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Les promoteurs privés en éolien veulent plus de détails d’Hydro-Québec sur leur avenir

- Stéphanie Rousseau

Des promoteurs privés en éolien ont encore de nom‐ breuses questions sur leur place dans le développe‐ ment de la filière, après qu'Hydro-Québec a an‐ noncé vouloir devenir le maître d'oeuvre des futurs grands projets.

Plus de 200 représenta­nts du secteur des énergies re‐ nouvelable­s étaient rassem‐ blés dans le cadre du Col‐ loque sur les énergies renou‐ velables à Carleton-sur-Mer organisé par le Centre de re‐ cherche en énergies renou‐ velables Nergica.

La présentati­on de Ma‐ thieu Johnson, vice-président stratégies et développem­ent pour Hydro-Québec, a no‐ tamment été suivie avec beaucoup d’attention par les participan­ts de la filière éo‐ lienne.

Les promoteurs privés de projets éoliens ont soulevé de nombreuses préoccupa‐ tions face à leur futur rôle dans le développem­ent de la filière au Québec, après l’an‐ nonce récente par HydroQuébe­c de sa volonté de prendre le contrôle de cette filière.

La société d'État veut tri‐ pler la production d'éolien au Québec d'ici 2035 et ajouter 10 000 mégawatts avec de gros parcs éoliens. HydroQuébe­c

veut aussi devenir maître d'oeuvre et actionnair­e de tous les projets éoliens de plus de 1000 mégawatts.

Le président du conseil d’administra­tion de l’Associa‐ tion québécoise de la pro‐ duction d'énergie renouve‐ lable (AQPER), Daniel Gi‐ guère, a notamment pris la parole.

L’industrie est inquiète. Elle est inquiète parce qu’il y a beaucoup de producteur­s indépendan­ts qui, depuis une vingtaine d’années, ont développé la filière éolienne et ont fait de cette ressource ce qu’elle est devenue au‐ jourd’hui, a lancé Daniel Gi‐ guère.

Daniel Giguère a aussi de‐ mandé au représenta­nt d’Hy‐ dro-Québec si les promo‐ teurs privés seraient de nou‐ veau partenaire­s avec la so‐ ciété d'État dans les futurs parcs éoliens.

Il y a une zone qui n’est pas claire. Pourriez-vous nous rassurer là-dessus? Et aussi, on se demande, oui, il y aura de grands projets éo‐ liens de plus de 1000 méga‐ watts, mais quelle sera la place des producteur­s indé‐ pendants? Est-ce qu’on sera seulement consultés comme une ressource spécialisé­e dans le domaine ou comme de véritables partenaire­s?, a ajouté Daniel Giguère.

Sans offrir beaucoup de détails spécifique­s sur la place exacte qu’envisage la société pour les promoteurs privés, le représenta­nt d’Hy‐ dro-Québec s’est montré ras‐ surant.

Hydro-Québec, on est un monopole, mais on n'a pas le monopole des bonnes idées. Donc, de commencer à trai‐ ter des partenaire­s privés comme des ressources, on se priverait de beaucoup de sa‐ voir informel et d’opportuni‐ tés de créer de la richesse ensemble, a affirmé Mathieu Johnson.

Pour sa part, le maire de Matane, Eddy Métivier, a tenté d’en savoir plus sur la place qu’aurait le contenu québécois dans les projets d’éolien, alors que les usines de Marmen et Enercon ont fermé leurs portes et que l’usine LM Wind Power à Gaspé a perdu d’importants contrats ces derniers mois.

Quelle est la sensibilit­é d’Hydro-Québec à s’assurer qu’il y ait un contenu local? On a de grands fabricants ici, au Québec, et j’ai perdu 200 emplois à Matane, a lancé Eddy Métivier, se disant aussi conscient de l’importance de la compétitiv­ité et de la ren‐ tabilité des projets.

C’est une très grande pré‐ occupation, a indiqué Ma‐ thieu Johnson, qui a semblé miser sur l’importance de fa‐ voriser les chaînes d’approvi‐ sionnement locales.

Pour nous, d’avoir des chaînes d’approvisio­nnement locales, ça n’a pas que des bénéfices d’un point de vue "emplois", ça a aussi des bé‐ néfices au plan géopolitiq­ue. Avec toutes les perturbati­ons des chaînes d’approvisio­nne‐ ment qu’on a connues avec la guerre en Ukraine et la pan‐ démie, ça nous a mis les yeux devant les trous sur la fragilité des chaînes d’appro‐ visionneme­nt à l’échelle mondiale et c’est une ques‐ tion de sécurité énergétiqu­e, a indiqué Mathieu Johnson.

Des éléments de ré‐ ponse... et plus de ques‐ tions

Malgré les questions tou‐ jours en suspend, après la rencontre, quelques interve‐ nants ont déclaré qu’ils avaient trouvé des éléments de réponse dans l’allocution du représenta­nt d’HydroQuébe­c.

Je pense qu’il reste encore des questionne­ments, mais je pense que le message au‐ jourd’hui était rassurant sur la présence de l’ensemble des acteurs de l’industrie pour la suite des choses et le développem­ent des grands projets comme Hydro-Qué‐ bec, a exprimé Jean-François Thériault, directeur-général de l’Alliance de l'énergie de l'Est.

Pour l’alliance, c’est sur que le développem­ent de l’Est passe par le développe‐ ment d'infrastruc­tures de transport électrique, donc le fait qu’Hydro-Québec re‐ garde des projets structu‐ rants, pour nous, va en lien avec le développem­ent de la ressource et c’est un mes‐ sage qui est intéressan­t.

Pour sa part, Luiz Calzado, président et directeur géné‐ ral de l’Associatio­n québé‐ coise de la production d’éner‐ gie renouvelab­le, a été satis‐ fait d’entendre que le proces‐ sus serait compétitif pour les projets de plus de 1000 mé‐ gawatts.

Il y a eu quelques clarifica‐ tions sur la compétitiv­ité des grands projets, mais pour le timeline de quand ces projets vont être déployés ou quand ça va être fait, il y a encore du travail à faire du côté d’Hydro-Québec, a men‐ tionné Luiz Calzado.

Pour sa part, le maire de Matane attend de voir ce qu'amènera l'avenir.

On verra avec le temps, ça ne m'a pas nécessaire­ment satisfait. Pour Matane, les 200 emplois, c’est perdu, mais on espère quand même que Marmen va pouvoir re‐ trouver sa place au soleil au niveau éolien parce que l’in‐ frastructu­re est là et l’usine est là.

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