La manne du tourisme liée à la pandémie s’essouffle dans Charlevoix
Après avoir connu des an‐ nées records grâce, entre autres, aux restrictions de voyage imposées aux Qué‐ bécois durant la pandémie, l’industrie touristique char‐ levoisienne constate à re‐ gret un certain retour à la normale, en particulier dans le secteur de la loca‐ tion de chalets.
Prestige Charlevoix, une association de propriétaires de chalets, observe un ralen‐ tissement depuis le début de l’année.
On a regardé nos chiffres, puis on est à 50 % d'atteindre nos objectifs de l'année pas‐ sée. Donc, il nous reste du chemin à faire, indique en entrevue à Radio-Canada le représentant de l’association, Alain Carrier.
Goût de voyager
Il attribue en partie la baisse d’achalandage au dés‐ ir des Québécois de voyager à l’extérieur du pays, mainte‐ nant que les restrictions pan‐ démiques ont été levées. Étant propriétaire d’une agence de voyages depuis 25 ans, M. Carrier est bien placé pour témoigner du phéno‐ mène.
Les clients veulent vrai‐ ment sortir du Québec. Ils voyagent beaucoup plus qu'avant. Ce n'est même pas comparable au niveau des chiffres qu'on avait avant la pandémie. Les gens ne res‐ tent pas au Québec, donc ils ne louent pas de chalet, ana‐ lyse le représentant de Pres‐ tige Charlevoix.
Les effets de l'inflation et de la hausse des taux d’inté‐ rêt sur le budget vacances des familles contribuent éga‐ lement à la baisse observée, croit le président de Mon‐ sieur Chalet, Philippe Hamel.
On commence à sentir que les gens sont un petit peu plus serrés. La bonne nouvelle, c'est qu'on est dans la bonne direction pour une diminution des taux. Mais en ce moment, on commence à ressentir un peu ces effets-là, confie-t-il.
Hausse de l'offre
L’ajout de chalets sur le marché, jumelé à la diminu‐ tion de la demande, a égale‐ ment contribué à la baisse du taux d’occupation.
Quand on prend l'indus‐ trie en général, la plupart des marchés ont augmenté d'à
peu près 10 à 15 % leur offre locative. Donc, il y a de nou‐ veaux chalets qui sont appa‐ rus. On parle d'une diminu‐ tion d'à peu près 8 % de la demande, ce qui fait à peu près 23, 24 % de diminution au niveau de l’achalandage par propriété. C'est quand même énorme et ça peut faire mal à un propriétaire de chalet , affirme Philippe Ha‐ mel.
Le directeur général de Tourisme Charlevoix, Mitchell Dion, remarque pour sa part que les comportements des touristes ont changé depuis les années records enregis‐ trées en 2020 et 2021.
Un phénomène qu’on a commencé à voir l’été der‐ nier, c'est que les gens ne coupent pas nécessairement dans leur voyage, mais ils vont peut-être couper dans les dépenses une fois sur place. Donc, les gens étaient au rendez-vous, les taux d'oc‐ cupation étaient intéres‐ sants, mais dans les attraits, dans les commerces, c’était un petit peu moins intéres‐ sant comme saison. J’ai l'im‐ pression que c'est un peu ce qu'on va voir cet été aussi, prédit M. Dion.
Il mentionne qu’au cours du mois de mai, les hôtels et les chalets en location ont observé une baisse des ré‐ servations de 9 % par rap‐ port à la même période l’an dernier. Si les hôteliers conti‐ nuent à faire de bonnes af‐ faires, les propriétaires de chalets ne bénéficient plus de conditions aussi favo‐ rables que durant la pandé‐ mie.
C'est sûr que pendant la pandémie, il y a eu une es‐ pèce de ruée vers l'or. Les ré‐ sidences de tourisme étaient vraiment le format idéal. On disait aux gens d'amener leur nourriture et tout. Donc, c'était tout à fait approprié comme forme d'héberge‐ ment. Je pense que ça a en‐ core sa place pour des groupes plus volumineux, les familles, les choses comme ça, mais [...] on voit que le comportement du consom‐ mateur change , raconte le patron de Tourisme Charle‐ voix.
Prix élevés
Le propriétaire de l'agence de location Héberge‐ ment Charlevoix, Daniel Guay, affirme que ses clients qui continuent d’offrir des prix aussi élevés que durant la période faste de la pandé‐ mie ont plus de difficultés à trouver des locataires.
Durant la pandémie, les gens étaient prêts à payer des prix astronomiques pour pouvoir avoir une maison en location et certains proprié‐ taires ont conservé leur liste de prix à [un niveau] telle‐ ment élevé qu’à un moment donné, les gens disent : "bien, regarde, moi, à ce prixlà, je vais aller ailleurs", rap‐ porte M. Guay.
Il dit avoir sensibilisé les quelque 300 propriétaires composant son agence à l’im‐ portance d’adapter leurs prix à la diminution de la de‐ mande.
Ce n'est pas tout le monde qui le fait, c'est sûr et certain. Il y en a qui ré‐ agissent maintenant en di‐ sant, par exemple : "bien là, moi, je n’ai pas loué pour la fin juillet." Ils n’ont pas loué parce que, justement, ils n’ont pas baissé leurs prix, alors qu'ils auraient pu le
faire, observe Daniel Guay.
Retour à la normale
Selon lui, le marché de la location touristique est mal‐ heureusement revenu à ce qu’il était en 2018 et en 2019, juste avant la pandémie.
On a eu la COVID qui, entre guillemets, nous a été très favorable, mais là, on est revenu comme un peu à la normale. C'est que les gens, maintenant, peuvent aller partout dans le monde, ils peuvent aller partout au Québec. Donc, c'est sûr et certain qu'on revient un petit peu à la normale, observe M. Guay.
Pour avoir du monde, il invite ses membres à être réalistes et à ajuster leurs prix à la nouvelle réalité.
Avec des informations de Guylaine Bussière
projets, le futur pavillon des‐ tiné au Centre collégial de transfert technologique en énergies renouvelables Ner‐ gica. Les plans du pavillon, qui verra quant à lui le jour au campus de Gaspé, ont dû être revus puisque les sou‐ missions dépassaient large‐
ment le budget prévu.