Radio-Canada Info

Dernier acte de la campagne avant les législativ­es françaises

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Dimanche, près de 50 mil‐ lions de Français seront ap‐ pelés aux urnes pour élire les 577 députés de l’Assem‐ blée nationale dans le cadre du premier tour des élections législativ­es dé‐ clenchées par le président Emmanuel Macron, le 9 juin dernier.

Alors que les candidats amorçaient vendredi le der‐ nier sprint de leur campagne, l’issue du scrutin demeure imprévisib­le dans la mesure où l’exercice pourrait sonner le glas du gouverneme­nt cen‐ triste du président Macron au profit d’une extrême droite française en pleine as‐ cension.

En ce dernier jour de cam‐ pagne, tous les sondages ac‐ cordaient une avance confor‐ table au Rassemblem­ent na‐ tional (extrême droite) avec environ 37 % des intentions de vote contre 29 % pour la gauche et 21 % pour la majo‐ rité sortante du président Marcon, reléguée en troi‐ sième place.

Depuis que la coalition d’extrême droite a raflé plus de 30 % des voix aux élec‐ tions du Parlement euro‐ péen, début juin, un sérieux doute s’est installé en France sur la réélection d’un gouver‐ nement dirigé par le premier ministre sortant Gabriel Attal.

Le Rassemblem­ent na‐ tional en tête des inten‐ tions de vote

Si on en croit les son‐ dages, le Rassemblem­ent na‐ tional, présidé par Marine Le Pen, pourrait augmenter considérab­lement le nombre de ses députés et boulever‐ ser l’échiquier politique fran‐ çais, voire même obtenir une majorité à l’Assemblée légis‐ lative.

Privé d’une majorité qui lui était acquise à l’Assemblée nationale, le président Em‐ manuel Macron pourrait alors voir son gouverneme­nt paralysé par une obstructio­n systématiq­ue de l’extrême droite à la Chambre basse pour tout le reste de son deuxième et dernier mandat.

Si les gains du Rassemble‐ ment national se traduisaie­nt en sièges lors du deuxième tour des législativ­es, prévu le 7 juillet prochain, Emmanuel Macron pourrait se retrouver en face d'un premier ministre d’extrême droite en la per‐ sonne de Jordan Bardella, âgé de 28 ans.

Un tel scénario entraîne‐ rait la deuxième plus impor‐ tante économie de l'Union européenne en territoire in‐ connu, car les visions poli‐ tiques des deux hommes sont diamétrale­ment oppo‐ sées.

Mais rien n’est encore joué, car le système électoral à deux tours en vigueur en France peut réserver des sur‐ prises d’un côté comme de l’autre. Ce qui permet aux op‐ posants du Rassemblem­ent national de croire qu'ils peuvent encore renverser la vapeur au second tour.

Inquiétude et inconnu

Depuis plusieurs se‐ maines, la possibilit­é de voir une coalition d’extrême droite s’installer aux com‐ mandes de l’Assemblée na‐ tionale soulève de nom‐ breuses inquiétude­s parmi les Français.

Par exemple, s’il devient premier ministre, Jordan Bar‐ della, qui n’a jamais gou‐ verné, a promis qu'il utilise‐ rait ses pouvoirs pour empê‐ cher le président Macron de continuer à fournir des armes à longue portée à l'Ukraine. Le protégé de Ma‐ rine Le Pen affirme craindre que cette pratique n'entraîne la France dans une confron‐ tation directe avec le gouver‐ nement de Moscou. Or, la France est actuelleme­nt l’un des principaux partisans en Europe de la livraison d’armes à longue portée aux forces ukrainienn­es enga‐ gées depuis plus de deux ans dans une guerre sanglante avec la Russie.

Sur un plan plus national, la doctrine d’extrême droite, historique­ment réputée xé‐ nophobe et antisémite, cause également des craintes chez les Français d’origine étran‐ gère.

Plusieurs d’entre eux se sont d’ailleurs dits blessés et inquiets à la suite de la pro‐ position de campagne du Rassemblem­ent national d’interdire aux binationau­x les personnes qui ont deux nationalit­és - l’accès à cer‐ tains emplois dits extrême‐ ment sensibles, par exemple à la Défense ou la Sécurité in‐ térieure.

J'ai beau être Franco-Ma‐ lien, je dois tout à la France, je ne dois rien au Mali à part mon origine familiale. Le Mali ne m'a pas formé; je me sens Français avant tout, a déclaré à l'AFP le blogueur Samba Gassama, 37 ans.

Entendre des Français me rejeter, c'est blessant, a-t-il confié.

Olga Prokopieva, une Franco-Russe arrivée en France en 1995, présidente de l'associatio­n Russie-Liber‐ tés, se sent elle aussi beau‐ coup plus Française que Russe. J'ai fait toutes mes études et ma vie ici, ma fille est binational­e aussi.

Elle juge impensable d'être privée de certains de [ses] droits et possibilit­és. C'est un retour en arrière très inquiétant, lance-t-elle. Peutêtre que le choc sera terrible après les législativ­es, mais pour le moment je préfère ne pas y croire.

En janvier, le RN avait déjà déposé une propositio­n de loi prévoyant la possibilit­é d'interdire l'accès à des em‐ plois dans les administra‐ tions et entreprise­s pu‐ bliques aux Français possé‐ dant une autre nationalit­é.

Environ 3,3 millions de Français pourraient se voir interdire l'accès à un de ces emplois sensibles, selon les estimation­s du syndicat CFDT.

Les liens historique­s de l’extrême droite avec le cou‐ rant antisémite pourraient aussi nuire à l’élection d’une majorité du Rassemblem­ent national au second tour, quoique plusieurs électeurs juifs ont récemment confié à Radio-Canada qu’ils pour‐ raient voter RN en raison no‐ tamment de la sympathie af‐ fichée par la gauche pour le mouvement palestinie­n Ha‐ mas.

À gauche, la popularité du RN aux élections euro‐ péennes a eu l’effet d’un coup de fouet pour des for‐ mations politiques aupara‐ vant divisées, qui se sont unies sous la bannière du Nouveau Front populaire pour barrer la route à l’ex‐ trême droite en se ralliant derrière des promesses d’une meilleure répartitio­n de la richesse, de l'augmenta‐ tion du salaire minimum, du renverseme­nt de la très im‐ populaire réforme des re‐ traites et du rétablisse­ment de l'impôt sur la fortune.

Au centre, le président Macron et ses candidats d'Ensemble pour la Répu‐ blique martèlent avec achar‐ nement que les blocs de gauche ou de droite sont ex‐ trêmes et dangereux pour l’équilibre du pouvoir, la co‐ hésion et la paix sociale dans le pays.

Fait étonnant, en déclen‐ chant ces élections législa‐ tives anticipées au lendemain de sa défaite humiliante au vote pour le Parlement euro‐ péen - dans l’espoir de ren‐ forcer le soutien populaire envers son gouverneme­nt -, le président Macron a boule‐ versé la donne politique dans son pays et peut-être ouvert la voie à l’établissem­ent du premier gouverneme­nt d’ex‐ trême droite en France de‐ puis l’occupation nazie, il y a

84 ans.

Les Françaises plus nombreuses à appuyer l'ex‐ trême droite

Cette perspectiv­e ne fait plus aussi peur qu’avant aux Français et surtout aux Fran‐ çaises, s’il faut en croire une récente enquête d'opinion qui donnait 37 % des inten‐ tions de vote pour le RN aux femmes sondées contre 35 % pour les hommes.

Parmi les opinions expri‐ mées, des répondante­s vote‐ ront Rassemblem­ent natio‐ nal pour se sentir plus en sé‐ curité dans leur pays, tandis que d’autres affirment qu’elles vont le faire pour protéger leur pouvoir d’achat.

Si la France était autrefois l’un des pays où les femmes rejetaient fortement l’ex‐ trême droite, ce n’est plus le cas aujourd’hui, constate la chercheuse en sciences poli‐ tiques au Centre national de la recherche scientifiq­ue (CNRS) Anja Durovic, interro‐ gée par l’Agence FrancePres­se. Ce temps est révolu, le genre n'a plus d'impact sur le vote RN, assure-t-elle.

Les Françaises sont égale‐ ment aujourd’hui plus en‐ clines à voter pour l’extrême droite que leurs congénères des autres pays de l’UE.

La parité d'aujourd'hui est une spécificit­é française, ob‐ serve l'Autrichien­ne Stefanie Buzaniuk, de la Fondation Robert Schuman. Dans les autres pays [d'Europe], il reste un écart de genre à l'ex‐ trême droite.

Les bons résultats du Ras‐ semblement national en France s'expliquent surtout grâce à Marine Le Pen, qui a réussi à féminiser le discours du RN par rapport à son père, plutôt sexiste, note Mme Buzaniuk.

De son côté, Jordan Bar‐ della se posait jeudi en pro‐ tecteur des femmes, dont il affirme vouloir garantir les droits, notamment en réglant la question de l'immigratio­n pour mieux [les] protéger dans l'espace public.

À un peu plus de 24 heures du vote, le président français Emmanuel Macron a pour sa part promis de don‐ ner des consignes de vote claires si un duel survenait au second tour des législativ­es entre la gauche et le parti d'extrême droite Rassemble‐ ment national (RN), présenté comme le grand favori du scrutin.

sement, mais cela a le mérite de mettre sur la table la question que certains démo‐ crates se posent : est-il trop tard pour changer de candi‐ dat pour le 5 novembre?

Est-il possible de chan‐ ger de candidat?

Les règles du parti rendent presque impossible le remplaceme­nt d'un candi‐ dat sans son consenteme­nt. Cela signifiera­it que les ins‐ tances du parti devraient an‐ nuler les résultats des pri‐ maires au cours desquelles les électeurs démocrates ont désigné Biden à une écra‐ sante majorité. Près de 99 % des délégués ont voté pour lui. Et puis, pour l’instant, il n’y a aucune campagne mise de l’avant pour écarter Biden comme candidat à sa propre réélection.

Toutefois, la charte du Co‐ mité national démocrate pré‐ voit des dispositio­ns pour le cas où le candidat du parti serait frappé d'incapacité ou choisirait de se retirer.

Il faudrait idéalement que cela se fasse avant la conven‐ tion afin de confier le choix d'un successeur lors de cette grand-messe démocrate qui se tiendra à Chicago. Ce coup de théâtre créerait évidem‐ ment une certaine cohue puisque la situation serait plutôt unique en son genre.

Quant à ceux qui rêve‐ raient de tasser Joe Biden sans son consenteme­nt, ils devront déchanter, car il n'existe en fait aucun méca‐ nisme permettant au parti démocrate de remplacer un candidat avant la convention dans ce cas-là et encore moins de nommer le succes‐ seur choisi.

Et puis comment justifier le remplaceme­nt d’un pré‐ sident en fonction qui en plus a obtenu 3900 des 4000 délégués du parti lors des primaires et caucus?

En attendant…

Non loin de ses scénarios échafaudés en coulisses, Joe Biden et ses démocrates vont scruter avec beaucoup d’im‐ patience et une attention soutenue les prochains son‐ dages. Si jamais, les inten‐ tions de vote qui donnaient déjà une avance de Donald Trump dans les États-clés à remporter pour gagner la Maison-Blanche, ne font que se raffermir en sa faveur de‐ puis la piètre performanc­e de Joe Biden, les appels à son retrait de la course pour‐ raient se faire plus nom‐ breux. Ce qui annoncerai­t une période tumultueus­e en cette année d’élection cru‐ ciale pour les Américains.

À suivre…

à répliquer : Bien, je ne pense pas que beaucoup de gens croient ça, avant de changer de sujet.

Et laissez-moi vous parler du 6 janvier. Le 6 janvier, nous avions une grande fron‐ tière, personne ne passait, très peu. Le 6 janvier, nous étions indépendan­ts sur le plan énergétiqu­e. Le 6 jan‐ vier, nous avions les impôts les plus bas de tous les temps. Nous avions les régle‐ mentations les plus basses de tous les temps. Le 6 jan‐ vier, nous étions respectés dans le monde entier.

Donald Trump, candidat républicai­n et ex-président des États-Unis

Il a de plus multiplié les affirmatio­ns mensongère­s, sans être repris par les mo‐ dérateurs, CNN ayant estimé que ce n'était pas leur rôle.

L'ancien président a entre autres accusé l'ex-présidente de la Chambre des représen‐ tants Nancy Pelosi d'être res‐ ponsable de l'assaut du Capi‐ tole, affirmant qu'elle avait refusé l'envoi de membres de la Garde nationale.

Sur son site web, la divi‐ sion de la Garde nationale de Washington dit ne prendre ses ordres que du président.

Il a aussi soutenu qu'un petit nombre de personnes étaient entrées dans le Capi‐ tole et qu'elles y avaient dans plusieurs cas été conduites par les policiers, une affirma‐ tion que le chef de la police du Capitole avait déjà contre‐ dite.

Sur la question de l'avor‐ tement, Donald Trump a ac‐ cusé les démocrates d'être radicaux, travestiss­ant leur position.

Ils vont enlever la vie à un enfant au huitième mois, au neuvième mois, et même après la naissance, après la naissance.

Donald Trump, candidat républicai­n et ex-président des États-Unis

Interrogé sur les change‐ ments climatique­s, il a dit vouloir de l'eau immaculée et de l'air immaculé, ajoutant qu'il avait eu les meilleurs chiffres environnem­entaux jamais enregistré­s quand il était président, une affirma‐ tion peu précise, mais non confirmée par les faits.

Je n'ai jamais vu un homme mentir autant que lui, a-t-il pourtant déclaré au sujet de son rival.

Joe Biden a d'ailleurs lui aussi véhiculé des faussetés, se trompant par exemple dans le prix de l'insuline ou sous-estimant le nombre de militaires morts pendant son mandat. En comparaiso­n, les affirmatio­ns de Donald Trump allaient toutefois beaucoup plus loin.

Les modérateur­s ont par ailleurs dû presser trois fois l'ancien président, qui nie toujours sa défaite de 2020, pour l'entendre dire s'il ac‐ cepterait les résultats de l'élection.

Si c'est une élection juste, légale et bonne, absolument, a-t-il répondu, profitant du même souffle de la question pour réitérer ses griefs élec‐ toraux.

La fraude et tout le reste étaient ridicules, a-t-il dit. Son propre départemen­t de la Justice avait pourtant rejeté l'idée de fraudes massives qui auraient changé le résul‐ tat de l'élection.

Des insultes en abon‐ dance

L'un et l'autre des candi‐ dats se sont non seulement accusés d'être incompéten­ts, mais ont aussi fait fuser les attaques personnell­es.

Joe pourrait être condamné pour toutes les choses qu'il a faites. Il a fait des choses horribles, a sou‐ tenu Donald Trump, évo‐ quant tous les morts à la frontière. Cet homme est un criminel.

Joe Biden a, lui, fait allu‐ sion au verdict de culpabilit­é rendu contre Donald Trump il y a quelques semaines par un jury new-yorkais.

La seule personne sur cette scène qui est un crimi‐ nel condamné est l'homme que je suis en train de regar‐ der.

Joe Biden, candidat et pré‐ sident des États-Unis

Tu as la moralité d'un chat de gouttière, a lancé Joe Bi‐ den, évoquant la condamna‐ tion de Donald Trump au civil pour agression sexuelle et à la relation sexuelle alléguée avec l'ex-actrice de cinéma pornograph­ique Stormy Da‐ niels pendant que [sa] femme était enceinte.

Poursuivi au criminel à

New York, Donald Trump a été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation de falsifi‐ cation de documents finan‐ ciers pour dissimuler un paiement secret fait à Stormy Daniels, afin de favoriser sa victoire électorale en 2016.

La pointe du démocrate a suscité une réponse surpre‐ nante pendant un débat pré‐ sidentiel : Je n'ai pas couché avec une vedette du porno.

Joe Biden a par ailleurs qualifié son adversaire de perdant (une référence à des propos qu'aurait tenus Do‐ nald Trump sur les vétérans) et de plaignard.

Donald Trump, résolu‐ ment dans le camp d'Israël, a pour sa part accusé Biden de se comporter comme un Pa‐ lestinien.

Deux gentes visions diver‐

Économie, inflation, guerre en Ukraine, OTAN, im‐ migration, les sujets de contentieu­x entre deux hommes aux visions aux an‐ tipodes n'ont pas manqué.

Ils ont tous deux affirmé avoir mieux sécurisé la fron‐ tière américano-mexicaine que leur adversaire.

Il a décidé d'ouvrir nos frontières, d'ouvrir notre pays à des gens qui viennent de prisons, d'institutio­ns psy‐ chiatrique­s, d'asiles d'aliénés, de terroriste­s, a affirmé Do‐ nald Trump.

Joe Biden a de son côté reproché à son prédécesse­ur d'avoir mis en place des me‐ sures radicales pendant sa présidence.

Nous nous sommes re‐ trouvés dans une situation où, lorsqu'il était président, [Donald Trump] séparait les bébés de leurs mères, les mettait dans des cages, veillait à ce que leurs familles soient séparées, a-t-il dit.

Joe Biden a bien parlé du droit à l'avortement, mais il n'a pas insisté sur la question autant qu'on aurait pu s'y at‐ tendre. C'est l'un des seuls enjeux où les Américains lui font plus confiance qu'à Do‐ nald Trump.

Le segment sur leur âge s'est par ailleurs conclu sur un échange surréel : Donald Trump s'est vanté d'avoir réussi des tests cognitifs et d'avoir remporté des tour‐ nois de golf, ce qui a lancé une querelle entre les deux hommes où il a été question de sacs de golf et de handi‐ cap.

Fait digne de mention quoique pas surprenant - les deux hommes ne se sont pas serré la main à leur arrivée sur le plateau.

Ce premier affronteme­nt est survenu exceptionn­elle‐ ment tôt, avant même que les deux politicien­s ne soient officielle­ment désignés can‐ didats de leur parti, une étape prévue dans des convention­s qui se déroule‐ ront plus tard cet été.

Théoriquem­ent, un deuxième débat, organisé par ABC, doit avoir lieu le 10 septembre.

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