Un juge qualifie d’« acte terroriste » les 80 ballles tirées au hasard
Le magistrat n’a pas mâché ses mots en condamnant les jeunes accusés
Quatre Montréalais qui ont tiré près de 80 coups de feu en moins de 24 heures sur des passants choisis au hasard ont commis un geste « équivalant à un acte terroriste », a estimé le juge en les envoyant sur le chemin du pénitencier.
Le juge Marc David a souligné le caractère « exceptionnel » des crimes violents posés par les accusés en août 2022, dans le quartier Rivière-des-Prairies.
« La nature des infractions dépasse l’entendement, elle dépasse la compréhension », a martelé le juge en leur décernant de sévères peines, choqué par la « violence gratuite » à laquelle trois personnes innocentes ont été exposées, à 24 heures d’intervalle, les 10 et 11 août 2022.
Dardy Lavaud, à peine majeur à l’époque, a écopé de près de 10 ans d’incarcération. Robby Valère, Emmanuel Bruno et Josué Agnant ont respectivement écopé de peines allant de six à neuf ans et demi de pénitencier. Ces sentences ont été déterminées en soustrayant les jours qu’ils ont passés en détention préventive.
Les quatre jeunes hommes ont tous plaidé coupables hier à une kyrielle de chefs d’accusation, dont possession d’armes à feu prohibées et d’avoir déchargé ces armes dans l’intention de mettre en danger la vie des victimes pour le deuxième événement.
VIOLENCE GRATUITE
Dardy Lavaud est le seul à avoir aussi plaidé coupable d’avoir, la veille, tiré gratuitement sur une automobiliste, alors qu’il était lui-même au volant d’un véhicule.
Cette victime, dont l’identité est protégée par la cour, a témoigné hier qu’elle vivait avec un « sentiment de peur constant » et qu’elle avait « perdu sa capacité à apprécier la vie » depuis le drame.
Pour ce qui est de la fusillade du 11 août, qui a fait deux victimes directes, les quatre jeunes hommes ont tiré sur des passants avec des pistolets Glock munis de chargeurs de haute capacité.
C’est pratiquement un miracle qu’elles s’en soient sorties vivantes, malgré des blessures.
« TESTER LES ARMES »
Ils voulaient « tester les armes », selon nos informations. Ils ont ensuite pris la fuite à bord d’un véhicule dont ils ont perdu la maîtrise.
L’une des victimes a pris la parole lors de l’audience et a confié avoir « l’impression de ne plus vivre, mais de survivre ».
« Tout ce que je voulais, c’était manger un sous-marin, mais j’ai failli perdre la vie », a dénoncé celle qui souffre depuis de douleurs constantes, de flash-back et d’anxiété. Elle souligne ne plus être capable de travailler et avoir perdu le goût de la vie.
« Elle a rendu un témoignage fort touchant qui lui permettra éventuellement d’avancer dans sa guérison », a souligné Me Alexandra Longueville, qui a défendu l’un des accusés avec Me Vicky Powell.
Selon nos informations, trois des accusés ont des liens avec les gangs de rue.