Le Journal de Quebec

Une amende de 1426 $ parce qu’hydroquébe­c a coupé un arbre sur son terrain

La Ville de Fossambaul­t-sur-le-lac est cependant revenue sur sa décision à la suite des questions du Journal

- GABRIEL CÔTÉ

Un citoyen de Fossambaul­t-sur-lelac a reçu une amende de 1426 $ après qu’hydro-québec eut coupé un arbre sur son terrain sans la permission de la municipali­té, qui a finalement décidé d’annuler le constat d’infraction après l’interventi­on du Journal.

« C’est une affaire de pouvoir », se désole Sylvain Arbour, un programmeu­r informatiq­ue de la région de Québec, en entrevue.

« Ça ne devrait pas prendre l’interventi­on des journalist­es pour faire appliquer des règlements comme il faut. »

Le 4 mai dernier, Hydro-québec a mandaté un émondeur pour abattre un arbre chez lui. L’arbre en question était malade, et de grosses branches menaçaient de tomber sur les fils électrique­s et de causer de sérieux dommages.

À ce moment, M. Arbour ne se doutait pas qu’il recevrait un constat d’infraction de la municipali­té quelques semaines plus tard.

« Mon premier réflexe, ça a été d’appeler Hydro-québec, mais ils m’ont conseillé d’en parler à la ville pour commencer », raconte-t-il.

MAISON DES FOUS

Ses démarches ont d’abord semblé porter leurs fruits, et la ville a convenu avec lui que l’amende serait annulée, avant de changer d’avis quelques jours plus tard.

« Ils m’ont laissé un message pour me dire que le constat d’infraction serait finalement maintenu, et que c’était à moi de demander un permis quand j’ai appris qu’hydro-québec allait faire des travaux sur mon terrain », relate M. Arbour.

« Hydro-québec n’a pas d’autorité dans ce cas de figure, même si Hydro pouvait intervenir sans aucun problème avec le certificat d’autorisati­on d’abattage d’arbre », peut-on entendre dans le message de la ville.

« ÇA NE DEVRAIT PAS PRENDRE L’INTERVENTI­ON DES JOURNALIST­ES POUR FAIRE APPLIQUER DES RÈGLEMENTS COMME IL FAUT »

– Sylvain Arbour, résident de Fossambaul­t-sur-le-lac

INTERVENTI­ON DU JOURNAL

Mis au fait de la situation, Le Journal a demandé à Hydro-québec et à la municipali­té de Fossambaul­t-sur-le-lac d’expliquer les règles qui encadrent ce type de situation.

« En règle générale, les citoyens doivent demander un permis pour toute coupe d’arbre sur leur terrain », a répondu de prime abord le directeur général de la ville, Jacques Arsenault, en ajoutant que « ce permis est gratuit ».

Mais Hydro-québec n’était pas du même avis.

« Lorsque notre personnel identifie des arbres à risque et que le propriétai­re de l’arbre nous autorise à l’abattre, nous pouvons procéder et ni Hydro-québec ni le propriétai­re de l’arbre ne sont assujettis aux dispositio­ns des règlements municipaux », a commenté un porte-parole de la société d’état, Cendrix Bouchard.

« Notre service des relations avec les collectivi­tés a communiqué avec la ville afin de suggérer d’annuler le billet d’infraction et de donner plus d’informatio­ns sur le cadre juridique entourant nos pratiques », a ajouté M. Bouchard.

APRÈS TOUT ÇA…

Quelques instants plus tard, la ville a informé Le Journal qu’elle avait changé d’avis et que la contravent­ion de M. Arbour serait finalement annulée.

« J’ai hâte de voir ça », a pesté le programmeu­r informatiq­ue, à qui nous avons appris la nouvelle. Au moment d’écrire ces lignes, la ville de Fossambaul­t-sur-le-lac ne l’avait toujours pas contacté pour le mettre au fait de l’évolution du dossier.

Rappelons que le projet de loi 69 sur l’énergie déposé à la toute fin de la session parlementa­ire prévoit de donner plus de pouvoirs à Hydro-québec pour aller couper des arbres sur les terrains privés sans avoir à demander d’autorisati­on.

AGENCE QMI | Tandis que les appels aux assoupliss­ements réglementa­ires pour faciliter la constructi­on de logements se multiplien­t, une nouvelle étude montre que les besoins en logement ne seront pas forcément mieux comblés si les promoteurs bénéficien­t d’une réglementa­tion moins contraigna­nte.

L’étude de l’institut de recherche et d’informatio­ns socioécono­miques (IRIS) publiée hier note des investisse­ments records dans l’industrie de la constructi­on, ce qui pourrait en théorie contribuer à résorber la crise de logement.

FORTE HAUSSE DES INVESTISSE­MENTS

« Malgré l’existence de mécanismes publics pour encadrer le développem­ent résidentie­l, il y a rarement eu autant d’argent qui circule dans le marché de l’habitation que dans les vingt dernières années », a déclaré Louis Gaudreau, chercheur associé à L’IRIS et co-auteur de l’étude.

Cette hausse des investisse­ments s’est répercutée sur la constructi­on de logements neufs, dont le nombre a suivi et même dépassé la croissance du nombre de ménages dans quatre grandes villes du Québec.

« À Montréal, par exemple, il s’est construit 434 293 logements entre 2001 et 2021, alors que la métropole comptait 418 340 nouveaux ménages durant cette période », a observé Catherine Héon Cliche, chercheuse associée à L’IRIS et co-autrice de l’étude.

Alors que le loyer moyen dans six grandes villes québécoise­s a augmenté de 67 % à 114 %, les entreprise­s oeuvrant dans l’immobilier résidentie­l ont connu une forte croissance, sinon des niveaux relativeme­nt stables.

TROP PEU DE LOCATIF

Malgré le boom de l’industrie de la constructi­on, la pénurie de logements persiste en raison des choix d’investisse­ments qui ont privilégié la propriété lucrative au détriment du logement locatif, plus accessible.

Dans certaines villes, entre 54 % et 69 % des nouveaux logements construits de 2000 à 2023 étaient des condominiu­ms ou des maisons unifamilia­les, selon l’étude de L’IRIS, qui croit que libéralise­r davantage le secteur ne fera qu’aggraver la crise.

 ?? PHOTOS GABRIEL CÔTÉ ?? 1
1. Sylvain Arbour, un programmeu­r informatiq­ue, se tient à côté de la souche de l’arbre abattu par un émondeur mandaté par Hydro, en mai, sur son terrain. Il a en main le constat d’infraction émis par sa municipali­té de la région de Québec. 2. M. Arbour pointe le montant de l’amende, 1426 $. 3. Des bûches issues de l’arbre coupé par la société d’état. L’une d’entre elles affiche les initiales d’hydro-québec (HQ).
PHOTOS GABRIEL CÔTÉ 1 1. Sylvain Arbour, un programmeu­r informatiq­ue, se tient à côté de la souche de l’arbre abattu par un émondeur mandaté par Hydro, en mai, sur son terrain. Il a en main le constat d’infraction émis par sa municipali­té de la région de Québec. 2. M. Arbour pointe le montant de l’amende, 1426 $. 3. Des bûches issues de l’arbre coupé par la société d’état. L’une d’entre elles affiche les initiales d’hydro-québec (HQ).
 ?? ??
 ?? ??
 ?? ?? JACQUES ARSENAULT Directeur général de la municipali­té
JACQUES ARSENAULT Directeur général de la municipali­té

Newspapers in French

Newspapers from Canada