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Face à la baisse des récoltes, les domaines viticoles de l’Okanagan se réinventen­t

- Camille Pauvarel

Les domaines viticoles de la vallée de l’Okanagan mettent les bouchées doubles pour attirer les touristes dans cette région de la Colombie-Britan‐ nique, alors que les années de pandémie de COVID-19 et des événements clima‐ tiques extrêmes tels que les feux de forêt et vagues de froid ébranlent leur in‐ dustrie.

Cette année, le domaine viticole VinAmité, à Oliver, a fait le choix d'être ouvert plus tard, jusqu’à 20 h au lieu de 17 h.

Nous avons décidé d’ou‐ vrir trois heures de plus, car nous savions que nous au‐ rions beaucoup moins de vin, explique Catherine Cou‐ lombe, l’une des gérantes.

Habituelle­ment, cette ex‐ ploitation embouteill­e près de 1000 caisses de vin blanc, mais au printemps dernier, elle n’a obtenu que 300 caisses, et ce, en raison de la mauvaise récolte de l’an passé.

C'est un véritable défi. Comment peut-on avoir un domaine viticole sans vin? Nous essayons donc de sortir des sentiers battus.

Catherine Coulombe, co‐ propriétai­re de VinAmité

En plus d’ouvrir plus tard, grâce à une licence spéciale, VinAmité peut proposer d’autres boissons, comme des cocktails et bières, pour accompagne­r ses planches de fromages et charcuteri­es.

Des offres nécessaire­s se‐ lon Catherine Coulombe, qui aident à faire face au défi ad‐ ditionnel de la baisse de fré‐ quentation. Avec les feux de forêt, les fermetures de routes, l'état d'urgence, nous avons perdu, je dirais, la moi‐ tié de notre activité l'été der‐ nier, dit-elle.

Des dizaines de maines en vente do‐

Paul Graydon a vendu son domaine à Summerland en 2021, après 11 ans d’exis‐ tence. Il s’est ensuite recon‐ verti en agent immobilier, spécialisé dans la vente de domaines viticoles, vignobles et brasseries pour OK Wine Guys.

Les six premiers mois de cette année, il a pu constater une augmentati­on des pro‐ priétés en vente, et ce, après le gel de janvier qui a forte‐ ment endommagé la crois‐ sance des bourgeons sur les vignes.

L’agent immobilier ex‐ plique qu’il est difficile de sa‐ voir exactement combien de domaines sont en vente et pourquoi, car le secteur est très secret.

Ils ne veulent pas alerter leurs actionnair­es, les membres de leurs clubs de vin, voire les visiteurs, sur le fait qu'ils pourraient être mis en vente, explique-t-il.

Selon des estimation­s de l'Associatio­n des producteur­s de vin de la Colombie-Britan‐ nique, environ 50 domaines viticoles de la vallée de l’Oka‐ nagan étaient en vente en mai dernier sur les 226 do‐ maines avec licence réperto‐ riés.

Un secteur résilient et audacieux

À West Kelowna, près de la zone où le feu de McDou‐ gall a fait rage l’an dernier, un établissem­ent viticole multi‐ plie les expérience­s pour atti‐ rer les visiteurs.

Nous avons conscience que certaines personnes sont nerveuses après les feux de l’an dernier, nous avons donc réfléchi à com‐ ment les encourager à venir, témoigne Nigel Paynter, l’un des propriétai­res d’Off The Grid.

Depuis cette année, le do‐ maine propose ainsi des soi‐ rées rencontres, journées d'accueil aux entreprise­s et d’autres activités, non liées au vin, comme la visite des chèvres de la petite ferme qui fait partie du domaine.

Une formule qui semble porter ses fruits, en té‐ moigne la visite d'Allison De‐ renne, originaire de Belgique, en vacances dans la région avec son mari et ses deux en‐ fants.

Elle confirme que son choix s’est porté sur le do‐ maine de Nigel Paynter pour ses offres particuliè­res. C’est une idée sympa et du coup, on ne vient pas que pour une seule chose. Je dirais qu'avoir des chèvres au moment de déguster du vin, c'est quand même original, dit-elle.

Si la plupart des exploita‐ tions viticoles de la région proposent déjà depuis quelques années des concerts et expérience­s culi‐ naires en plus de la dégusta‐ tion et vente de leurs vins, de plus en plus d'événements voient le jour.

Nous avons n’avons ja‐ mais eu autant d’événements sur notre site internet, confirme Lindsay Kelm, direc‐ trice des communicat­ions pour l'Associatio­n des pro‐ ducteurs de vin de la Colom‐ bie-Britanniqu­e.

Certains lieux proposent par exemple des cours de badminton, du yoga ou en‐ core des ateliers de confec‐ tion d’écharpes, en mettant de l'avant la beauté du cadre, souvent pittoresqu­e.

Selon la directrice géné‐ rale de l'Associatio­n spéciali‐ sée dans le tourisme pour les régions Thompson-Okana‐ gan, Ellen Walker-Matthews, même si les récoltes n'ont pas été bonnes ces deux der‐ nières années, il reste impor‐ tant de rappeler que du vin continue d'être produit dans la vallée de l'Okanagan.

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