La Saskatchewan interdit l’utilisation des cellulaires en classe
Pier-Olivier Nadeau, David Houle L’utilisation des téléphones cellulaires sera interdite dans les salles de classe de la Saskatchewan à partir de la prochaine rentrée scolaire. Le gouvernement indique qu'il veut « aider les élèves à rester concen‐ trés » pendant les cours.
Cette mesure s'appliquera à toutes les classes de la pro‐ vince, allant de la maternelle à la douzième année.
Les enseignants de la neu‐ vième à la douzième année auront cependant le droit de demander des exceptions à cette nouvelle politique quand l'utilisation de cellu‐ laires sera nécessaire pour des besoins spécifiques en pédagogie.
Évidemment qu’il y aura des exceptions, comme pour les élèves qui ont besoin de leur appareil pour des rai‐ sons médicales. Au final, quand les enfants sont dans les salles de classe, nous vou‐ lons que leur énergie soit tournée vers leurs ensei‐ gnants et sur l’apprentissage, a affirmé mardi le ministre de l’Éducation Jeremy Co‐ ckrill.
M. Cockrill indique d’ailleurs que chaque division scolaire a des mesures en place en cas d'urgence et qu'il est de leurs responsabi‐ lités de communiquer avec les élèves ou les parents.
Il y a des professeurs qui interdisent déjà les cellu‐ laires, mais cette mesure per‐ mettra d’uniformiser notre approche partout en pro‐ vince.
Jeremy Cockrill, ministre de l’Éducation
Jeremy Cockrill mentionne que cette politique s’appuie notamment sur les retours de parents qui affirment que les téléphones portables créent de la distraction chez leurs enfants.
Le président de la division scolaire Prairie Spirit, Bernie Howe, a salué l'adoption de cette nouvelle mesure. Il croit que l’interdiction des cellu‐ laires en classe permettra de réduire le nombre de distrac‐ tions dans les classes et per‐ mettra aux enseignants d'être plus concentrés à offrir une bonne éducation aux élèves.
Une politique qui rate la cible, selon un syndicat
Pour sa part, la présidente de la Fédération des ensei‐ gnants de la Saskatchewan (STF), Samantha Becotte, de‐ meure sceptique quant à l'utilité d'une telle politique.
Malheureusement, dans nos écoles, nous n’avons pas assez de technologie pour ai‐ der tous nos élèves dans les activités pédagogiques. Donc, les téléphones person‐ nels sont souvent utilisés pour combler les manques dans les écoles , dit-elle.
Je ne crois pas que limiter l’usage du cellulaire en classe sera la solution aux grands enjeux qui ont été discutés au cours de la dernière an‐ née.
Les enseignants de la pro‐ vince sont sans contrat de travail depuis maintenant un an. Après plusieurs mois de moyens de pression et de né‐ gociations, la province et la STF ont décidé de remettre le contenu de la nouvelle convention collective aux mains d’un arbitre.
L’ancien doyen de la Fa‐ culté de droit de l’Université de la Saskatchewan, Daniel Ish, a été choisi par les deux parties en juillet dernier pour mettre fin au conflit de travail sur les questions concernant la complexité des classes et la rémunération.
Le porte-parole en ma‐ tière d’éducation du Nouveau Parti démocratique (NPD) de la Saskatchewan, Matt Love, partage l’avis de la prési‐ dente de la STF.
Les téléphones portables sont certainement devenus une source de distraction dans les salles de classe, mais ce n'est pas le problème numéro un dans les écoles de la Saskatchewan, c'est le manque de financement , af‐ firme-t-il, dans une déclara‐ tion écrite.
En interdisant l'utilisation des téléphones cellulaires pendant les heures de classe, la Saskatchewan emboîte le pas à l’Ontario, au Québec, à l’Alberta, au Nouveau-Bruns‐ wick, à la Nouvelle-Écosse, à la Colombie-Britannique et à l’Île-du-Prince-Édouard, qui ont annoncé des mesures si‐ milaires pour le téléphone en classe.
L'an dernier, l’UNESCO a publié un rapport dénonçant que les téléphones cellulaires perturbent l’apprentissage dans les classes.