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La liste d’attente s’allonge à la DPJ, malgré une chute des signalemen­ts

- Renaud Chicoine-McKenzie

La pénurie de personnel évaluateur se fait de plus en plus sentir à la protec‐ tion de la jeunesse de la Côte-Nord. En date de mardi, 78 enfants sont sur une liste d’attente. Le syn‐ dicat déplore la situation, tout comme la direction.

Le délai moyen avant que la situation d’un enfant ne soit évaluée est actuelleme­nt de 42 jours. Quand on ré‐ pond aux urgences, il n'y a aucun délai, assure Nadia Denis, la directrice de la pro‐ tection de la jeunesse sur la Côte-Nord. Ce sont les en‐ fants dont la situation est moins urgente qui se re‐ trouvent en liste d'attente, re‐ connait-elle toutefois.

C’est inacceptab­le, pour moi, d’avoir des enfants sur une liste d’attente.

Nadia Denis, directrice de la protection de la jeunesse sur la Côte-Nord

Or, l’Alliance du personnel profession­nel et technique de la santé et des services sociaux, l’APTS, estime que même si leur situation est moins urgente, ces enfants souffrent de cette attente. S’il n’y a pas de services, les choses s’aggravent la plupart du temps, affirme Mylaine Larocque, la présidente du syndicat sur la Côte-Nord.

Les gens qui reçoivent les services sont aussi dans l’in‐ compréhens­ion. Ils se de‐ mandent : "Ça fait des mois que ça dure, pourquoi inter‐ venez-vous aujourd'hui?"

Mylaine Larocque, prési‐ dente de l'APTS Côte-Nord

Le syndicat ne blâme ni le CISSS de la Côte-Nord ni la DPJ pour le manque de maind’oeuvre, mais plutôt le gou‐ vernement. J’ai interpelé di‐ rectement le ministre Car‐ mant, indique Sébastien Pitre, le responsabl­e du dos‐ sier des centres jeunesse à l’APTS. Il a dit qu’il voulait co‐ opérer avec nous pour amé‐ liorer ce que les travailleu­rs vivent.

Seulement la moitié des 28 postes d’évaluation sont pourvus dans la région. À Sept-Îles, les besoins sont particuliè­rement criants, alors que seulement quatre des 14 postes sont comblés.

Des signalemen­ts trai‐ tés en chute libre, mais…

La DPJ de la Côte-Nord en‐ registre une baisse marquée des signalemen­ts traités : avec 2912 signalemen­ts en 2023-2024, c'est 34 % de moins que l’année précé‐ dente. Parmi ceux-ci, 645 ont été retenus pour évaluation.

Cette baisse s’explique no‐ tamment par une réorganisa‐ tion du travail de la protec‐ tion de la jeunesse, qui fait de plus en plus appel à des organismes communauta­ires et à des ressources de pre‐ mière ligne, selon l’APTS.

Pour le syndicat, cette ap‐ proche ne diminue pas la pression sur le personnel de l’établissem­ent de santé. Au CLSC, qui offre des services de première ligne, ils doivent intervenir dans des familles auprès desquelles ils n’inter‐ venaient pas. Ils n’ont pas né‐ cessaireme­nt le niveau d'ex‐ pertise pour intervenir, dit Mme Larocque.

Par ailleurs, si moins de cas se rendent à la DPJ, son personnel fait face à des cas de plus en plus graves.

C’est sûr que quand ça ar‐ rive en protection de la jeu‐ nesse, les situations sont vraiment très lourdes et les filles sont de plus en plus confrontée­s à des d'horreurs.

Mylaine Larocque, pré‐ sident de l’APTS Côte-Nord

Résultat : Les troupes sont essoufflée­s, dit-elle.

De son côté, Nadia Denis espère que la convention col‐ lective, qui est entrée en ap‐ plication dans les derniers jours, aidera l’établissem­ent de santé à trouver des em‐ ployés. On espère que le tra‐ vail à la protection de la jeu‐ nesse sera reconnu, dit-elle.

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