Manifestation : des artistes encore insatisfaits des sommes offertes par Québec
Environ 500 artistes et tra‐ vailleurs et travailleuses de la culture étaient rassem‐ blés devant les bureaux du ministre de la Culture à Montréal jeudi après-midi pour revendiquer un finan‐ cement provincial viable des arts.
Dès 15 h, les protesta‐ taires ont commencé à se rassembler sur la rue de Bleury pour démontrer leur insatisfaction devant les montants alloués au Conseil des arts et des lettres du Québec.
Les organisateurs de la marche Geneviève Gagné, Hugo Fréjabise, Jenny Huot et Sarah Laurendeau se sont ré‐ jouis d’avoir réussi à rassem‐ bler des représentants et re‐ présentantes de toutes les formes d’art.
Merci pour les 15 millions, a dit Hugo Fréjabise, référant à l’annonce faite mardi par le ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe. Nous espérons que vous vous rendez compte comme nous que ce n’est pas assez et que la de‐ mande des 100 millions n’était pas exagérée et qu’elle existe encore.
Parmi les personnes qui ont pris la parole, l’artiste vi‐ suelle Sarah A. Tremblay a dénoncé la faible présence des arts vivants dans les grands médias. On est épui‐ sés par la nécessité d’avoir trois jobs alimentaires pour pouvoir s’acheter des maté‐ riaux et payer nos ateliers dont le loyer ne cesse d’aug‐ menter. Il est urgent de réali‐ ser que la culture n’est pas un acquis permanent et que non, il ne restera pas tou‐ jours la culture.
Mon travail c’est d’écrire le mouvement, mais au‐ jourd’hui je suis très heu‐ reuse de m’inscrire dans un mouvement , a enchaîné la chorégraphe Mélanie De‐ mers. Le 29 avril dernier, c’était la journée internatio‐ nale de la danse #jeperd‐ smonélan Le 29 avril c’était un peu comme fêter son an‐ niversaire quand on vient de se faire annoncer un diag‐ nostic de cancer. Les statis‐ tiques, les sondages, les études, les faits révèlent que le milieu de la danse est ma‐ lade.
Anne-Marie Cadieux, Ma‐ cha Limonchik, Mani Soley‐ manlou et Violette Chauveau ont effectué une lecture d’un texte écrit par l’autrice et dra‐ maturge Rébecca Deraspe. Le cri du coeur poétique rap‐ pelait l’impact des oeuvres d’art dans la vie des comme le démontre cet extrait :
Mais aujourd’hui on veut s’adresser à celui à celle qui a oublié
La pertinence L’importance
De la culture dans sa vie À celui à celle qui a oublié la force d’une chanson
Qu’on écoute en boucle En pleurant une peine d’amour qui déchire de par‐ tout
En marchant la fesse confiante vers un premier rendez-vous
Ou en tenant la main d’un mourant
À celui à celle qui a oublié le choc inexplicable
D’une rencontre avec une oeuvre d’art
Quand au détour d’une rue
Une murale vient mettre un sourire sur quelque chose comme une journée sans fin
À celui à celle qui a oublié ce que ça fait se tenir dans une salle de théâtre
Pis d’avoir l’impression que le mot ensemble existe encore
Quand le roi meurt Ou quand les soeurs sont belles
Quand on se promène dans le monde
Avec la fierté d’être d’ici À celui à celle qui a oublié le premier livre
Celui qui laisse une trace profonde sur la ligne du temps
Le livre qui change le re‐ gard sur le monde
D’un millimètre
Ou d’un kilomètre d’éter‐ nité
Les manifestants ont en‐ suite entamé une courte marche en déferlant d’abord sur la rue Sainte-Catherine qui était bondée de Bleury à Saint-Urbain.
Pas contents, scandaient certains au départ de la marche, munis de pancartes affichant le slogan Il ne res‐ tera pas toujours la culture, inspiré du titre de l’émission culturelle d’ICI PREMIÈRE.
Parmi les marcheurs, le président de la Guilde des musiciens et musiciennes du Québec, Luc Fortin a souligné que plusieurs artistes de la musique remettaient en question leur carrière chaque année. L’annonce du ministre Lacombe ne couvre qu’une partie de ce qui est néces‐ saire. C’est incomplet. Les sommes allouées aux artistes sont loin de suivre le coût de la vie. Il y a des millions, mais l’argent ne percole pas jus‐ qu’aux artistes. C’est un pro‐ blème systémique, a-t-il af‐ firmé en réclamant un exa‐ men approfondi de la distri‐ bution des fonds dédiés à la culture.
La porte-parole de l’oppo‐ sition officielle en matière de culture et de communica‐ tions, Brigitte B. Garceau, était également présente pour entendre les artistes, at-elle soutenu. Je pensais vraiment que les cris du coeur de tous les secteurs lors de la première mobilisa‐ tion auraient suffi. Ils ont be‐ soin d’aide. C’est urgent. C’est une question de survie.