Élections britanniques : les travaillistes remportent la majorité absolue au Parlement
Les travaillistes ont rem‐ porté la majorité absolue au Parlement à l'issue des élections législatives au Royaume-Uni, selon des ré‐ sultats partiels.
Le Royaume-Uni est prêt au changement et aspire à un retour de la politique en tant que service rendu au pu‐ blic, a déclaré le chef des tra‐ vaillistes Keir Starmer, amené à devenir premier mi‐ nistre après la victoire écra‐ sante de son parti.
Les électeurs, ici et dans tout le pays, se sont expri‐ més et ils sont prêts au chan‐ gement, à mettre fin à la poli‐ tique spectacle pour revenir à la politique en tant que ser‐ vice rendu au public, a lancé cet ancien avocat spécialiste des droits de la personne de 61 ans dans un discours après sa réélection dans sa circonscription du nord de Londres.
Le Parti travailliste est en voie de remporter une vic‐ toire écrasante aux élections législatives, selon les son‐ dages à la sortie des urnes, alors que les conservateurs se dirigent vers leur pire dé‐ faite depuis le début du XXe siècle, d'après les estima‐ tions.
Selon les projections des télévisions britanniques, le Parti travailliste remporterait 410 sièges sur les 650 de la Chambre des communes.
Tout en réalisant un peu moins que le raz-de-marée de Tony Blair en 1997 (418 élus), les travaillistes de‐ vancent largement le Parti conservateur du premier mi‐ nistre sortant Rishi Sunak, désavoué par les électeurs avec seulement 131 députés projetés, loin des 365 élus il y a cinq ans.
Les libéraux-démocrates (centristes) se renforceraient avec 61 députés, mais la sur‐ prise du scrutin vient surtout du parti anti-immigration et antisystème Reform UK. Il ga‐ gnerait 13 sièges, une entrée bien plus fracassante que prévu pour la formation de la figure de la droite radicale Ni‐ gel Farage.
Les indépendantistes écossais subiraient un sé‐ rieux revers : ils remporte‐ raient seulement 10 circons‐ criptions sur 57 en Écosse.
Après cinq premiers mi‐ nistres conservateurs, le Brexit, l'austérité, la crise du pouvoir d'achat et la dégra‐ dation du système de santé public, les Britanniques en‐ tendaient montrer leur mé‐ contentement dans les urnes et tourner la page des conservateurs.
C'est donc Keir Starmer qui devrait être chargé de former un gouvernement par le roi Charles III.
Son arrivée à Downing Street serait celle d'un mo‐ déré qui a recentré son parti et qui promet le retour du sé‐ rieux à la tête du pays.
Quelque 46 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour renouveler les 650 sièges de la Chambre des communes lors d'un scrutin uninominal à un tour qui favorise généralement les grands partis.
Un programme chargé
Le premier ministre dési‐ gné Keir Starmer aura un agenda chargé dès ses pre‐ miers jours en poste. Après avoir été reçu par le roi
Charles III vendredi au palais de Buckingham, il se rendra au 10, Downing Street, où il prononcera un discours.
Par la suite, les ministres seront nommés.
Mardi prochain, le nou‐ veau premier ministre fera ses débuts sur la scène inter‐ nationale, à Washington, lors d'un sommet organisé pour le 75e anniversaire de l'OTAN.
Le 18 juillet, Keir Starmer va accueillir les dirigeants eu‐ ropéens en Angleterre, au palais de Blenheim, où est né Winston Churchill, pour une réunion de la Communauté politique européenne, une organisation née en 2022 avec l'ambition de renforcer la cohésion, la coopération et le dialogue entre les pays du continent.
Les députés prêteront serment le 9 juillet, avant le discours du Trône, le 17 juillet, qui marquera l'ouver‐ ture officielle du Parlement. Ce discours, prononcé par le roi, mais rédigé par le gou‐ vernement, est l'occasion pour le nouveau parti au pouvoir d'exposer ses priori‐ tés à Westminster.
Le rendez-vous hebdoma‐ daire incontournable des questions au premier mi‐ nistre à Westminster devrait avoir lieu le mercredi suivant, le 24 juillet.
Selon le Times, les dépu‐ tés vont siéger jusqu'au 31 juillet avant la pause estivale. Ils reprendront les travaux le 2 septembre.
Promesses de change‐ ment
Keir Starmer a promis de changer le Royaume-Uni après 14 ans de pouvoir conservateur, marqué par le Brexit, l'austérité et une pro‐ fonde crise du pouvoir d'achat.
M. Starmer a promis d'abandonner immédiate‐ ment le projet très contro‐ versé de Rishi Sunak, son prédécesseur, d'expulser des migrants au Rwanda, une po‐ litique qu'il a qualifiée de gadget onéreux et inefficace.
Les trois priorités de Keir Starmer sont la stabilité éco‐ nomique, la réduction des listes d'attente pour obtenir des soins de santé et la créa‐ tion d'une nouvelle force de sécurité aux frontières pour lutter contre les niveaux re‐ cords d'immigration clandes‐ tine.
Le nouveau gouverne‐ ment devrait rapidement faire des annonces pour sou‐ tenir la construction de nou‐ veaux logements. Le Parti travailliste a promis de construire 1,5 million de lo‐ gements au cours des cinq prochaines années.
Les droits des travailleurs font partie des sujets priori‐ taires. La future numéro 2 du gouvernement, Angela Ray‐ ner, veut mettre fin aux contrats zéro heure, sans temps de travail minimum garanti, et assouplir les res‐ trictions à l'activité syndicale imposées sous les conserva‐ teurs.
Rachel Reeves, future mi‐ nistre des Finances, pourrait présenter son premier bud‐ get dès septembre ou oc‐ tobre.
Keir Starmer va reprendre le projet de Rishi Sunak de faire du Royaume-Uni un pays sans tabac en interdi‐ sant graduellement la vente de cigarettes. Selon le projet qui avait été présenté par son prédécesseur, les jeunes de moins de 15 ans aujour‐ d'hui ne se feraient jamais vendre légalement de ciga‐ rettes.