Radio-Canada Info

La sécurité au Centre jeunesse de Chicoutimi revue après un rapport de la CNESST

- Alexandra Duchaine

Les employés du Centre jeunesse Saint-Georges de Chicoutimi réclamaien­t des changement­s sur leur lieu de travail pour assurer leur sécurité, mais le Centre in‐ tégré de santé et de ser‐ vices sociaux du SaguenayLa­c-Saint-Jean (CIUSSS) a attendu qu’une situation problémati­que survienne pour agir, déplore leur syn‐ dicat.

Après avoir mené une en‐ quête à la suite de la fuite d’un adolescent en avril der‐ nier, la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du tra‐ vail (CNESST) conclut que des changement­s doivent être apportés dans l’aménage‐ ment du bâtiment érigé sur la rue Bégin afin de garantir la protection des interve‐ nants et qu’une formation doit leur être offerte.

Des correctifs ont été de‐ mandés à l’employeur concernant notamment la mise en place de procédures et le réaménagem­ent des lieux, indique l’organisme par courriel, sans donner des dé‐ tails sur les mesures exigées.

Le CIUSSS du SaguenayLa­c-Saint-Jean confirme qu’un plan d’action a été dé‐ ployé pour chaque recom‐ mandation de la CNESST et qu’ un suivi régulier est effec‐ tué par la CNESST pour vali‐ der les mesures et améliora‐ tions qui ont été apportées.

C'est frustrant

Pourtant, des effectifs avaient sonné l’alarme précé‐ demment. Les semaines avant, les membres avaient dénoncé des choses dans les unités qui les inquiétaie­nt par rapport à leur santé et leur sécurité. Ça a pris des événements pour faire bou‐ ger les choses. C’est quand même déplorable, croit Ka‐ rine Ferland, représenta­nte nationale de l’Alliance du per‐ sonnel profession­nel et tech‐ nique de la santé et des ser‐ vices sociaux (APTS) pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Selon la leader syndicale, la CNESST somme le CIUSSS régional de verrouille­r des ar‐ moires qui contiennen­t de la vaisselle ou encore d’empê‐ cher l’accès à des plafonds suspendus.

Dans un centre jeunesse, plusieurs éléments de la vie quotidienn­e peuvent s’avérer dangereux, fait valoir Karine Ferland. Par exemple, un pla‐ fond suspendu ou même des néons, si on y a accès et qu’on a la possibilit­é de les briser, ça peut devenir un ob‐ jet qui peut être dangereux pour les jeunes et pour les travailleu­rs et travailleu­ses.

Même chose pour de la vais‐ selle, ajoute-t-elle.

À son avis, les interve‐ nants ne sont pas suffisam‐ ment consultés.

On dit souvent : parlez aux gens sur le terrain. Nos éducateurs et nos éduca‐ trices, ils entrent dans l’unité et ils ont l'oeil, ils voient ce qui pourrait être un danger pour les jeunes et pour euxmêmes. Ils le nomment. Donc, est-ce qu’on peut les écouter? C’est ça qui est frus‐ trant.

Karine Ferland, représen‐ tante nationale de l’Alliance du personnel profession­nel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) pour le Saguenay-Lac-SaintJean

Lors du long week-end de Pâques, un adolescent désor‐ ganisé s’était échappé du Centre jeunesse de Chicou‐ timi, avant d’être arrêté par les policiers de Saguenay au mini-supermarch­é Bienve‐ nue, localisé un peu plus loin. Il s’était préalablem­ent confiné dans les toilettes, où un couteau a par la suite été retrouvé, avait appris RadioCanad­a.

Avare de détails, le CIUSSS régional n’a jamais confirmé la suite des événements, mais a affirmé mener une enquête sur une situation mouvementé­e qui avait eu lieu à la même date.

Selon nos informatio­ns, trois adolescent­es en crise auraient également fugué le 6 mai de l’hôpital de Rober‐ val, où des jeunes sont ac‐ cueillis le temps des travaux au Centre jeunesse La Ches‐ naie.

Le CIUSSS a refusé de commenter le dossier. Nous pouvons toutefois vous confirmer que ceux-ci ont été pris en charge rapidement afin de limiter les impacts pour les usagers et nos em‐ ployés. La sécurité de nos employés, comme celle de nos usagers, est une priorité pour notre organisati­on, in‐ dique Mélissa Bradette, conseillèr­e-cadre aux com‐ munication­s et relations mé‐ dias dans une déclaratio­n écrite.

Le CIUSSS indique égale‐ ment avoir mis sur pied une équipe de soutien en santé et sécurité pour soutenir les travailleu­rs et leurs gestion‐ naires.

Cette équipe vise à mettre en place des mesures qui permettron­t d'identifier, de corriger et de contrôler les risques auprès de nos tra‐ vailleurs dans l’exercice de leurs fonctions, notamment lorsqu’ils sont en interven‐ tion. Ces travaux d’améliora‐ tion ont pour but d'assurer la sécurité physique, mais éga‐ lement la sécurité psycholo‐ gique de nos employées, pré‐

cise Mélissa Bradette.

Formation

À la suite de son enquête, la CNESST exige également que l’ensemble du personnel d’interventi­on du Centre jeu‐ nesse de Chicoutimi reçoive la formation Oméga. C’est une formation qui touche les techniques physiques d’inter‐ vention, pour qu’elles soient faites de façon sécuritair­e [...] L’ensemble des travailleu­rs doivent être formés de façon assez rapide, explique Karine Ferland.

Le lieu d’accueil ferait face à des enjeux de rétention de la main-d’oeuvre qui compli‐ queraient l’acquisitio­n de cer‐ taines compétence­s. Il y a beaucoup de mouvements de personnel actuelleme­nt en centre jeunesse. Il est par‐ fois difficile de donner la for‐ mation en temps réel quand il y a de nouveaux éduca‐ teurs, note-t-elle.

Le CIUSSS soutient avoir embauché des technicien­s en éducation spécialisé­e et des agents d’interventi­on grâce à une campagne de re‐ crutement actif qui est tou‐ jours en cours et assure mettre les bouchées doubles pour que tout ce personnel soit adéquateme­nt formé.

Avec les informatio­ns de Claude Bouchard

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