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Dans l’ombre d’Arthur Erickson : l’architectu­re moderne méconnue de la côte ouest

- Francis Plourde

À l’occasion du centenaire de naissance du Vancouvé‐ rois Arthur Erickson, consi‐ déré comme un des plus grands architecte­s du Ca‐ nada, la côte ouest sou‐ ligne sa contributi­on au pa‐ trimoine bâti. Mais en marge de ces célébratio­ns, plusieurs sonnent l’alarme sur la destructio­n d’un style architectu­ral unique, mais méconnu et menacé : le West Coast Modern.

Rencontré à West Vancou‐ ver dans un quartier à flanc de montagne, Trent Rodney nous accueille dans une rési‐ dence baptisée La maison de la Cascade.

Construite en porte-àfaux dans un lot escarpé d'où coule un ruisseau, la rési‐ dence de quatre chambres sur trois étages, bâtie en 1968, respecte tous les prin‐ cipes de l’architectu­re mo‐ derne : design épuré, façade divisée avec des fenêtres en longueur, plafonds ouverts avec matériaux exposés.

À l’intérieur, les fenêtres, qui donnent sur la forêt, donnent l’impression d’être en pleine nature, tandis que le flot d’un ruisseau à proxi‐ mité laisse entendre le bruit apaisant de l’eau. L’agent im‐ mobilier et son équipe ac‐ cueillent les visiteurs en n’omettant aucun détail de l’endroit, leur offrant un do‐ cument contenant l’histo‐ rique du bâtiment ainsi qu’un descriptif.

C’est leur façon de s’assu‐ rer que les acheteurs poten‐ tiels appréciero­nt la rési‐ dence à sa juste valeur plutôt que de la raser une fois ache‐ tée.

Trent Rodney se décrit comme un chasseur de mai‐ sons. Depuis la création de son agence West Coast Mo‐ dern il y a une dizaine d’an‐ nées, l’agent immobilier et son équipe estiment avoir ré‐ pertorié 1200 maisons d’ar‐ chitecture moderne dans la région.

On essaie de leur redon‐ ner leurs lettres de noblesse et de les faire connaître de façon à ce que les gens les apprécient, dit-il.

L’héritage Erickson d’Arthur

La côte ouest a connu, dans l’après-guerre, un âge d’or en matière de design. Sous l’impulsion d’architecte­s comme Arthur Erickson, plu‐ sieurs autres, moins connus, mais adoptant les mêmes principes, ont bâti tout un patrimoine sur la rive nord de Vancouver.

Né à Vancouver en 1924, l’architecte, passionné du Ja‐ pon et de l’Asie, avait luimême été inspiré par l’archi‐ tecte américain Frank Lloyd Wright, qui avait popularisé ce style architectu­ral né en Allemagne dans les années 30.

C'est en voyant une image d'une maison que Frank Wright avait construite qu'il a dit : "C'est ça que je veux faire, je veux être architecte", raconte la cinéaste Michèle Smolkin, auteure d’un docu‐ mentaire sur Arthur Erickson. Frank Lloyd Wright aussi s'inspirait beaucoup de la na‐ ture. Il s'est inspiré de ça et a créé une architectu­re qu'on voit beaucoup maintenant sur la côte ouest.

Attirés par les montagnes, l’eau et les immenses forêts de la rive nord de Vancouver, plusieurs architecte­s ont dé‐ cidé de s’y installer et y bâtir des résidences dans cet es‐ prit.

Ça s'est manifesté avec des propriétés abordables, fabriquées à partir de maté‐ riaux peu coûteux comme le contreplaq­ué, qui était facile‐ ment accessible, et d'autres matériaux comme le bois d'oeuvre local et le verre, ra‐ conte la conservatr­ice du Mu‐ sée de West Vancouver, Hi‐ lary Letwin.

West Vancouver, des an‐ nées 50 aux années 70, c'était un endroit expérimen‐ tal pour l'architectu­re mo‐ derne. Et comme ça s'est sur‐ tout matérialis­é dans des ré‐ sidences privées, c'est une histoire qui est aussi privée.

Hilary Letwin, conserva‐ trice du Musée de West Van‐ couver

De la trempe d’Anne Hé‐ bert ou de Margaret At‐ wood

Mais même un architecte comme Arthur Erickson n’a pas la reconnaiss­ance qu’il mérite, croit le critique Trevor Boddy.

La plupart des gens ici ne connaissen­t pas l'importance des oeuvres de M. Erickson, déplore-t-il. Et pourtant, se‐ lon lui, les oeuvres d’Arthur Erickson, qui incluent l’am‐ bassade du Canada à Wa‐ shington, l’édifice de la Banque du Canada à Ottawa et la salle de concert Roy Thomson Hall à Toronto, se comparent aux peintures d’Emily Carr ou aux romans d’Anne Hébert ou de Marga‐ ret Atwood.

Rencontré à l’occasion d’une série d’événements en l’honneur de l’architecte, dé‐ cédé en 2009 à l'âge de 84 ans, le critique tente de faire sa part pour s’assurer que le patrimoine d’Arthur Erickson soit protégé, dans une pro‐ vince qui, selon lui, n’en fait pas assez pour protéger ses édifices historique­s.

La loi est très faible, et les règles sont influencée­s par les propriétai­res et les pro‐ moteurs immobilier­s, juge-til. Ils veulent pouvoir faire ce qu’ils veulent et on a cette idée, sur la côte ouest, qu’on peut désigner un site histo‐ rique et renverser cette dési‐ gnation. Ce n’est pas ce qu’on appelle une protection!

Des maisons qui, au gré des acheteurs, passent main‐ tenant sous le pic des démo‐ lisseurs. Même celles d’Ar‐ thur Erickson n’y échappent pas. Pour moi, c’est un grand désastre tout ça, déplore Tre‐ vor Boddy.

En 2007 la maison Gra‐ ham, dessinée par Arthur Erickson en 1962, a été dé‐ truite par ses propriétai­res. En juin dernier, la maison de la paysagiste d’avant-garde Cornelia Hahn Oberlander, dont le nom figure mainte‐ nant sur l’équivalent du prix Nobel d’architectu­re, a connu un sort similaire.

Les Américains n’accepte‐ raient jamais une telle chose. Ils sont fiers de leur histoire, croit Trevor Boddy, citant en exemple les efforts du pré‐ sident Ronald Reagan pour protéger le patrimoine. Ici au Canada, ni la gauche ni la droite ne s'intéressen­t à ça. C’est une question de fierté, ou plutôt de priorité.

Des bâtiments préser‐ vés au gré des proprié‐ taires

Lueur d’espoir pour les passionnés d’architectu­re? Ces dernières années, un cer‐ tain nombre d’édifices ont été préservés et remis au goût du jour.

Le Musée d’anthropolo­gie de l’Université de la Colom‐ bie-Britanniqu­e (UBC), bâti en 1976 et inadapté aux normes sismiques d’au‐ jourd’hui, a récemment été démoli pour être rebâti à l’identique. Réouvert en juin dernier, le nouveau musée respecte les plans et la vision originale de l’architecte.

À West Vancouver, un an‐ cien garage et une stationser­vice des années 60, tout en bois et en vitre, ont ré‐ cemment subi une cure de jeunesse. Un lundi soir, à l’oc‐ casion d’une soirée d’opéra, l’endroit est bondé.

Beaucoup de gens ne croyaient pas à cet endroit, raconte pourtant le gérant Thomas Eleizegui, qui a passé deux ans avec son par‐ tenaire d’affaires à remettre l’endroit en état. On a tout re‐

fait à l’intérieur et on en a fait quelque chose de spécial.

Tout autour, les clients soulignent l’acoustique digne d’une salle de concert et le design unique de l’endroit. Or, il s’en est fallu de peu pour que l’édifice soit démoli.

La Ville de West Vancou‐ ver voulait de la croissance et ils nous ont demandé de tout raser pour y construire des maisons de ville ou de garder l’espace et d’en faire un café. On a décidé d’en faire un café.

Depuis la création de son agence immobilièr­e il y a une dizaine d'années, Trent Rod‐ ney remarque aussi un inté‐ rêt croissant pour ce type de bâtiments au caractère unique.

Selon ses recherches, plus de 500 maisons de ce type construite­s entre les années 40 et 70 ont été détruites au cours des dernières décen‐ nies.

Avant nous, plus de la moitié des maisons d’archi‐ tecture moderne sur le mar‐ ché étaient démolies. Mainte‐ nant, on vend la majorité d’entre elles et nous n’avons eu aucune démolition.

Une version audio de ce reportage a été diffusée à l’émission Tout Terrain

beaucoup de l'achat par im‐ pulsion aussi, donc s'il n'y a pas cette impulsion-là en ma‐ gasinant, s'il y a pas juste‐ ment cette volonté d'acheter quelque chose en dernière minute pour se gâter, c'est certain que les entreprise­s vont être plus inquiètes , ob‐ serve le professeur Charle‐ bois.

Bien qu’il soit conçu pour contrôler le diabète de type 2, l'Ozempic est aussi utilisé contre l'obésité en raison de ses propriétés de coupefaim.

Ne remplace pas les plats maison

Nestlé affirme que sa gamme de produits Vital Pur‐ suit, qui sera en vente à par‐ tir de la fin de 2024, repré‐ sente un accompagne­ment pour les médicament­s comme Ozempic. Les pro‐ duits de la nouvelle gamme seront congelés.

La diététiste profession‐ nelle Abby Langer s’attend déjà à un tollé lorsque ces produits seront en vente. Les plats transformé­s peuvent mener à une prise de poids, remarque-t-elle.

Je pense que les gens [prenant ces médicament­s] devraient avoir plus de choix lorsqu’ils préparent leurs re‐ pas, donc ces plats pour‐ raient être utiles, explique Abby Langer. Elle ajoute tou‐ tefois qu’il est toujours préfé‐ rable de cuisiner des repas maison.

Avec les informatio­ns de Jenna Benchetrit de CBC et Philippe de Montigny

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