Découvrir le Québec grâce à Félix Leclerc Pierre Rancourt utilise l’oeuvre du grand poète pour aider les jeunes arrivants à s’intégrer chez nous
Depuis quatre ans, grâce à l’initiative d’un chanteur baryton qui cherchait quelque chose à faire durant la pandémie, près d’un millier de jeunes immigrants ont découvert la culture québécoise en étudiant la vie et l’oeuvre de Félix Leclerc.
« Ça leur donne une clef importante pour s’intégrer », dit Pierre Rancourt, l’artiste qui a eu l’idée de mettre sur pied des ateliers qu’il dirige dans des classes d’accueil, en 2021.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, plus de 35 ans après son décès, le poète de l’île d’orléans est donc une porte d’entrée au Québec pour des adolescents des écoles secondaires d’anjou et Calixa-lavallée, à Montréal, et des élèves du primaire dans Côte-des-neiges.
« Dans l’oeuvre de Leclerc, il y a toutes sortes de notions de folklore, de vie traditionnelle, de relation au fleuve, au territoire et à la forêt. Ça fait partie de nous, les pures laines. Pour ces immigrants, ça leur donne un cours accéléré de québécitude. »
TOUS DES EXILÉS
Ce qui les accroche à Félix ?
« Je leur dis que c’est une icône de notre culture, mais je leur présente en leur disant que, comme eux, lui aussi a cherché son pays. Félix a dû s’exiler à un moment de sa carrière pour que ça débloque. »
Ce discours résonne chez ses nouveaux arrivants.
« Ils s’identifient à Félix, poursuit M. Rancourt. Quand on regarde des photos de lui jeune, c’était un grand ado qui cherchait son chemin, exactement comme eux. »
Félix Leclerc avait un esprit universel, ajoute-t-il. « Dans ses chansons, il dit que la terre est à tout le monde. Pour lui, tous les êtres humains sont des frères et des soeurs. »
Devinez quoi ? Ça fonctionne. « Il y a même des jeunes qui apprennent par coeur des extraits des pièces de théâtre de Félix Leclerc et qui les font dans de petits spectacles qu’on montait en milieu scolaire. C’est assez extraordinaire », se réjouit Pierre Rancourt.
En outre, durant les ateliers, il demande à ses élèves qui serait le Félix Leclerc de leur culture d’origine. « Ce n’est pas unidirectionnel, c’est un échange. Selon mon expérience, c’est la base pour permettre à quelqu’un d’entrer dans une culture. Il faut aussi s’intéresser à la personne qui est devant nous », estime M. Rancourt.
DE LA MUSIQUE DU MONDE
De ces échanges est né le spectacle Dans les souliers de Félix, que Pierre Rancourt et trois musiciens présenteront à l’espace Félix-leclerc, le 15 août, dans le cadre d’une programmation spéciale consacrée au célèbre chansonnier, Les chants de la Félixité.
Au menu, des classiques et des pièces moins connues de Leclerc qui revêtiront de nouvelles couleurs inspirées de la culture des nouveaux arrivants que M. Rancourt a côtoyés.
« Ça donne des métissages qui font que la musique de Félix sonne tout d’un coup comme de la musique du monde. On introduit des instruments nouveaux, on arrive avec des changements de rythme. »
Même s’ils ne sont pas sur place physiquement, ses élèves participent au spectacle par le truchement de projections vidéo. « On va voir leurs visages, on va entendre leurs voix, leurs mots. On va entendre leur Moi, mes souliers àeux.»
Les chants de la Félixité est une série de spectacles qui célèbrent l’oeuvre et l’héritage de Félix Leclerc chaque mois d’août, à l’île d’orléans. En plus du spectacle Dans les souliers de Félix, voici ce qu’on pourra voir à l’espace Félix-leclerc :
■ La voix de mon père : accompagnée de trois musiciens, Nathalie Leclerc, la fille de Félix, lira des extraits des livres La voix de mon père et Le cri de ma mère .(le7août,à20h)
■ Lucien Lavoie – La guitare flamenco etfélix: le guitariste Lucien Lavoie présente la musique de Leclerc en y mélangeant des éléments de flamenco et de jazz. (le 17 août – complet)