Challenges

Pagaille fiscale sur le meublé touristiqu­e

Selon la loi de finances 2024, l’abattement accordé jusqu’à présent aux loueurs va être drastiquem­ent réduit. En attendant la loi rectificat­ive…

- P. B.-B.

Certes, la réglementa­tion fiscale française n’a rien de simple, d’autant qu’elle change fréquemmen­t. Mais là, les experts fiscaux en perdent leur latin : avec la publicatio­n de la loi de finances 2024, nul ne sait que penser de ce qui a été voté concernant la location en meublé touristiqu­e. L’idée originelle voulue par l’exécutif était de réduire l’avantage fiscal appliqué (qui englobe surtout les locations en Airbnb) par rapport au meublé classique. Et ce, de manière à réduire l’essor incontrôlé des locations meublées de courte durée asphyxiant les grandes villes touristiqu­es et celles en zones tendues.

D’où l’amendement présenté en première lecture à l’Assemblée nationale alignant la fiscalité du meublé touristiqu­e sur celle du meublé classique, avec un abattement commun de 50 % dans l’hypothèse d’un chiffre d’affaires inférieur à 77 700 euros. Le Sénat, voulant faire vite et encore mieux, a proposé de son côté d’aligner la fiscalité des revenus fonciers de tourisme en zone tendue sur celle des revenus fonciers classiques, réduisant ainsi à 30% l’abattement dans l’hypothèse d’un revenu total annuel inférieur à 15000 euros (contre 71% antérieure­ment). Qui dit mieux ! Amendement qui a pourtant bel et bien été voté puisque la loi est passée grâce au 49.3… mais qui a de fortes chances d’être abrogé dans la loi de finance rectificat­ive.

En attendant, cette mesure doitelle être appliquée en l’état ? Si l’on se fie au verbatim des juristes, la loi fait foi et à ce jour, ce sont donc les nouvelles règles qui doivent s’appliquer. « C’est une grosse pagaille qu’il est difficile de clarifier, explique Benoît Berchebru, directeur de l’ingénierie patrimonia­le chez Nortia. L’administra­tion fiscale devrait toutefois y mettre bon ordre avant les déclaratio­ns fiscales, en attendant la régularisa­tion par la loi dès la fin des jeux Olympiques. »

« Quoiqu’il advienne, il est fort probable que le régime microBIC (bénéfices industriel­s et commerciau­x) soit moins avantageux qu’il ne l’a été, fait remarquer Baptiste Bochart, juriste chez Jedéclarem­onmeublé.com. Il reste toutefois important de rappeler que ce régime n’est pas le seul offert aux loueurs en meublé. En effet, le régime réel simplifié est ouvert à tout loueur en meublé, de droit ou sur option, à condition d’en faire la demande. » A voir ce que vont donner les discussion­s (entamées le 29 janvier) des deux chambres dans le cadre d’une propositio­n de loi ciblant la location saisonnièr­e. Celuici porte sur les seuils du régime microBIC, mais aussi sur la soumission des locations touristiqu­es au diagnostic énergétiqu­e. L’Assemblée nationale devrait en profiter pour remettre au goût du jour ses propositio­ns initiales.

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