Le Journal de Quebec

Non, ils ne sont pas payés pour se faire bronzer… Des sauveteurs dénoncent les préjugés contre leur travail pourtant important

- MARIE-LAURENCE DELAINEY

« Payés pour profiter du soleil ou utiliser leur sifflet », la réputation des sauveteurs ne serait pas toujours bonne, révèle un sondage.

« Ce n’est pas rare, autant de la part des amis, en blague, que des clients, d’entendre dire : vous êtes payés à rien faire, vous faire bronzer et avoir l’air bête », raconte la sauveteuse de Drummondvi­lle Audréanne Lampron.

La jeune femme de 20 ans a reçu toutes sortes de commentair­es depuis ses débuts il y a cinq ans.

« On a des règlements qui ne font pas plaisir à tout le monde, [alors on se fait] dire que c’est un power trip .»

Selon un sondage Léger réalisé du 10 au 12 mai auprès de 1066 Québécois et commandé par la Société de sauvetage du Québec, une majorité (62 %) estime que la population ne valorise pas suffisamme­nt leur travail.

SIFFLER ET BRONZER

« Le sauveteur n’est pas juste en train de siffler pour dire que t’as pas le droit de courir. C’est pas vrai qu’il est payé à se faire bronzer. Au contraire, on lui demande de se protéger la plupart du temps, il doit s’entraîner… Il faut augmenter cette valorisati­on-là », soutient le directeur général de la Société de sauvetage, Raynald Hawkins.

Même si le nombre de personnes ayant obtenu leur brevet de sauveteur a augmenté de 50 % l’an dernier, M. Hawkins souhaite redorer le métier pour s’assurer que la tendance se poursuivra. Une campagne dans le web et dans certains médias sera diffusée à compter de cette semaine afin de promouvoir le rôle « essentiel » des sauveteurs.

Le directeur général rappelle d’ailleurs que plus de 99 % des noyades au

Québec surviennen­t dans un milieu qui n’est pas surveillé.

« Moins de 1 %, ça reste une noyade de trop, mais combien de celles-ci ont été évitées parce qu’on est venus appliquer des règles de sécurité ? » demande-t-il.

Audréanne Lampron elle-même a fait la différence l’an dernier. Alors qu’elle surveillai­t une piscine publique de Drummondvi­lle, un jeune de 12 ans est tombé inconscien­t dans le fond de l’eau parce qu’il tentait de retenir son souffle le plus longtemps possible.

« [Ma collègue] a dit : “Je pense qu’il y a quelqu’un dans le fond de l’eau” […]. J’ai sauté à l’eau, on a sorti la victime […]. J’ai pris mon masque de poche, je l’ai installé sur le visage de la victime, j’ai fait l’insufflati­on, c’est ce qui lui a permis de respirer normalemen­t », raconte-t-elle.

Le Québec a besoin d’environ 12 000 sauveteurs chaque année.

 ?? PHOTO AGENCE QMI, MARIE-LAURENCE DELAINEY ?? La sauveteuse Audréanne Lampron, à la piscine Saint-joseph de Drummondvi­lle.
PHOTO AGENCE QMI, MARIE-LAURENCE DELAINEY La sauveteuse Audréanne Lampron, à la piscine Saint-joseph de Drummondvi­lle.

Newspapers in French

Newspapers from Canada