Journalisme ou cheerleading canadien ?
Permettez aujourd’hui que je pète ma coche.
Vous avez accès, cher lecteur, à une large couverture des Olympiques, gracieuseté des médias canadiens et autres.
Vous êtes donc parfaitement capable de déterminer à qui mon propos s’applique, en tout ou en partie, à qui il ne s’applique pas, et de faire les nuances requises.
COMPLAISANCE
Depuis que le scandale de l’espionnage a éclaté, il n’y a pas de quoi être fier, selon moi, d’une bonne partie de la couverture que les médias canadiens font du parcours de notre équipe de soccer féminine.
Je ne compte plus les articles qui insistent lourdement sur la résilience dans l’adversité des filles, sur comment cette affaire les a soudées, sur comment elles sont encore plus solidaires que jamais, sur comment elles réagissent admirablement au fait qu’elles seraient, selon elles, seules contre le monde entier.
Un peu plus et on braillerait.
Un peu plus et on nous les présente comme des victimes.
Un peu plus et elles seraient de pauvres naufragées, dérivant seules sur un radeau, attendant les secours pendant des semaines.
Un peu plus et on va réaliser un film comme celui sur l’équipe de rugby dont l’avion s’est écrasé dans les Andes.
Personnellement, je serai le dernier à brailler sur leur sort.
CE QU’ON SAIT
Certes, il y a ce qu’on sait et ce qu’on ne sait pas.
On sait que cet espionnage ne fut pas un incident isolé, mais une pratique érigée en mode de fonctionnement systémique depuis longtemps.
On sait que cet espionnage était en place au moment où les Canadiennes remportèrent l’or à Tokyo.
Avant Paris, l’équipe canadienne avait été avertie à trois reprises que les drones au-dessus des sites olympiques étaient interdits.
CE QU’ON NE SAIT PAS
Il y a ce qu’on ne sait pas : les acteurs précis, la chronologie, la chaîne de responsabilité, les dépenses, etc.
La coach Priestman a dit qu’elle n’était pas au courant, ce qui est loufoque.
Pire, les autorités canadiennes du soccer ont eu le culot, le front, le sansgêne de tenter de faire réduire la pénalité imposée à l’équipe, alors qu’elles devraient s’estimer heureuses qu’elle n’ait pas été tout simplement expulsée.
Quand on se fait prendre à tricher de manière aussi grossière, aussi éhontée, on prend son trou.
Mais l’humilité et la contrition ne sont pas de grandes vertus canadiennes, surtout pas aux Olympiques.
Et on trouve arrogants les Américains ?
Une partie de nos médias se comporte cependant comme des cheerleaders. Ils se retiennent pour ne pas être des avocats de la défense de l’équipe canadienne !
Pas de quoi être fier, je vous dis.
Je ne dis pas qu’il faut cesser de couvrir l’équipe.
Mais pourrait-on être un peu moins complaisant ? Pourrait-on aller au-delà d’une bête copie des clichés « positivistes » lâchés par les joueuses ?
On dirait presque des médias russes au service de Poutine.
Les joueuses disent qu’elles ne savaient pas. Peut-être que oui, peutêtre que non.
Elles ont tout de même profité d’informations acquises illégalement. Elles sont à l’aise avec ça ? Ça se pose comme question, non ?
LÈCHE-BOTTES
Supposons que, pendant leur préparation, on ait montré aux joueuses des images aériennes de l’équipe adverse.
Elles ne se sont pas posé des questions ? Même pas un petit doute ?
Rien de rien ? Vraiment ? Vous croyez ça, vous ?
Encore faudrait-il les interroger là-dessus au lieu d’être en pâmoison devant la dureté de leur mental, ou les questionner, comme si tout était normal, sur le pressing ou le 4-3-3.
De toute façon, si elles gagnent, ce sera une médaille en chocolat mou.
Bien sûr, des enquêtes gouvernementales auront lieu. Je ne dis pas que c’est aux journalistes seuls de les faire.
Mais il faudrait au moins ne pas se comporter comme les lèche-bottes de Soccer Canada et des joueuses.
QUAND ON SE FAIT PRENDRE À TRICHER DE MANIÈRE AUSSI GROSSIÈRE, AUSSI ÉHONTÉE, ON PREND SON TROU.