Pétrole : forage d’un nouveau puits « ultra profond » au large de TerreNeuve
Les géants des énergies fossiles ExxonMobil et Qa‐ tar Energy forent un puits d’exploration en eaux « ul‐ tras profondes » à 500 km à l’est de Terre-Neuve. Le fo‐ rage se fait à 3 km sous la surface de l'eau, c'est 30 fois plus profond que les projets pétroliers actuelle‐ ment en production au large de l’île.
Le puits d’exploration Per‐ sephone C-54 pourrait aider à confirmer l’existence de milliards de barils récupé‐ rables de brut.
Le navire de forage Stena DrillMAX fore le puits dans le bassin Orphan depuis le 24 mai, selon la porte-parole d’ExxonMobil, Shelley Sulli‐ van.
Désigné comme un puits à fort impact par l’agence d’analyse financière S&P Glo‐ bal, le projet coûte environ 1 million de dollars par jour, estime l’analyste du secteur pétrolier terre-neuvien, Rob Strong.
Persephone est désigné comme l'un des puits les plus prometteurs au monde, ex‐ plique l'expert, qui surveille l’industrie locale depuis 1979.
Ces puits à fort impact sont des projets d'exploration et de forage pétroliers et ga‐ ziers qui ont le potentiel d'avoir un impact significatif sur l'ensemble des réserves, de la production et de la va‐ leur économique d'une ré‐ gion particulière ou du porte‐ feuille d'une société.
Des milliards de barils récupérables
Rob Strong évoque la spé‐ culation effrénée entourant Persephone, une zone pro‐ metteuse découverte en 2020 par OilCo, la société de la Couronne responsable du développement du secteur pétrolier et gazier de TerreNeuve-et-Labrador.
En mai, le magazine Ups‐ tream, spécialisé dans l’in‐ dustrie pétrolière et gazière, a estimé les réserves poten‐ tielles de pétrole de Perse‐ phone à 3 milliards de barils.
Jim Keating, le PDG d’OilCo, a décliné une de‐ mande d’entrevue, mais a dit à Upstream, en mai, que le potentiel de la zone Perse‐ phone était de plusieurs mil‐ liards de barils.
Il y a eu des essais sis‐ miques effectués dans le sec‐ teur par OilCo [...], mais les essais sismiques ne donnent pas toujours des résultats très précis. On nous parle de 3 milliards de barils, mais ce n’est que de la spéculation en attendant les résultats du fo‐ rage, précise Rob Strong.
D’autres prospection 2025 activités prévues de en
Rob Strong souligne qu’ExxonMobil s’intéresse dé‐ jà à effectuer plus de pros‐ pection dans la même zone, le printemps prochain. L’en‐ treprise, déjà responsable des plateformes Hibernia et Hebron, a publié le 26 juin dernier un appel à manifes‐ tation d'intérêt pour des es‐ sais sismiques sur un terri‐ toire de 1500 à 2000 km2 entre mai et septembre 2025.
Ils veulent revenir même avant de terminer le puits, note Rob Strong, qui ajoute que l’exploration en cours est très préliminaire et que même si elle aide à découvrir des réserves très impor‐ tantes, il faudra des années d’exploration supplémen‐ taire, d’analyses environne‐ mentales et de construction avant de parvenir à un projet d’extraction.
C’est intéressant parce qu’on avait l’impression que [le ministre fédéral des Res‐ sources naturelles, Jonathan] Wilkinson, [le ministre fédé‐ ral de l’Environnement, Ste‐ ven] Guilbeault et même [le premier ministre, Justin] Tru‐ deau nous disaient que Bay du Nord serait le dernier pro‐ jet pétrolier approuvé par le gouvernement firme-t-il.
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Pourquoi découvrir le pétrole si on ne peut ja‐ mais le produire?
Plusieurs organismes in‐ ternationaux, dont l’Agence internationale de l’énergie, soutiennent depuis des an‐ nées que les sociétés énergé‐ tiques doivent arrêter de lan‐ cer de nouveaux projets de combustibles fossiles si la planète veut éviter la catas‐ trophe climatique.
Pourquoi découvrir le pé‐ trole si on ne peut jamais le produire? se demande Rob Strong, qui rappelle que les conservateurs fédéraux pro‐ mettent de rehausser la pro‐ duction pétrolière au large de Terre-Neuve.
Des puits ultras profonds ne sont pas sans précédent. Mais les projets actuels au large de Terre-Neuve - Hiber‐ nia, Hebron, Terra Nova et White Rose - se trouvent dans des eaux de 90 à 120 m de profondeur. Le projet Bay du Nord, proposé par la pé‐ trolière Equinor, se trouverait dans des eaux à environ 1200 m de profondeur.
ExxonMobil et Qatar Energy ont obtenu en no‐ vembre 2022 un permis de l'Office Canada-Terre-Neuveet-Labrador des hydrocar‐ bures extracôtiers pour effec‐ tuer du forage exploratoire dans la zone 1169, un sec‐ teur qui fait presque 2700 km2.
Les deux sociétés ont pro‐ mis de dépenser au moins 181 millions de dollars sur des activités d’exploration.
En mai, Upstream a rap‐ porté que le forage du puits Persephone C-54 allait durer environ trois mois. Shelley Sullivan, la porte-parole d’ExxonMobil, indique que quatre bateaux ravitailleurs soutiennent les efforts du Stena DrillMAX, à l’heure ac‐ tuelle.