Le Journal de Montreal

Un fraudeur s’en tire sans prison

L’homme de 62 ans devra toutefois rembourser Hydro-Québec pour un vol de 200 000 $ d’électricit­é

- MICHAËL NGUYEN Le Journal de Montréal

Un incorrigib­le fraudeur qui a réussi à voler 200 000 $ d’électricit­é en enregistra­nt ses comptes au nom d’innocentes personnes s’en est tiré avec une petite année à purger dans le confort de son foyer, bien qu’il doive rembourser Hydro-Québec.

C’est avec le sourire aux lèvres que Mario Brousseau s’est présenté au palais de justice de Longueuil hier.

Et pour cause : même s’il venait pour être condamné, il savait qu’il éviterait l’incarcérat­ion pour son crime.

« J’espère que tu vas être gentil avec moi », a même lancé en rigolant le fraudeur au représenta­nt du Journal en sortant de la salle d’audience. Il s’en allait alors déposer une traite bancaire de 20 000 $ au greffe de la Cour du Québec.

Brousseau, 62 ans, risquait toutefois gros pour sa fraude commise en famille qui s’était étalée entre 2007 et 2020.

FRAUDE EN FAMILLE

Avec l’aide de son fils Simon Brousseau-Ouellette ainsi que de la conjointe de ce dernier, Nancy Arsenault, il avait mis au point un stratagème afin d’éviter de payer son électricit­é, refilant plutôt la facture à d’autres.

C’est que l’accusé possédait plusieurs immeubles locatifs. Ainsi, il détenait des informatio­ns personnell­es, qu’il utilisait pour créer des comptes d’Hydro-Québec.

Le stratagème a fonctionné pendant des années, jusqu’à ce que des clients de la société d’État réalisent qu’ils s’étaient fait usurper leur identité, et qu’ils avaient des comptes en souffrance.

Une enquête a été lancée, pour aboutir chez Brousseau. C’est là que les limiers ont trouvé de nombreuses factures, mais aussi des avis de retard concernant les victimes ainsi que des informatio­ns personnell­es, comme des numéros d’assurance sociale.

CLÉMENT, RECONNAÎT LA COURONNE

Brousseau, qui se défendait seul, souhaitait au départ un procès, pour finalement retourner sa veste et reconnaîtr­e son crime.

En contrepart­ie, il évitait la prison, mais lui et ses coaccusés remboursai­ent à Hydro-Québec les montants volés. Pour sa part, cette dernière s’engageait à ne pas intenter de poursuite civile contre lui dans cette affaire.

« Ç’aurait été un long procès, avec un résultat incertain, a expliqué à la cour Me Simon Lacoste, de la Couronne. On considère la sentence clémente, mais dans les circonstan­ces particuliè­res de cette affaire, c’est raisonnabl­e. »

PAS SES PREMIERS DÉLITS

Brousseau, qui n’en est pas à sa première condamnati­on devant un tribunal, sera ainsi confiné chez lui pendant 12 mois.

Les quatre premiers mois de sa peine, il devra rester chez lui en tout temps, sauf exception. Il devra ensuite respecter un couvre-feu.

Ses déboires à la cour ne sont toutefois pas terminés parce que, même après avoir été accusé pour sa fraude, il aurait récidivé, cette fois sur une nonagénair­e souffrant de démence, à qui il a « acheté » le condo pour un maigre petit dollar.

Il reviendra à la cour ultérieure­ment dans ce dossier.

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PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Le multirécid­iviste Mario Brousseau à sa sortie du palais de justice de Longueuil, hier, lui qui a évité la prison en plaidant coupable. Il devra toutefois rembourser les montants volés à Hydro-Québec.

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