Radio-Canada Info

Incursion des forces ukrainienn­es en Russie, près de Koursk

- Stéphane Bordeleau

Le ministère de la Défense russe a déclaré mercredi mener d’intenses combats dans la région de Koursk pour tenter de repousser une « attaque massive » lancée ces dernières heures par les forces ukrai‐ niennes en territoire russe.

Selon Moscou, les troupes ukrainienn­es, soutenues par des bombardeme­nts aériens, progressai­ent mercredi vers la ville frontalièr­e de Soudja, située à environ 10 kilo‐ mètres de la frontière.

Au moins cinq civils au‐ raient péri dans la région au cours de frappes ukrai‐ niennes ces dernières heures, rapporte l’Agence France-Presse.

D'après le chef de l'étatmajor russe, Valéri Guérassi‐ mov, au moins 1000 soldats ukrainiens appuyés par des unités d'artillerie, de chars et de blindés ont attaqué hier des positions russes près des villages de Nikolayevo-Da‐ ryino et d'Oleshnya avant de poursuivre l’assaut en direc‐ tion de Soudja.

Soudja est un objectif stratégiqu­e pour le transport gazier russe, c’est en effet le dernier point de transborde‐ ment opérationn­el pour les exportatio­ns de gaz russe vers l'Europe via l'Ukraine. La centrale nucléaire de Koursk se trouve également à envi‐ ron 60 kilomètres de là.

Les frappes aériennes, les forces de missiles, les tirs d'artillerie et les actions des unités couvrant la frontière […] ont empêché l'ennemi d'avancer profondéme­nt dans le territoire de la Fédé‐ ration de Russie, assure le ministère russe de la Dé‐ fense, qui a dû rappeler des réserviste­s pour contenir l’avancée ukrainienn­e.

Selon la chaîne Telegram Rybar, proche de l'armée russe, les troupes ukrai‐ niennes se sont emparées de trois villages dans la région de Koursk. Une source au sein des services de sécurités ukrainiens (SBU) a quant à elle rapporté à l'AFP la des‐ truction en vol par un drone de petit gabarit d'un hélico‐ ptère russe Mi-28, ce qui se‐ rait une première dans l'his‐ toire de la guerre.

Moscou affirme de son côté avoir détruit pas moins de 50 véhicules blindés ukrai‐

niens, dont sept chars d’as‐ saut. Des données qui n’ont pas pu être vérifiées. Kiev garde le silence complet sur cette opération.

L'Institute for the Study of War, un groupe de sur‐ veillance des conflits basé aux États-Unis, a déclaré avoir géolocalis­é des images publiées le 6 août montrant des véhicules blindés endom‐ magés et abandonnés à envi‐ ron sept kilomètres au nord de la frontière russe, mais n'a pas été en mesure de confir‐ mer s'il s'agissait de véhicules russes, ukrainiens ou des deux à la fois.

Évacuation de civils dans la région de Koursk

À Koursk, où les autorités locales ont rapporté avoir es‐ suyé des tirs de roquettes et des attaques de drones au cours des dernières heures, le gouverneur intérimair­e de la région, Alexeï Smirnov, a exhorté la population à se te‐ nir loin des fenêtres et à don‐ ner du sang aux instituion­s médicales pour reconstitu­er des réserves de sang.

Il a ajouté que plusieurs milliers de personnes ont quitté la région au cours des dernières 24 heures.

En Ukraine le gouverne‐ ment a ordonné l'évacuation d'au moins 6000 civils dans 23 localités situées près de la zone frontalièr­e.

À l’exception de quelques incursions et raids menés en sol russe par des comman‐ dos, il s’agit de la première offensive terrestre officielle des forces ukrainienn­es en sol russe.

En mars, des groupes russes anti-Kremlin ont aussi lancé des attaques depuis l'Ukraine dans les régions de Belgorod et de Koursk sans faire de gains stratégiqu­es.

Certains blogueurs mili‐ taires russes cités par Reu‐ ters ont même évoqué l’ou‐ verture d’un nouveau front par l’Ukraine qui tente déses‐ pérément de repousser l’in‐ vasion russe lancée en fé‐ vrier 2022.

Une provocatio­n, selon Poutine

Loin de valider cette théo‐ rie, le président russe Vladi‐ mir Poutine a qualifié mer‐ credi cette incursion ukrai‐ nienne de provocatio­n à grande échelle.

Le régime de Kiev a entre‐ pris une nouvelle provoca‐ tion à grande échelle, en ti‐ rant de manière aveugle avec différents types d'armes, y compris des roquettes, sur des bâtiments civils, des ha‐ bitations et des ambulances, a souligné Vladimir Poutine en ouverture d'une réunion gouverneme­ntale diffusée à la télévision russe.

L’objectif de cette percée ukrainienn­e en sol russe n’est pas clair a priori. L’ouverture d’un front en Russie pourrait avoir pour effet d’obliger les Russes à déplacer des troupes vers le nord pour dé‐ fendre leur territoire et ainsi soulager le front ukrainien, où les forces de Kiev peinent depuis des mois à contenir les assauts russes.

L’annonce d’une incursion réussie en territoire russe pourrait aussi remonter le moral des troupes et de la population ukrainienn­es, qui ont essuyé de nombreux re‐ vers ces derniers mois. À cela s’ajoute la crainte de perdre le précieux soutien financier et logistique des États-Unis si Donald Trump remporte les présidenti­elles de novembre.

Pendant ce temps sur le front ukrainien, les troupes russes se sont rapprochée­s mercredi de la ville de Po‐ krovsk, menaçant une ligne de ravitaille­ment vitale pour les forces de Kiev. Les forces russes affirment aussi s'être emparées du village de Niu York et se rapprocher de To‐ retsk, dans la région de Do‐

nestk.

Perte d'un sous-marin russe en mer Noire

Les forces aériennes ukrainienn­es continuent par ailleurs de mener d’impor‐ tantes opérations contre des objectifs militaires russes en zone occupée, mais surtout en mer Noire, où l’Ukraine af‐ firme avoir coulé un sousmarin russe, il y a quatre jours.

Selon l’état-major ukrai‐ nien, le sous-marin d’attaque russe de classe Kilo, le Ros‐ tov-sur-le-Don, a sombré après avoir été touché lors d'une attaque de missiles sur la ville portuaire de Sébasto‐ pol, vendredi dernier.

Il s'agirait de l'un des quatre sous-marins de la flotte russe déployés en mer Noire et capables notam‐ ment de lancer des missiles de croisière Kalibr. Le minis‐ tère russe de la Défense n'a fait aucun commentair­e.

Le commandeme­nt ukrai‐ nien a également revendiqué la destructio­n de quatre sys‐ tèmes de défense aérienne S-400 qui protégeaie­nt la pé‐ ninsule de Crimée, annexée militairem­ent par la Russie en 2014.

Selon les services de ren‐ seignement britanniqu­es, Rostov-sur-le-Don avait déjà subi de lourds dommages à la suite d’une attaque ukrai‐ nienne au début de la guerre.

L'armée ukrainienn­e a dé‐ claré que la Russie avait par la suite réparé le submersibl­e de 300 millions de dollars et que celui-ci avait récemment testé ses capacités près de Sébastopol.

Les forces ukrainienn­es sont très actives en mer Noire, où elles ont enregistré plusieurs succès depuis le début de la guerre, dont la destructio­n du croiseur Moskva, navire amiral de la flotte russe en mer Noire, en avril 2022.

La semaine dernière, l'ar‐ mée ukrainienn­e a déclaré que Moscou avait été contrainte de retirer tous ses moyens navals de la mer d'Azov - une étendue d'eau reliée à la mer Noire - en rai‐ son des frappes répétées sur ses navires.

Le FSB, le service de sécu‐ rité intérieure russe, a récem‐ ment déclaré avoir déjoué un complot ukrainien visant à détruire le dernier porteavion­s russe, l'Amiral Kuznet‐ sov. Le navire, lancé en 1985, est en réparation depuis 2018.

détenus dans l'enclave, selon les témoignage­s d'ex-otages.

Les cadres du Hamas et les représenta­nts israéliens qui connaissen­t Yahya Si‐ nouar s'accordent sur le fait que son dévouement au mouvement palestinie­n est d'un niveau hors du com‐ mun.

Le Hamas est tout pour moi

Michael Koubi, ancien offi‐ cier du Shin Bet (le service is‐ raélien de sécurité intérieure) qui a interrogé Yahya Sinouar pendant 180 heures en pri‐ son, a déclaré que ce dernier se démarquait clairement par sa capacité à intimider et à commander.

À la question de savoir pourquoi il n'était pas marié à l'approche de ses 30 ans, il m'a répondu le Hamas est mon épouse, le Hamas est mon enfant. Le Hamas est tout pour moi, a dit Michael Koubi.

En prison, Yahya Sinouar a continué d'afficher une posi‐ tion extrême à l'égard des collaborat­eurs, ont signalé des représenta­nts israéliens ayant eu affaire à lui.

Par moments, il n'avait pas du sang juif sur les mains, mais du sang palesti‐ nien, a déclaré en octobre dernier Yuval Bitton, ancien directeur du service péniten‐ tiaire de renseignem­ent, à la télévision Channel 12.

Michael Koubi a décrit Ya‐ hya Sinouar comme dévoué à la destructio­n d'Israël et à la mort des juifs, le qualifiant de psychopath­e.

Yuval Bitton a rapporté que Yahya Sinouar s'était pré‐ paré à une grève de la faim et avait convaincu quelque 1600 détenus d'y prendre part, afin de protester contre la maltraitan­ce de deux hommes en isolement. Il était prêt à payer n'importe quel prix, a-t-il dit.

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