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Pénurie de main-d’oeuvre « inquiétant­e » dans les CPE

- Alexandre Painchaud Exode des éducatrice­s

Le manque d'éducatrice­s inquiète plusieurs Centres de la petite enfance (CPE) au Québec. En plus de cau‐ ser de l’épuisement au sein des effectifs, le manque de ressources donne des maux de tête aux parents qui font face à des inter‐ ruptions de service. Plu‐ sieurs d'entre eux se disent aussi inquiets de la qualité des services offerts.

Le CPE Bois Joli à Lévis ressent les contrecoup­s de cette pénurie. Sa directrice générale Claudine Newton avoue que le recrutemen­t de personnel est un défi de taille depuis plusieurs an‐ nées.

Ses locaux lui permet‐ traient d’accueillir 175 en‐ fants. Faute de personnel, le CPE n'en accueille actuelle‐ ment qu'une centaine.

Afin de pourvoir les postes vacants, le CPE Bois Joli n'a pas d'autre choix que de se tourner vers une maind'oeuvre non qualifiée.

Les critères de sélection doivent être amenés à la baisse, parce qu'on a plus le loisir d'engager de la maind'oeuvre qualifiée, indique Claudine Newton.

Il s’agit selon Élise Paradis, directrice générale du Re‐ groupement des CPE de Qué‐ bec et Chaudière-Appa‐ laches, d'une stratégie de plus en plus courante pour les CPE de la région.

Il y a quatre ans, on était à 100 % qualifié. On n'est plus du tout là. [...] C’est sûr qu’on ne prend pas n’importe qui, mais la qualificat­ion ce n’est pas là pour rien, c’est gage de qualité.

Élise Paradis, directrice générale du Regroupeme­nt des CPE de Québec et Chau‐ dière-Appalaches

Pour les éducatrice­s d’ex‐ périence, l’ajout de ces édu‐ catrices non qualifiées repré‐ sente parfois un fardeau puisqu'elles doivent souvent les accompagne­r et les for‐ mer, en plus d'accomplir leurs tâches habituelle­s.

Les CPE demandent ainsi des accommodem­ents aux employés comme d'écourter leur pause ou d’allonger leur quart de travail d’une heure ou deux.

Ce sont des solutions à court terme dont le risque est d'épuiser nos équipes de travail, précise Caroline New‐

ton.

Diminution de la qualité des services

En mai dernier, la vérifica‐ trice générale, Guylaine Le‐ clerc, a déposé un rapport dépeignant une réalité peu reluisante.

Selon ce rapport, plus de 20 % des centres de la petite enfance (CPE) évalués n'of‐ fraient pas des services édu‐ catifs de qualité en 20222023.

En 2019-2020, ce taux d'échec était en deçà de 8 %. C'est très inquiétant, affirme Marylin Dion, directrice géné‐ rale de l'organisme Ma place au travail.

On parle d'une population vulnérable. Nos tout-petits ne peuvent pas nécessaire‐ ment nous dire ce qui se passe dans le milieu de garde. [...] C'est la prunelle de nos yeux, c’est la prunelle de notre société, donc il faut qu'on en prenne soin.

Comme plusieurs parents, Marylin Dion a dû sacrifier sa carrière pendant plusieurs années, le temps d'obtenir une place en garderie pour ses enfants.

De savoir qu'on doit aban‐ donner notre travail, tout ce que ça implique pour nos fi‐ nances familiales, pour notre développem­ent personnel. La détresse, le stress, la co‐ lère, l'impuissanc­e... ce sont des mots qu'on entend quoti‐ diennement.

Marylin Dion, directrice générale de l'organisme Ma place au travail

En date du 30 juin 2024, 33 172 enfants étaient tou‐ jours en attente d’une place en services de garde éduca‐

tifs à l'enfance (SGEE).

Élise Paradis constate que la pénurie de main-d'oeuvre fait rage depuis plusieurs an‐ nées. Elle attribue le phéno‐ mène notamment à un exode des éducatrice­s.

On s'arrache les res‐ sources avec le réseau sco‐ laire et le réseau de la santé, remarque-t-elle.

Selon Claudine Newton, c'est l'épuisement des éduca‐ trices qui les amène à quitter vers d'autres domaines.

Or, le départ des éduca‐ trices empire la pénurie de main-d'oeuvre, ce qui ne fait qu'augmenter l'épuisement des effectifs.

Élise Paradis estime que de meilleures conditions sa‐ lariales pourraient contribuer à renverser ce cercle vicieux. Au-delà de la question sala‐ riale, elle espère une meilleure valorisati­on du mé‐ tier d'éducatrice.

Si les gens sentent que c'est un emploi important et valorisé, on a probableme­nt plus de chances d'attirer des jeunes, conclut-elle.

Malgré les nombreuses mesures mises en place par le gouverneme­nt Legault de‐ puis 2021, ce dernier accuse toujours un retard par rap‐ port à son objectif d’ajouter 18 000 éducatrice­s d’ici 2026.

À ce jour, le gouverne‐ ment compte un ajout net de 3686 éducatrice­s à la petite enfance, soit environ 20 % de l’objectif.

Avec la collaborat­ion de Marie-Pier Mercier

personnes d’Allemagne dans les années 1960, explique-t-il. Ses premiers propriétai­res voulaient créer une espèce d’éco-village, ou de site d’éco‐ tourisme.

Avec la nouvelle généra‐ tion de propriétai­res, il n’y avait plus vraiment cette connexion à la propriété, alors ils cherchaien­t à s’en départir.

Un programme de conser‐ vation du patrimoine naturel du gouverneme­nt fédéral a fourni 1,4 million de dollars au projet et le groupe alle‐ mand a fait don de plus de 20 % de la valeur de la pro‐ priété.

Un paysage qui travaille

Comme son nom le sug‐ gère, le Lake Ranch sert de pâturage à des éleveurs de‐ puis plus d’une centaine d’an‐ nées. Une petite cour sur la propriété abrite encore deux vieilles granges, désormais hors d’usage. Des barrières de bois décoloré par les ans et rongé par le lichen orange segmentent les pâturages.

Nous travaillon­s avec cinq producteur­s locaux, les vaches paissent sur la majo‐ rité de la propriété. Cette an‐ née, je crois que nous avons à peu près 450 têtes de bétail sur la propriété, note Tim Teetaert, ajoutant que c'est un paysage qui travaille.

Il rappelle que les prairies dépendent de la perturba‐ tion : Avant la colonisati­on, ce secteur aurait connu de grands troupeaux de bisons et de wapitis, ainsi que des feux périodique­s, ce qui garde la prairie ouverte. Puisque nous n’avons pas de bisons disponible­s, nous tra‐ vaillons avec les producteur­s du coin, poursuit-il.

L’avancée de trembles constitue particuliè­rement une menace pour la prairie à herbes hautes du Lake Ranch. Nos plans pour la pro‐ priété sont de continuer le pâturage ainsi que la mise en place de feux dirigés pour re‐ pousser cette forêt, note Tim Teetaert.

Bob Lowe, un éleveur membre du conseil d’admi‐ nistration de l'Associatio­n ca‐ nadienne des bovins et pré‐ sident de la Table ronde mondiale sur le boeuf du‐ rable, souligne que la plupart des prairies intactes au Ca‐ nada appartienn­ent à des éleveurs de boeufs.

Elles sont utilisées pour le pâturage du bétail, c’est la raison pour laquelle elles n’ont pas été cassées et transformé­es en terres culti‐ vées, souligne-t-il. Ces terres sont cependant gravement menacées.

La raison pour laquelle nous avons toujours des prairies, c’est que nous avons une industrie bovine.

Bob Lowe, président de la Table ronde mondiale sur le boeuf durable

Les producteur­s de boeuf gagnent, comparativ­ement, beaucoup moins d’argent que les producteur­s de grain, fait remarquer l’éleveur. Une raison importante, c’est que nous ne sommes pas payés pour ce que nous produisons vraiment. Il y a de la re‐ cherche sortant des ÉtatsUnis selon laquelle le bétail représente seulement envi‐ ron 40 % de la valeur d’un ranch pour la société, af‐ firme-t-il.

En conservant des prai‐ ries, les éleveurs contribuen­t à la préservati­on de la biodi‐ versité de la faune et de la flore et à la gestion de l’eau en cas de sécheresse ou d’inondation, selon l’éleveur. Les prairies sont aussi un im‐ portant puits de carbone.

Pour cette raison, l'Asso‐ ciation canadienne des bo‐ vins a lancé l’automne der‐ nier une campagne visant à obtenir une rémunérati­on d’Ottawa pour les éleveurs qui protègent des prairies. En collaborat­ion avec Canards Illimités Canada (CIC) et CNC, ils réclament 875 millions de dollars sur cinq ans, pour conserver près de 60 000 hectares par année de prairie indigène.

De surprenant­s alliés

Bob Lowe souligne que personne ne tient autant aux prairies que les éleveurs. Nous habitons dans l’envi‐ ronnement. Nous ne faisons pas juste nous en occuper, nous le comprenons. Nous comprenons ce que signifie la pluie pour la prairie, ce que veut dire le pâturage. Nous comprenons le rôle des cerfs, des oiseaux de toutes sortes, des insectes dans le sol. Ça fait partie de notre être, lance-t-il.

En plus, c’est la source de notre subsistanc­e. Naturelle‐ ment nous voulons nous en occuper parce que notre pre‐ mier but c’est de s’occuper de notre famille. Si c’est la prai‐ rie qui fait ça, on veut s’occu‐ per de la prairie, ajoute l’éle‐ veur.

Professeur agrégé de bio‐ logie à l’Université de Winni‐ peg, Rafael Otfinowski gère le Prairie Lab où lui et des étu‐ diants s’intéressen­t à la conservati­on, la gestion et la restaurati­on de cet écosys‐ tème.

Le pâturage est une façon importante de continuer à perturber la prairie, note-t-il. En plus, souligne-t-il, la conservati­on des prairies est un terrain d’entente entre des écologiste­s souvent ur‐ bains et les communauté­s rurales.

Les deux groupes peuvent vraiment trouver quelque chose qu'ils sont capables de partager, dit le chercheur. Les observateu­rs d'oiseaux par exemple, qui voyagent partout en Amérique pour trouver des oiseaux rares. Ça, c'est un groupe qui a be‐ soin de gens qui sont ca‐ pables de faire pâturer leur bétail dans la prairie.

Quand je discute de bétail avec les gens, je trouve qu’il y a beaucoup de potentiel pour que les communauté­s rurales soient plus valorisées pour leur travail à soutenir [l’écosystème des prairies], ajoute-t-il.

de Mme Lich, maintenez la ligne.

Le ministère public a in‐ terprété cette phrase comme un appel aux armes lancé aux manifestan­ts et comme un encouragem­ent à faire obstructio­n à la police. M. Greenspon a fait valoir qu'étant donné que Mme Lich a été arrêtée le 17 fé‐ vrier 2022, la veille du début de l'opération policière, cette ligne n'existait pas à ce mo‐ ment.

Au lieu de cela, il a déclaré que la phrase pouvait être in‐ terprétée comme un encou‐ ragement aux manifestan­ts à ne pas abandonner.

Alors que la Couronne af‐ firme que les preuves dans cette affaire sont acca‐ blantes, l'avocat de la dé‐ fense croit que la seule chose accablante est les ressources que la Couronne a consa‐ crées au dossier, qui traîne depuis près d'un an.

Reprise en septembre

Le procès semblait sur le point de se terminer ven‐ dredi après-midi lorsque la Couronne a proposé de faire sa réponse finale par écrit, mais la juge Heather PerkinsMcV­ey a plutôt choisi de re‐ prendre le mois prochain pour entendre les derniers mots en personne.

Le procès a suscité beau‐ coup d'intérêt du public de‐ puis son début il y a près d'un an, et les bancs du tribu‐ nal ont souvent été bondés de spectateur­s et de parti‐ sans.

La juge a déclaré que c'est dans l'esprit de ce modèle de justice ouverte et transpa‐ rente qu'elle a demandé aux parties de revenir en sep‐ tembre. Mme Lich et M. Bar‐ ber assisteron­t à la dernière journée par vidéoconfé­rence depuis leurs domiciles dans l'Ouest canadien.

La juge Perkins-McVey pourrait prendre jusqu'à six mois pour rendre un verdict dans cette affaire. Elle a tou‐ tefois déclaré qu'elle espère ne pas avoir besoin de beau‐ coup de temps avant d'être prête à rendre sa décision.

appui au ticket démocrate.

La grande question, main‐ tenant : Robert F. Kennedy Jr. vient-il de rebrasser les cartes dans la course à la Maison-Blanche? Il le fait mo‐ dérément, analyse au bout du fil Julien Tourreille, cher‐ cheur en résidence à la

Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM. Car le principal inté‐ ressé cumule environ 5 % des intentions de vote à l’échelle nationale, selon les sondages, un appui qui s’était d’ailleurs effrité dans les der‐ nières semaines.

Cela dit, dans une élection aussi serrée, chaque petit élément peut faire pencher la balance d’un côté comme de l’autre, rappelle le chercheur. Donald Trump et Kamala Harris sont au coude à coude, selon l'agrégateur de sondages du New York Times. La démocrate de‐ vance son rival républicai­n de deux points de pourcen‐ tage seulement (49 % à 47 %).

Selon M. Tourreille, RFK marquait des points chez trois types d’électeurs : des gens insatisfai­ts d’une candi‐ dature de Joe Biden - ces der‐ niers sont possibleme­nt de retour au bercail avec Ka‐ mala Haris -, des gens sé‐ duits par le discours antisys‐ tème de RFK - sans doute ac‐ quis donc à Donald Trump -, et des gens en général peu mobilisés par les deux grands partis et attirés par cette troisième voie qu’incar‐ nait le candidat indépendan­t. Des gens qui n’iront peutêtre pas voter finalement le 5 novembre, indique le cher‐ cheur.

vembre. Avant sa montée sur scène, c’était justement le grand point faible de cette convention, analysait en amont de la soirée la profes‐ seure Karine Prémont, de l’Université de Sherbrooke.

Bien que le camp démo‐ crate se disait être la voie du changement pour cette élec‐ tion - même si le parti est dé‐ jà au pouvoir et que Kamala Harris occupe la vice-prési‐ dence -, les discours avaient jusqu’ici pris des allures de profession­s de foi laissant de côté les enjeux de fond. Tra‐ ditionnell­ement, les conven‐ tions servent à élaborer et à présenter la plateforme du parti en vue de l'élection, rap‐ pelait Mme Prémont.

Finalement, c’est une vi‐ sion pragmatiqu­e qu’a voulu brosser Kamala Harris au mi‐ cro, sans s’éloigner radicale‐ ment de celle de son prédé‐ cesseur, avec qui elle gou‐ verne depuis trois ans et demi.

Le bilan de Joe Biden est assez pragmatiqu­e aussi, no‐ tait à cet égard la politologu­e, spécialist­e des institutio­ns politiques américaine­s. Il a fait des avancées législativ­es majeures pour aider les Amé‐ ricains et améliorer leurs conditions de vie, avec les différents projets qu'il a fait adopter à la Chambre à la suite de la pandémie, en lien avec les infrastruc­tures aussi.

lorsque les Américains se rendront aux urnes, ils se de‐ manderont ce que cela re‐ présente vraiment pour eux et pour leur famille de voter pour elle.

Des sondages à veiller sur‐

En général, après une convention du parti, les can‐ didats investis bénéficien­t d’un gain dans les sondages. Il ne serait donc pas surpre‐ nant que Kamala Harris pro‐ fite de quelques points sup‐ plémentair­es en termes d’in‐ tentions de vote, mais cela reste des intentions qu’il faut concrétise­r d’ici le 5 no‐ vembre. Pour l’instant, les avances dans les sondages sont presque dans la marge d’erreur des sondages et dans certains États-clés, c’est loin d’être évident.

Bill Clinton et Michelle Obama ont adopté la promo‐ tion du ton joyeux, certes pour faire écho au sentiment qui semble animer cette campagne, mais le ton était loin du triomphali­sme lors de la convention. Ils n'ont cessé de rappeler l'importance de voter et de convaincre voi‐ sins et amis de le faire. Et ils ont raison.

En fait, selon certaines projection­s actuelles, le che‐ min pour arriver à atteindre le fameux seuil de 270 votes du Collège des Grands Élec‐ teurs est plus évident pour Donald Trump. Kamala Har‐ ris a besoin de gagner plus d’États-clés si elle veut arriver à conserver la MaisonBlan­che pour les démo‐ crates. Elle doit remporter le mur bleu de la Rust Belt (Pennsylvan­ie, Michigan, Wis‐ consin), riches en votes de cols bleus et doit ne pas perdre trop d’appuis dans la Rust Belt (Arizona, Nevada).

Pas étonnant que les dé‐ mocrates jouent beaucoup la carte du underdog dans cette course, celle qui les donne perdants. Parce qu'ils savent que si bons soient les son‐ dages, ceux-ci ne valent rien le soir de l'élection : ce sont les électeurs qui se déplace‐ ront pour voter qui choisi‐ ront.

Un débat crucial

Une victoire démocrate, c’est possible, mais pour l’ins‐ tant, rien n’est garanti. Beau‐ coup d’électeurs attendent avec impatience le grand examen de passage du 10 septembre lorsque Harris et Trump s’affrontero­nt dans le premier débat (peut-être le seul de la campagne) sur le réseau ABC.

Les attentes sont grandes en ce qui concerne la perfor‐ mance espérée de Kamala Harris. Ce débat sera scruté à la loupe et aura peut-être même davantage d’impor‐ tance que celui qu’on a vu il y a quelques semaines entre Biden et Trump et qui a pré‐ cipité le retrait de la course du président en fonction.

À partir de ce moment-là, on aura une lecture plus claire de la course où trois scénarios semblent se dessi‐ ner : une victoire à l’arrachée de Harris, une autre mandat de Trump d’une courte tête ou une défaite cuisante du républicai­n qui fera taire ses prétention­s d’une autre élec‐ tion volée. Tout est encore possible.

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