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Carmina Burana : les préparatif­s d’un grand rendez-vous musical à Gatineau

- Valérie Lessard

Pour la première fois de son histoire, l’Orchestre symphoniqu­e de Gatineau (OSG) se met en mode festi‐ val, sous chapiteau, du 13 au 15 juin. Le clou des trois journées de programma‐ tion s’avère la reprise de Carmina Burana, vendredi soir. Incursion en images dans les coulisses des répé‐ titions du spectacle qui réunira quelque 230 musi‐ ciens, choristes et solistes sur scène. Des beaux souvenirs pour Yves Léveillé

Le maestro Yves Léveillé, qui est aussi le directeur ar‐ tistique de l’OSG, se fait plai‐ sir en reprenant Carmina Bu‐ rana au moins une autre fois avant la retraite, confie-t-il. Il en avait fait le point d’orgue des célébratio­ns du 10e anni‐ versaire de l’ensemble qu’il a fondé en 2017.

Mais il garde un souvenir particuliè­rement impéris‐ sable de la première fois qu’il a dirigé cette cantate devant le public de la région. C’était en avril 1998… sur la glace de l’aréna Robert-Guertin, re‐ couverte de feuilles de contreplaq­ué pour l’occasion. Les choeurs d’enfants étaient installés sur les bancs des joueurs et il y avait des boules disco au plafond! se souvient Yves Léveillé en riant.

Une oeuvre profane aux effluves passionnés

Carmina Burana fait par‐ tie d’un triptyque musical du compositeu­r allemand Carl Orff. L'oeuvre, qui veut dire

Poèmes chantés de Beuren, s’inspire de 24 poèmes du Moyen Âge, retrouvés dans l’abbaye de Benediktbe­uern, en Allemagne.

Ces chants profanes, ma‐ riant vieil allemand, latin et ancien français, font écho aux délices et tourments de l’amour et de l’ivresse, mais aussi à l’éveil de la nature et des sens dans un cycle de re‐ nouveau païen. Les dernières répétition­s de groupe repré‐ sentent, pour les musiciens, une autre occasion d’annoter leurs partitions pour bien re‐ fléter les intentions du chef d’orchestre.

Faire chanter tout monde en choeur le

C’est à Antonio Llaca que revient la responsabi­lité de coordonner le travail des quelque 170 chanteuses et chanteurs qui feront partie du spectacle. Parmi eux, on compte une quarantain­e d’enfants. Ces derniers sont âgés de 9 à 14 ans et pro‐ viennent de l’École des Ra‐ pides-Deschênes et de l’École du Plateau, mais aussi de la Chinese Canadian Children’s Choir of Canada.

Dans une petite pièce, le chef de choeur profite de quelques minutes pour leur faire faire des vocalises,

avant que les jeunes prennent place dans la grande salle avec les adultes pour répéter pour la pre‐ mière fois avec l’orchestre, les solistes et les choristes.

Apprivoise­r l’orchestre… et le son du gong!

Après avoir laissé échap‐ per un petit cri de surprise lorsque le gong s’est puis‐ samment fait entendre juste devant elle, la jeune Rose (à droite) retrouve sa concen‐ tration pour reprendre le lé‐ gendaire Ô Fortuna, sans contredit l’air le plus (re)connu de Carmina Bu‐ rana.

La répétition s’avère l’oc‐ casion pour les jeunes cho‐ ristes d’apprivoise­r les bruits et autres sources de distrac‐ tion en prévision du concert. Âgée de 10 ans, Rose ne cache pas qu’elle est excitée par toute cette expérience, même si elle a trouvé difficile d’apprendre à chanter dans d’autres langues au cours des trois dernières semaines.

Une 34e fois pour le tim‐ balier Alain Lamothe…

Maillets en main, le timba‐ lier Alain Lamothe sourit der‐ rière ses instrument­s. Le vé‐ téran dit avoir perdu le compte, mais il mentionne compter au moins 33 inter‐ prétations de Carmina Bu‐ rana à son actif. S’il l’apprécie autant, c’est parce que la par‐ tition met en valeur les per‐ cussions et lui permet de tra‐ vailler en équipe.

Ils sont d’ailleurs six autres percussion­nistes en poste, qui aux timbales, qui au glockenspi­el, qui aux cloches tubulaires. C’est une oeuvre composée de chants profanes et, dans ce tempslà, les tambours étaient un moyen de communicat­ion, rappelle M. Lamothe. Chaque percussion, du triangle au gong, a un rôle particulie­r à jouer dans cette partition.

… et une première pour le ténor Alexis Poirier

Les choristes adultes re‐ présentent des ensembles provenant des deux côtés de la rivière : le Choeur classique de l’Outaouais, Coro Vivo Ot‐ tawa, le Choeur de l’Univer‐ sité Carleton et celui de l’Uni‐ versité d’Ottawa, sans oublier le Choeur de l’OSG. Le ténor Alexis Poirier (à gauche) en a d’ailleurs rejoint les rangs en janvier dernier et répète assi‐ dûment depuis un mois en prévision du spectacle de vendredi.

Il s’est intéressé aux textes pour s’assurer de com‐ prendre le sens de ce qu’il chante. Il y a aussi un côté très rythmique, très éner‐ gique à la pièce. J’ai passé plusieurs heures juste à réci‐ ter le texte à voix haute, à la maison, avec un métronome, explique-t-il.

Trois solistes en vedette

En ce lundi soir de grand rassemblem­ent, les trois so‐ listes choisis pour cette pro‐ duction de l’OSG se pré‐ parent à répéter pour la pre‐ mière fois avec Yves Léveillé, les membres de l’orchestre et tous les choristes.

La soprano d’origine gati‐ noise Sophie Naubert chan‐ tera en compagnie du bary‐ ton-basse Dominique Côté et du ténor Mishael Eusebio. Ces derniers ont tous les deux récemment pris part à la tournée des Grands Ballets Canadiens, qui reprenaien­t justement Carmina Burana.

Sophie Naubert, de cho‐ riste à soliste

Sophie Naubert s’est frot‐ tée les cordes vocales à Car‐ mina Burana pour la pre‐ mière fois en 2017, puis‐ qu’elle était choriste lors de la soirée marquant le 10e an‐ niversaire de l’OSG, à la Mai‐ son de la culture de Gati‐ neau. J’étais à ma deuxième année en chant classique, au niveau collégial, et ç’a été toute une découverte, pour moi, Carmina Burana, se re‐ mémore-t-elle.

Poursuivan­t aujourd’hui sa formation à l’Atelier ly‐ rique de l’Opéra de Montréal, la Gatinoise d’origine boucle la boucle avec ce retour aux sources. Je retrouve des an‐ ciens amis du Conservato­ire parmi les musiciens, et même des professeur­s du secondaire, parmi les cho‐ ristes!, lance-t-elle dans un sourire.

S’adapter à l’extérieur et à la nouveauté

Le Grand rendez-vous musical de l’OSG se dérou‐ lera sous un immense chapi‐ teau pouvant accueillir jus‐ qu’à 900 personnes assises, érigé place de la Cité, non loin de la Maison de la culture de Gatineau. À l’instar des bois, les sonorités des cordes peuvent être altérées par les conditions exté‐ rieures. L’instrument à cordes réagit beaucoup à l’humidité, cite en exemple Marthe Char‐ lebois.

Jeudi soir, l'orchestre plon‐ gera dans le répertoire de Genesis, au grand plaisir de la violoniste. C’est un défi, parce que, oui, j’écoutais ça quand j’étais jeune, mais de le jouer de façon sympho‐ nique, c’est tout à fait nou‐ veau, ajoute-t-elle.

Le Grand rendez-vous musical de l’OSG se conclura par une incursion dans l’uni‐ vers d’Ari Cui Cui, également en mode symphoniqu­e, sa‐ medi. Ce spectacle familial et gratuit sera présenté en après-midi.

blic pour presque tous les types de danse, de musique, de théâtre ou d'arts visuels, observe-t-elle.

Quant à la place des ar‐ tistes noirs au sein de sa pro‐ grammation, Celia Smith af‐ firme qu'il est crucial de re‐ fléter la diversité de notre ville et les nombreuses expé‐ riences de ses habitants, ainsi que de donner la parole à ceux dont les récits sont moins entendus et qui n'ont pas eu autant de visibilité.

Il faut des personnes en‐ gagées, à l'intérieur de ces établissem­ents, pour lutter en faveur de la représenta‐ tion de l'art noir.

William Ukoh

William Ukoh est opti‐ miste face à l'avenir, mais il est conscient qu'il faudra l'appui continu de personnes clés au sein de la Ville et des organisati­ons artistique­s pour continuer de créer de l'espace pour les artistes noirs.

Sans cela, je ne sais pas si Internet sera suffisant [pour leur visibilité], croit-il.

Le Festival Luminato se poursuit jusqu'au 16 juin.

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