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Carmant veut « du bon voisinage » dès la semaine prochaine à la Maison Benoît-Labre

- Anne Marie Lecomte

Le ministre responsabl­e des Services sociaux au Québec, Lionel Carmant, implante des mesures pour diminuer l'achalandag­e à la Maison Benoît-Labre et cal‐ mer, dès la semaine pro‐ chaine, ce secteur du quar‐ tier Saint-Henri.

Mon rôle n'est pas de faire disparaîtr­e les itinérants, mais de m'en occuper, a dé‐ claré mercredi le ministre Carmant en entrevue à Tout un matin, sur ICI Première, au sujet de l'avenir de cer‐ tains des services offerts par la Maison Benoît-Labre, si‐ tuée à 80 mètres d'une école primaire.

Correctif

Cet article a été modifié le 23 août 2024 pour préciser que 350 à 400 repas quoti‐ diens sont servis au Centre de jour de la maison BenoîtLabr­e.

Ces derniers mois, l'acha‐ landage autour de cette res‐ source a donné lieu à des in‐ civilités qui ont mis à rude épreuve la patience et le sen‐ timent de sécurité des rési‐ dents de Saint-Henri. D'où le plan de match préconisé par le ministre pour ramener l'ordre.

Je m'attends à voir une améliorati­on dès la rentrée scolaire.

Lionel Carmant, ministre responsabl­e des Services so‐ ciaux au Québec

Un plan de match qui, aux dires du ministre, avait été accepté par la directrice gé‐ nérale de la Maison BenoîtLabr­e, Andréane Désilets, et conçu en collaborat­ion avec les acteurs du milieu, comme le Centre intégré universi‐ taire de santé et de services sociaux (CIUSSS) et la Ville de Montréal.

On s'attend à ce qu'ils [la Maison Benoît-Labre] conti‐ nuent à collaborer, a dit Lio‐ nel Carmant.

Mais depuis que la Ville de Montréal a annoncé, lundi soir, qu'elle avait demandé à Québec de déplacer le centre de jour de l'organisme, la di‐ rection de ce dernier n'a pu‐ blié qu'une déclaratio­n dans laquelle elle réclame la pleine coopératio­n de tous [ses] partenaire­s.

Dans les derniers mois, nous avons mis plusieurs mesures en place pour limi‐ ter les effets sur le voisinage, écrit aussi cette ressource, fondée en 1952 pour aider les plus vulnérable­s.

Des besoins essentiels comblés ailleurs

Des mesures qui se sont avérées insuffisan­tes, ce qui force Québec à délester la Maison Benoît-Labre d'une partie de ses responsabi­lités. Par exemple, une centaine des repas qu'elle servait au quotidien seront, à l'avenir, offerts par la Mission Bon Ac‐ cueil.

Pour ceux qui veulent prendre leur douche, égale‐ ment, il y a encore beaucoup trop d'affluence, on va vou‐ loir déplacer ces activités ailleurs, a aussi expliqué le ministre Carmant.

L'allègement des services se fera de façon progressiv­e, a expliqué Lionel Carmant : des agents d'interventi­on vont être présents sur place dès la semaine prochaine pour gérer cette cohabita‐ tion-là.

Ouverte jour et nuit et à l'année, la Maison BenoîtLabr­e a aussi, en parallèle à son centre de jour, un service de consommati­on supervisé (SCS) fréquenté chaque jour par une dizaine de per‐ sonnes. Le ministre Carmant souhaite que les agents d'in‐ tervention dirigent, à l'inté‐ rieur du SCS, les personnes qui consomment des drogues à l'extérieur.

Le volet hébergemen­t de la Maison Benoît-Labre (36 logements transitoir­es) n'est pas visé par les mesures d'al‐ lègement.

Pas question de pendre le financemen­t sus‐

Mercredi, le ministre Car‐ mant a exclu de priver la Mai‐ son Benoît-Labre de finance‐ ment. C'est sûr qu'on peut al‐ ler là, mais ce n'est pas la so‐ lution que je veux prioriser, a-t-il souligné.

Il exclut également pour le moment la possibilit­é d'imi‐ ter l'Ontario en adoptant une réglementa­tion interdisan­t des centres de consomma‐ tion et de traitement à moins de 200 mètres des écoles et des garderies. Cette mesure, annoncée mardi par la mi‐ nistre ontarienne de la Santé, Sylvia Jones, entraînera la fer‐ meture de 10 établisse‐ ments.

La mairesse de Toronto, Olivia Chow, et des interve‐ nants sociaux craignent les répercussi­ons de ces ferme‐ tures.

Selon la porte-parole de Mme Chow, Arianne Robin‐ son, la mairesse a peur que la disparitio­n des services ait des conséquenc­es graves, comme l’augmentati­on des surdoses mortelles, une pression accrue sur les pre‐ miers intervenan­ts et le per‐ sonnel des salles d’urgence et plus de consommati­on de drogue en public.

Évaluer les projets au cas par cas

Mais en ce qui a trait aux services destinés aux per‐ sonnes itinérante­s et à celles qui sont toxicomane­s, Qué‐ bec veut jouer de prudence à l'avenir.

Nous, on travaille avec la santé publique; pour le mo‐ ment, on est dans l'évalua‐ tion au cas par cas de chacun des sites qui vont ouvrir dans le futur.

Lionel Carmant, ministre responsabl­e des Services so‐ ciaux au Québec

M. Carmant reconnaît que les difficulté­s entourant la Maison Benoît-Labre jettent une ombre sur tous les pro‐ jets en itinérance et en consommati­on supervisée.

Il ajoute que, depuis la pandémie de COVID-19, le gouverneme­nt du Québec est parvenu à loger plus de 1000 itinérants dans diffé‐ rents quartiers de Montréal.

Ça peut bien se passer. C'est important de travailler tout le monde ensemble pour favoriser la cohabita‐ tion.

Lionel Carmant, ministre responsabl­e des Services so‐ ciaux au Québec

Le ministre responsabl­e des Services sociaux affirme qu'il s'implique désormais dès le départ dans les projets pour s'assurer que ça se passe bien, beaucoup plus tôt avant l'ouverture.

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