopolitique a depuis changé la donne : Bruxelles, désireuse de montrer son soutien politique à la suite de l'invasion russe de 2022, a of‐ ficiellement entamé des pourparlers avec Kyiv en juin.
Andrius Kubilius suggère que l'adhésion de l'Ukraine à l'UE pourrait se faire de manière progressive.
"Le pays pourrait entrer dans le marché unique, avant de passer aux étapes suivantes, ce qu'on appelle l'intégration progressive", avance-t-il. "Kyiv doit réaliser toutes ses réformes et nous devons l'aider à les mettre en
Problèmesavec la Chine
En 2021, la Chine a limité les importa‐ tions en provenance de Lituanie dans le cadre d'une querelle diplomatique sur le statut de Taïwan, que Pékin considère comme faisant partie de son territoire. Andrius Kubilius estime que l'UE doit "tirer les leçons" de cet incident.
"Si vous avez des relations écono‐ miques avec un pays non démocra‐ tique - c'est le cas de la Russie et du Bélarus - nous devrions être prêts à faire face à tout type de problèmes comme nous l'avons vu dans nos échanges avec la Chine", déclare-t-il.
L'embargo chinois de 2021 a donné lieu à une plainte auprès de l'Organisation mondiale du com‐ merce et à de nouvelles mesures de l'UE visant à empêcher les pays étran‐ gers d'exercer une pression politique par le biais de mesures commerciales.
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Andrius Kubilius, Premier ministre de la Lituanie de 1999 à 2000 et de 2008 à 2012, s'est montré ouverte‐ ment hostile à la Russie lorsqu'il était député européen au sein du Parti po‐ pulaire européen (PPE) de centredroit.
Il a accusé Moscou de soutenir le terrorisme et a appelé à la saisie de centaines de milliards d'actifs de l'État russe présents en Europe.
Un choix inattendu pour le poste de commissaire
Andrius Kubilius ne s'attendait pas à être nommé commissaire européen.
Le ministre des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis avait été lar‐ gement pressenti pour le poste, jus‐ qu'à ce qu'il devienne évident que le président Gitanas Nausėda oppose‐ rait son veto à sa candidature.
Andrius Kubilius a déclaré avoir reçu l'appel du Premier ministre alors qu'il faisait du vélo dans le nord de l'Estonie - un voyage qui a dû être brusquement interrompu.
Bien qu'il ait ses propres préfé‐ rences en matière de portefeuilles, la décision finale revient à Ursula von der Leyen.
La parité mal engagée au sein de la Commission européenne
La Lituanie, comme tous les autres États membres de l'UE, a ignoré la de‐ mande d'Ursula von der Leyen de proposer deux candidats - un homme et une femme - pour chaque poste de commissaire, ce qu'Andrius Kubilius attribue à la complexité des procé‐ dures nationales.
"Pour nous, désigner un seul can‐ didat est un véritable défi", expliquet-il. "En désigner deux, c'est presque irréalisable".
Il espère que les députés euro‐ péens regarderont au-delà du genre et des compétences, même s'il recon‐ naît que le résultat est incertain.
"L'équilibre entre les sexes est très important, mais il faut aussi tenir compte de l'expérience et des antécé‐ dents", conclut-il.