Des espions chinois infiltrent l’île
L’organigramme complet et les numéros de téléphone des membres de l’équipe chargée de la sécurité de la présidente Tsai Ing-wen entre les mains du renseignement chinois. Voilà le coup de maître réussi par les espions de Pékin qui ont retourné, en 2018, deux agents de la garde présidentielle. Finalement condamnés par la justice taïwanaise, en 2021, les deux hommes ont montré à quel point l’île rebelle était perméable aux assauts du Parti communiste chinois (PCC). D’après un décompte de Reuters, en dix ans, plus d’une trentaine d’officiers taïwanais ont été reconnus coupables d’espionnage au profit de la Chine ou font l’objet actuellement de poursuites judiciaires. C’est notamment le cas de
« Hsieh », lieutenant-colonel de l’aviation taïwanaise qui sera jugé en 2024 pour avoir reçu 15 millions de dollars de la part du PCC pour faire atterrir un hélicoptère de l’armée locale sur un porteavions chinois. « La principale faille de Taïwan est cette pénétration chinoise dont elle fait l’objet, observe le sinologue Paul Charon, directeur du domaine Renseignement, anticipation et menaces hybrides à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (Irsem). Pékin a implanté dans l’île des cellules dormantes via le Guoanbu [renseignement extérieur chinois], le Front Uni [organe d’influence du PCC] ou les associations de pêcheurs et les organisations bouddhistes. En cas d’invasion, elles seraient mobilisées, par exemple pour du sabotage ou des assassinats ciblés. » Face à cette menace, le Bureau d’enquête du ministère de la Justice, la principale agence de renseignement de Taïwan, a vu ses moyens grimper en flèche ces cinq dernières années.