Le Journal de Quebec

La honte a une ville

- marc.defoy@quebecorme­dia.com

L’ancien slogan de la ville de Montréal qui disait « La fierté a une ville » est déformé dans tous les sens ces temps-ci. Mon collègue Richard Martineau a trouvé une version qui colle bien à la réalité. « La saleté a une ville », répète-t-il avec justesse depuis le retour du printemps.

De mon côté, je vais y aller avec « La honte a une ville ».

Je vais me l’approprier, car je tenais déjà ce langage lorsque la Ville publicisai­t son slogan dans les médias dans les années 1980.

Je ne me rappelle pas si c’était à la fin du long règne de Jean Drapeau à l’hôtel de Ville ou après l’élection de son successeur Jean Doré. Mais la ville montrait ses premiers signes de déclin.

Mais je n’aurais jamais pensé que ça se détériorer­ait autant.

VILLE À L’AGONIE

Ça me rend triste, moi qui ai grandi dans La Petite-patrie, Parc-extension et le quartier Villeray. Montréal est rongée par une maladie débilitant­e.

Ça ne peut pas continuer ainsi et pourtant… les soins tardent à venir.

Nos gouverneme­nts laissent le malade à lui-même.

Si bien que Montréal est à l’agonie. Certains diront que c’est exagéré comme affirmatio­n, mais ce n’est que la vérité.

Montréal fait penser au New York des années 1970. La criminalit­é a pris le dessus. Plus personne ne voulait aller dans la métropole américaine à cause du grand désordre qui y régnait.

Les autorités ont procédé à un grand ménage et la mégapole a retrouvé ses droits. C’est là qu’est née la pub I love New York, la lettre o étant remplacée par un coeur.

BON OU MAUVAIS SIGNE ?

C’est rendu qu’une gaffe n’attend pas l’autre à Montréal. Les lumières de l’hôtel de ville sont allumées, mais il n’y a personne dans les bureaux.

La fin de semaine dernière, c’est le Grand Prix qui a écopé. Hier, on apprenait que le président de la F1, Stefano Domenicali, avait sollicité une rencontre avec la mairesse Valérie Plante.

Il est difficile d’imaginer que M. Domenicali soit fait du même moule que celui de Bernie Ecclestone. Si c’est le cas, Mme la mairesse va passer un mauvais quart d’heure.

Mais la visite du premier dirigeant de la F1 n’en sera pas une de courtoisie non plus. Le monsieur va faire part de ses récriminat­ions à Mme Plante. Une réputation, ça se perd vite ! En l’espace de trois jours, le Grand Prix du Canada a baissé dans l’estime des constructe­urs et des pilotes de F1. C’est tout ce que ça prend pour perdre une bonne réputation.

C’est comme aller à son restaurant favori. Pendant des années, on en ressort satisfait puis un bon soir, on se dit que l’endroit a perdu des plumes. Et on en vient à jeter la carte du gérant à la poubelle.

Je serais surpris que l’avenir du Grand Prix soit en danger dans l’immédiat. Mais la Ville et les organisate­urs de l’événement devront faire diligence rapidement, sinon on pourrait assister à la fin de la course de F1 à Montréal.

Il y a plein de gens fortunés dans le monde qui sont prêts à payer rubis sur l’ongle pour s’offrir un Grand Prix dans leur cour.

S’il fallait que Toronto s’approprie notre Grand Prix, ça nous ferait une belle jambe.

Encore.

Les wokes diront bon débarras, mais Montréal en pâtirait.

Le sport profession­nel est une industrie comme les autres. Ça rapporte des taxes.

Les athlètes qui jouent dans nos équipes paient des impôts comme tout le monde. Pour les joueurs du Canadien, ça signifie beaucoup.

TANT DE PROGRÈS ENVOLÉ

Notre ville a perdu de sa superbe qu’elle avait acquise pendant la Révolution tranquille.

Les gens qui ont vécu cette période, la plus belle dans l’histoire du Québec, auront d’ailleurs l’occasion de se remémorer de beaux souvenirs dans notre édition de demain, qui marquera le 60e anniversai­re du Journal de Montréal.

On vit aujourd’hui dans un monde où le progrès et la richesse sont décriés. Le français est redevenu une langue seconde en ville et certains de nos élus municipaux veulent faire de Montréal un Central Park du nord au sud et de l’est à l’ouest.

J’ai fait longtemps du vélo et le réseau de pistes cyclables des années 1990 et 2000 me convenait très bien.

Rouler maintenant en voiture sur la rue Saint-denis, ma rue Saint-denis, est une aventure. Les deux côtés de l’artère sont divisés en trois. Il y a une voie pour les vélos, une pour le stationnem­ent et une pour les voitures.

Suffit qu’un véhicule arrête pour faire une livraison et tout est bloqué. Les commerçant­s tirent la plogue. Il est où, le gros bon sens ?

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PHOTO AFP Des amateurs se sont rués sur le circuit Gilles-villeneuve aussitôt le Grand Prix du Canada terminé.
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CAPTURE D’ÉCRAN Lecteurs pourront se remémorer de beaux souvenirs dans notre édition de demain, qui marquera le 60e anniversai­re du Journal de Montréal.
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