Le Journal de Quebec

J’essaie très fort d’aimer Montréal

- jean-nicolas.blanchet@quebecorme­dia.com

Je suis un peu tanné d’avoir l’air d’un idiot du village de Québec qui cherche des raisons pour détester Montréal.

D’avoir l’air du frustré qui a perdu son équipe de la LNH et qui en rêve encore. Parce que ce n’est pas le cas.

J’étais à la maternelle quand les Nordiques sont partis. Ce serait super qu’ils reviennent, mais j’ai grandi avec le Canadien. C’est vrai que c’était quand même plate de grandir avec Martin Rucinsky et Turner Stevenson. Mais je chérissais leur carte de hockey parce que c’était les joueurs de notre club.

Et j’ai habité Montréal par le passé. J’ai appris à connaître ses charmes. Bref, je ne suis pas séquestré aux Galeries de la Capitale à Québec. J’ai donné plein de chances à Montréal. Et en travaillan­t dans les médias, il ne faut pas écarter de devoir finir par s’y rendre à temps plein.

J’y suis allé il y a quelques jours avec le coeur miséricord­ieux et joyeux.

L’esprit chargé à bloc de positivism­e et d’indulgence.

Y’A DE LA JOIE

Dès mon arrivée, j’ai pris une longue marche le long du canal Lachine dans la Petite-bourgogne et Saint-henri. C’était merveilleu­x : le gros soleil, les familles, les coureurs, les vélos, les sourires, les pique-niques, les frisbees, les chiens.

Mon ami m’a amené à la terrasse St-ambroise. C’était la fête, les 5 à 7, le beau monde. C’était ensuite le temps d’un bon burger sur la rue Notre-dame.

Le lendemain, je me suis levé avec la belle vue sur le canal Lachine d’un côté et du centre-ville de l’autre. On a ramassé un super steak à la boucherie du coin pour souper.

Je pouvais tout faire à pied où j’étais. Un méchant beau secteur. Et la ville commençait à s’animer pour le Grand Prix.

Ça me réconcilia­it un peu avec Montréal. C’est sur qu’un gros steak, de bonnes bières et un gros soleil, ça ne représente pas la vie à Montréal. Mais ça me rappelait comment ça peut être génial cette ville.

Et là, tout est parti en vrille.

J’ai réalisé que le prix affiché d’un condo de 800 pieds carrés dans le secteur où j’étais, c’était 700 000 $. Au moins, ça vient avec un frigo, un lave-vaisselle, un four et un microondes à ce prix là !

On a pris l’auto avec mon ami par la suite. Ç’a pris une bonne demi-heure pour rouler 6 km. On a croisé et contourné une dizaine d’entraves routières. On s’est fait envoyer promener solide par un piéton en plus d’en couper 4 ou 5 pour avoir une chance de tourner un jour. On a dû virer en double en coupant deux autos pour réussir à prendre le bon chemin. Pour mon ami, y’avait rien de plus banal.

Je voulais manger dans le secteur de BERRI-UQAM un soir. C’est près du bureau à TVA. Je me suis frappé le nez sur des dizaines de commerces fermés et placardés avec des pubs de spectacles qui ont déjà eu lieu. C’est donc ben rendu triste ce coin-là. Je n’ai pas non plus besoin de m’éterniser sur le fait que je n’aurais pas voulu que mes jeunes enfants voient du monde sur le crack chanter en sprintant sur Sainte-catherine à 18 h. Tout ça arrivait dans l’indifféren­ce.

J’ai pris le métro. Mais il fallait attendre vraiment longtemps, car quelqu’un marchait sur les rails. Il faisait vraiment chaud. Donc plusieurs personnes visiblemen­t intoxiquée­s avaient eu la brillante idée d’enlever leurs chandails et de partager leur poil de « chest » mouillé avec tout le monde.

C’EST DU SPORT !

Je suis reparti à Québec, et je me suis dit qu’au moins, Montréal allait passer un beau week-end avec son Grand Prix.

Et les pompiers ont décidé de vider les terrasses.

Et les policiers ont décidé de fermer l’accès au site du Grand Prix durant les essais libres, même si les organisate­urs n’avaient pas donné pareille directive. Même les employés des écuries étaient bloqués devant l’entrée.

Et la sécurité a été incapable d’empêcher les spectateur­s d’envahir la piste lors du tour d’honneur du champion Max Verstappen.

En septembre, les meilleurs golfeurs au monde seront à Montréal pour la Coupe des Présidents. Il y a tellement de travaux que j’ai peur qu’on soit forcé de demander à Tiger Woods de se rendre sur L’île-bizard en pédalo.

Bon, j’essaie très fort d’aimer Montréal. Mais Montréal ne s’aide pas. Et quand je reviens à Québec, dans nos chicanes de troisième lien et de tramway, ou avec notre amphithéât­re sans LNH qui a coûté moins de la moitié que ce que coûtera les rénovation­s pour garder le stade olympique debout, je me dis qu’au fond, il va plutôt bien, notre beau village. Et qu’on peut se consoler même si on n’a pas notre club de hockey.

 ?? PHOTOS LOUIS-PHILIPPE MESSIER, JOËL LEMAY, MARIO BEAUREGARD, AGENCE QMI ?? Les festivités de la fin de semaine du Grand Prix du Canada ont été teintées par quelques situations, dont celles des nombreux travaux routiers ayant rendu la circulatio­n très difficile à de nombreux endroits (en mortaise), ainsi que les terrasses de la rue Peel fermées après une interventi­on du Service de sécurité incendie de Montréal (en mortaise).
PHOTOS LOUIS-PHILIPPE MESSIER, JOËL LEMAY, MARIO BEAUREGARD, AGENCE QMI Les festivités de la fin de semaine du Grand Prix du Canada ont été teintées par quelques situations, dont celles des nombreux travaux routiers ayant rendu la circulatio­n très difficile à de nombreux endroits (en mortaise), ainsi que les terrasses de la rue Peel fermées après une interventi­on du Service de sécurité incendie de Montréal (en mortaise).
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