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Francos de Montréal : les chansons de Jean-Pierre Ferland passées aux suivants

- Élise Jetté

Tous les classiques de JeanPierre Ferland se sont pa‐ rés de leur plus beaux atours aux Francos de Montréal, mardi soir, pour un hommage émotif au grand chanteur décédé en avril.

Ariane Roy, Hubert Lenoir, Karkwa, Lou-Adriane Cassidy, Vincent Vallières, Marie-De‐ nise Pelletier, Marie-Pierre Arthur, Martha Wainwright, Patrice Michaud, Thierry La‐ rose, Soleil Launière et Adib Alkhalidey ont enchaîné les succès sous la direction artis‐ tique d’Ariane Moffatt et la direction musicale de JeanBenoit Lasanté.

En ouverture de spectacle, devant le parterre bondé de la Place des Festivals, Ariane Moffatt a comparé le Ferland du Québec au verlan inventé en France, procédé argotique qui consiste à inverser le dé‐ but et la fin d’un mot.

Ainsi, elle a expliqué les rouages de la langue de Fer‐ land, celle qui a influencé la nation, de génération en gé‐ nération. « Le retour aux sources, en Ferland, se dit, Je reviens chez nous », a-t-elle lancé.

C’est avec Le petit roi que la bande a amorcé la soirée, puis Ariane Roy a entamé T’es mon amour, t’es ma maî‐ tresse avant d’être rejointe par Hubert Lenoir au second couplet, accueilli par un ton‐ nerre d’applaudiss­ements.

En vrai petit roi, avec une veste à franges dorées, Thierry Larose a interprété Maman ton fils passe un mauvais moment, après qu’Ariane Moffatt ait expliqué qu’il s’agissait d’une chanson écrite par Ferland, alors qu’il avait quarante ans et que, le lieu pour se retrouver, peu importe l’âge, c’est au creux des bras d’une mère.

Passer aux suivants

Quand Vincent Vallières a amorcé La route 11, on a compris que quand l’on chante Ferland, la chanson qu’on entonne devient la nôtre. Durant toute la presta‐ tion, si chaque artiste a inter‐ prété l'oeuvre du grand au‐ teur-compositeu­r en y met‐ tant quelques traits de pein‐ ture de ses propres couleurs, les grandes lignes sont de‐ meurées intactes et les mots bien vivants.

Ainsi, la voix de Marie-De‐ nise Pelletier s’est élevée au sommet de notes, plus hautes que ce que ce que Jean-Pierre Ferland aurait pu soutenir avec la sienne, sur sa reprise de la belle Avant de m'assagir. Difficile à ce moment de déterminer à qui appartenai­t la chanson. Et peut-être que Ferland a donc légué sans le savoir chacun de ses textes à ceux qui sau‐ ront les porter longtemps.

Tout le monde a rajeuni du nombre d’années requis pour regagner la vingtaine, alors que Le Roy, la Rose et le Lou(p), Ariane Roy, Thierry Larose et Lou-Adriane Cas‐ sidy, ont soutenu à trois Quand on aime on a toujours 20 ans.

Vincent Vallières a parlé de son adolescenc­e avant Écoute pas ça. L’écart d’âge était grand [entre le chanteur et nous], mais Ferland nous parlait au coeur et le coeur n’a pas d’âge, a-t-il déclaré, ému.

Et quand il a chanté, les yeux pleins d’eau, les paroles j’aimerais ça qu’on se marie, on les a entendues comme un prélude à On va s’aimer encore. passé.

Martha Wainwright a of‐ fert La musique qui sauve la vie de tout le monde, s’éri‐ geant en pilier au centre du parcours de tous les musi‐ ciens sur scène.

On a entendu l’amour d’une vie, parti pour toujours quand Julie Anne Saumur, la conjointe de Jean-Pierre Fer‐ land, a interprété Un peu plus haut, un peu plus loin, les yeux aux ciel.

Dans un discours d’une grande poésie, Adib Alkhali‐ dey a parlé des mots de Fer‐ land qui ont touché l’âme des gens et des racines un peu abimées des enfants issus de l’immigratio­n comme lui, qui

Le flambeau a été réussissen­t finalement à se raconter grâce aux pépites d’or que représente­nt les chansons de Ferland.

Hubert Lenoir a donné l’envie à tout le monde de faire les choses de manière un peu plus grande, un peu plus sentie, et en y mettant du sien en interpréta­nt tel qu’il l’a fait sur son premier album Darlène, Si on s’y met‐ tait.

Je ne suis pas sorteux, ces temps-ci, mais Jean-Pierre Ferland a tellement eu un grand impact sur moi que je n’avais pas le choix de venir lui rendre hommage. Merci JP.

Hubert Lenoir

On est rentrés à la maison avec Marie-Pierre Arthur qui a chanté Je reviens chez nous, alors que la chaleur ca‐ niculaire du mois de juin a été, le temps d’une chanson, celle du feu qui brûle dans la cheminée.

Il y avait de quoi penser que les pièces de Ferland vi‐ vront encore plusieurs vies.

La chance de rencontrer le public

À la fin de sa vie, JeanPierre Ferland a mesuré l’am‐ pleur de son legs, mais sur‐ tout, la grandeur de l’amour du public dont il a pu profi‐ ter. On a pu l’entendre une dernière fois, à la fin du spec‐ tacle, sur l’écran géant : Merci à la musique de m’avoir donné la chance de vous ren‐ contrer.

Même si plusieurs inter‐ prètes sur la scène avaient du mal à lever les yeux vers le public pour cesser de lire les paroles des pièces de Fer‐ land - bien qu’on puisse com‐ prendre le facteur stress d’une Place des festivals rem‐ plie à craquer - chaque chan‐ son s’est glissée dans leurs voix comme une main dans un gant fabriqué sur mesure.

Le spectacle est arrivé à sa fin avec Le soleil emmène au soleil et toute la troupe a chanté en choeur Oh! comme c'est beau vu d'en haut et il a été facile d’imaginer JeanPierre Ferland, de là où il est, la trouver belle la foule et la trouver belle la musique, vue d’en haut.

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