Agressée sexuellement, on refuse de la changer d’école
Personne n’a pu aider la victime de 14 ans à obtenir un transfert
Tous les jours, Alexia* doit passer devant le local où elle a été agressée sexuellement par un autre élève. Son centre de services scolaire refuse de la changer d’école, et cela, même si elle y subit de l’intimidation depuis qu’elle a porté plainte.
« Tout ce que je veux, c’est qu’ils me changent d’école, que je puisse repartir à zéro et mettre ça dans le passé », demande Alexia (nom fictif), 14 ans.
Elle était une élève tranquille qui réussissait bien à l’école, jusqu’à ce qu’elle se fasse agresser par un garçon de sa classe à l’âge de 12 ans, en décembre 2022.
Maintenant, elle sèche des cours de peur de se rendre à l’école secondaire du Havre-Jeunesse, à Sainte-Julienne dans Lanaudière.
Depuis qu’elle a porté plainte à la police en janvier 2023, elle se fait intimider.
« Je suis un peu rejetée par les gens de ma classe à cause de tous les événements… Parce qu’il y a beaucoup de personnes qui connaissaient le gars », témoigne la jeune fille d’une voix timide.
Elle a reçu des messages la traitant de « pute », des papiers anonymes dans son casier lui suggérant de se suicider. Des élèves ont partagé des vidéos de TikTok la dénigrant.
Sans parler des graffitis sur des murs de l’école utilisant son nom complet, dont Le Journal a pu voir les photos.
Malgré les nombreuses démarches de sa mère pour la sortir de là depuis un an et demi, Alexia* est toujours inscrite à la même école.
JUDICIARISÉ
Le dossier d’agression sexuelle sur Alexia* a été judiciarisé, confirme-t-on au Directeur des poursuites criminelles et pénales. Le présumé agresseur, qui fait aussi l’objet d’une accusation de voie de fait dans un autre dossier, doit reparaître en cour cet automne.
« Des mesures ont été mises en place pour garantir la sécurité et le bien-être de la jeune fille », assure par courriel Hélène Duchaine du service des communications du Centre de services scolaire (CSS) des Samares.
Il s’agit du même CSS que dans le cas du père de Berthierville qui s’en est pris à l’intimidateur de son garçon en février et du cas de la jeune fille qui a été battue à la sortie des classes à Joliette en mars.
« ELLE PLEURE TOUS LES JOURS »
Dès mars 2023, la mère d’Alexia* a demandé un transfert.
« Ma fille pleure tous les jours […] Je dois attendre qu’elle se suicide ? » peut-on lire dans une lettre alors envoyée au CSS.
Par exemple, Alexia* a été obligée de s’asseoir dans le local de retrait, même si le présumé agresseur s’y trouvait, et cela, malgré l’interdit de contact, illustre-t-elle.
La direction aurait également nié être au courant de l’intimidation vécue par Alexia* après qu’elle et sa mère l’en eurent informée, rapportent-elles.