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Sauvetage réussi pour deux baleines empêtrées ensemble dans du matériel de pêche

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La mission de sauvetage aura duré cinq heures, mais elle aura été fruc‐ tueuse : des agents de Pêches et Océans Canada et de l’organisme de conservati­on Cetus Re‐ search & Conservati­on So‐ ciety ont réussi à libérer deux baleines qui étaient empêtrées dans du maté‐ riel de pêche près de Camp‐ bell River, au large de l'île de Vancouver.

Les deux mammifères, qui portent les noms de Raza et Mogul, étaient attachés en‐ semble, ce qui a causé la sur‐ prise des équipes de sauve‐ tage spécialisé­es. Ils étaient coincés depuis plus d’une journée et traînaient près de 100 m d'engins de pêche der‐ rière eux, d’après Paul Cot‐ trell, coordinate­ur des mam‐ mifères marins à Pêches et Océans Canada.

J’ai toujours sauvé une ba‐ leine à la fois; c’était fou d’en avoir deux.

Paul Cottrell, coordonna‐ teur des mammifères ma‐ rins, Pêches et Océans Ca‐ nada

Si la raison de cet empê‐ trement reste inconnue, Paul Cottrell suppose que la pre‐ mière baleine a emporté avec elle une balise de pêche, qui a coincé la deuxième ba‐ leine alors qu’elles nageaient ensemble.

On a vraiment pris notre temps, avec un drone, pour avoir une bonne idée de la configurat­ion, de la manière dont les deux animaux tra‐ vaillent ensemble, et aussi l’un contre l’autre. Ils étaient très agités. C’était vraiment une situation déplorable, re‐ late Paul Cottrell.

Incidents de plus en plus fréquents

Sur la côte ouest-améri‐ caine, les signalemen­ts d’em‐ pêtrements de baleines à bosse et de baleines grises ont augmenté d’environ 10 par année (entre 1982 et 2013) à 50 signalemen­ts par année (entre 2014 et 2017), d’après une étude de l’Agence américaine d'obser‐ vation océanique et atmo‐ sphérique (NOAA).

De plus en plus de ba‐ leines à bosse colonisent le secteur du détroit de Georgia et de la mer des Salish, ce qui explique la plus grande fré‐ quence de tels incidents, se‐ lon ce qu'explique Thomas Doniol-Valcroze, directeur du programme de recherche sur les cétacés de Pêches et Océans Canada.

C’est une population qui s’est bien remise de la chasse à la baleine et dont les effec‐ tifs ont beaucoup augmenté dans le Pacifique Nord, et en Colombie-Britanniqu­e en particulie­r, précise-t-il.

À l’échelle plus globale, la croissance des activités de pêche est également un fac‐ teur à prendre en compte pour expliquer la hausse de ces incidents.

Prévention cruciale

Si ce sauvetage a été rendu possible, c'est grâce au signalemen­t fait par deux kayakistes au réseau d’inter‐ vention de Pêches et Océans Canada, ce qui a permis une interventi­on rapide des équipes spécialisé­es.

Les scientifiq­ues ne peuvent pas être partout tout le temps. [...] Or, plus vite on les détecte, plus vite on peut agir, avant que l’ani‐ mal se noie, que ses bles‐ sures s’aggravent ou qu’on les perde de vue.

Thomas Doniol-Valcroze, directeur, programme de re‐ cherche sur les cétacés, Pêches et Océans Canada.

Ligne de signalemen­t d’animaux en danger et de pêcheries illégales : 1 800 465-4336

Tout repose sur la préven‐ tion; la réduction de ses che‐ vauchement­s; l’éliminatio­n du matériel de pêche qui dé‐ rive dans l’océan, qui peut les coincer encore et encore, ajoute la chercheuse sur les baleines à bosse Jackie Hilde‐ ring, de l’organisme de re‐ cherche et de conservati­on Marine Education and Re‐ search Society.

Près de 50 % des baleines à bosse échantillo­nnées en Colombie-Britanniqu­e ont des cicatrices qui montrent qu'elles ont été empêtrées dans le passé, d'après une re‐ cherche préliminai­re menée par l'organisme et présentée par Pêches et Océans Ca‐ nada. Les baleines à bosse et les baleines grises sont les deux espèces les plus tou‐ chées par ce phénomène.

Avec des informatio­ns d’Abby Luciano

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