La sécurité au Centre jeunesse de Chicoutimi revue après un rapport de la CNESST
Les employés du Centre jeunesse Saint-Georges de Chicoutimi réclamaient des changements sur leur lieu de travail pour assurer leur sécurité, mais le Centre in‐ tégré de santé et de ser‐ vices sociaux du SaguenayLac-Saint-Jean (CIUSSS) a attendu qu’une situation problématique survienne pour agir, déplore leur syn‐ dicat.
Après avoir mené une en‐ quête à la suite de la fuite d’un adolescent en avril der‐ nier, la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du tra‐ vail (CNESST) conclut que des changements doivent être apportés dans l’aménage‐ ment du bâtiment érigé sur la rue Bégin afin de garantir la protection des interve‐ nants et qu’une formation doit leur être offerte.
Des correctifs ont été de‐ mandés à l’employeur concernant notamment la mise en place de procédures et le réaménagement des lieux, indique l’organisme par courriel, sans donner des dé‐ tails sur les mesures exigées.
Le CIUSSS du SaguenayLac-Saint-Jean confirme qu’un plan d’action a été dé‐ ployé pour chaque recom‐ mandation de la CNESST et qu’ un suivi régulier est effec‐ tué par la CNESST pour vali‐ der les mesures et améliora‐ tions qui ont été apportées.
C'est frustrant
Pourtant, des effectifs avaient sonné l’alarme précé‐ demment. Les semaines avant, les membres avaient dénoncé des choses dans les unités qui les inquiétaient par rapport à leur santé et leur sécurité. Ça a pris des événements pour faire bou‐ ger les choses. C’est quand même déplorable, croit Ka‐ rine Ferland, représentante nationale de l’Alliance du per‐ sonnel professionnel et tech‐ nique de la santé et des ser‐ vices sociaux (APTS) pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Selon la leader syndicale, la CNESST somme le CIUSSS régional de verrouiller des ar‐ moires qui contiennent de la vaisselle ou encore d’empê‐ cher l’accès à des plafonds suspendus.
Dans un centre jeunesse, plusieurs éléments de la vie quotidienne peuvent s’avérer dangereux, fait valoir Karine Ferland. Par exemple, un pla‐ fond suspendu ou même des néons, si on y a accès et qu’on a la possibilité de les briser, ça peut devenir un ob‐ jet qui peut être dangereux pour les jeunes et pour les travailleurs et travailleuses.
Même chose pour de la vais‐ selle, ajoute-t-elle.
À son avis, les interve‐ nants ne sont pas suffisam‐ ment consultés.
On dit souvent : parlez aux gens sur le terrain. Nos éducateurs et nos éduca‐ trices, ils entrent dans l’unité et ils ont l'oeil, ils voient ce qui pourrait être un danger pour les jeunes et pour euxmêmes. Ils le nomment. Donc, est-ce qu’on peut les écouter? C’est ça qui est frus‐ trant.
Karine Ferland, représen‐ tante nationale de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) pour le Saguenay-Lac-SaintJean
Lors du long week-end de Pâques, un adolescent désor‐ ganisé s’était échappé du Centre jeunesse de Chicou‐ timi, avant d’être arrêté par les policiers de Saguenay au mini-supermarché Bienve‐ nue, localisé un peu plus loin. Il s’était préalablement confiné dans les toilettes, où un couteau a par la suite été retrouvé, avait appris RadioCanada.
Avare de détails, le CIUSSS régional n’a jamais confirmé la suite des événements, mais a affirmé mener une enquête sur une situation mouvementée qui avait eu lieu à la même date.
Selon nos informations, trois adolescentes en crise auraient également fugué le 6 mai de l’hôpital de Rober‐ val, où des jeunes sont ac‐ cueillis le temps des travaux au Centre jeunesse La Ches‐ naie.
Le CIUSSS a refusé de commenter le dossier. Nous pouvons toutefois vous confirmer que ceux-ci ont été pris en charge rapidement afin de limiter les impacts pour les usagers et nos em‐ ployés. La sécurité de nos employés, comme celle de nos usagers, est une priorité pour notre organisation, in‐ dique Mélissa Bradette, conseillère-cadre aux com‐ munications et relations mé‐ dias dans une déclaration écrite.
Le CIUSSS indique égale‐ ment avoir mis sur pied une équipe de soutien en santé et sécurité pour soutenir les travailleurs et leurs gestion‐ naires.
Cette équipe vise à mettre en place des mesures qui permettront d'identifier, de corriger et de contrôler les risques auprès de nos tra‐ vailleurs dans l’exercice de leurs fonctions, notamment lorsqu’ils sont en interven‐ tion. Ces travaux d’améliora‐ tion ont pour but d'assurer la sécurité physique, mais éga‐ lement la sécurité psycholo‐ gique de nos employées, pré‐
cise Mélissa Bradette.
Formation
À la suite de son enquête, la CNESST exige également que l’ensemble du personnel d’intervention du Centre jeu‐ nesse de Chicoutimi reçoive la formation Oméga. C’est une formation qui touche les techniques physiques d’inter‐ vention, pour qu’elles soient faites de façon sécuritaire [...] L’ensemble des travailleurs doivent être formés de façon assez rapide, explique Karine Ferland.
Le lieu d’accueil ferait face à des enjeux de rétention de la main-d’oeuvre qui compli‐ queraient l’acquisition de cer‐ taines compétences. Il y a beaucoup de mouvements de personnel actuellement en centre jeunesse. Il est par‐ fois difficile de donner la for‐ mation en temps réel quand il y a de nouveaux éduca‐ teurs, note-t-elle.
Le CIUSSS soutient avoir embauché des techniciens en éducation spécialisée et des agents d’intervention grâce à une campagne de re‐ crutement actif qui est tou‐ jours en cours et assure mettre les bouchées doubles pour que tout ce personnel soit adéquatement formé.
Avec les informations de Claude Bouchard