Le Journal de Montreal

Un Grand Frère dépravé rattrapé par son passé

Il y a 45 ans, l’homme a abusé sexuelleme­nt d’un ado qu’il était censé protéger

- MICHAËL NGUYEN Le Journal de Montréal

Un ex-membre des Grands Frères Grandes Soeurs a été reconnu coupable hier à Laval pour les abus sexuels de son protégé qu’il a muselé pendant 45 ans.

« N’oublie pas, c’est notre secret, tu ne dis rien », avait lancé Henry Obidniak à sa jeune victime, vers la fin des années 70, après un énième abus sexuel.

L’abuseur de 70 ans était persuadé que personne n’aurait cru le jeune qu’un entraîneur de hockey et membre de l’organisme des Grands Frères Grandes Soeurs aurait pu l’agresser.

Par peur, la jeune victime a ainsi gardé le silence jusqu’en 2018, où elle a finalement porté plainte à la police. Malgré le temps qui s’est écoulé, le plaignant a été cru, et Obidniak a été accusé d’attentat à la pudeur et de grossière indécence.

ABUS AU LIEU D’AIDER

Selon la preuve présentée lors du procès, cette affaire est survenue à la fin des années 70. Le plaignant, dont le père était décédé, avait été jumelé par l’organisme Grands Frères Grandes Soeurs à Obidniak, qui prétendait vouloir aider le jeune de 12 ans pour sa future carrière.

« Il est censé lui montrer en quoi consiste le rôle d’un père », peut-on lire dans le jugement.

Sauf qu’à la place, Obidniak a agressé sexuelleme­nt le jeune, que ce soit en l’épiant dans les douches à l’aréna ou en l’agressant sexuelleme­nt à son domicile.

« Chez l’accusé [la victime] devait prendre sa douche et laisser les rideaux ouverts », donne en exemple le juge Serge Cimon.

D’autres fois, c’était le visionneme­nt de films pornograph­iques et des abus sexuels complets.

« Lors des événements [l’ado] indique qu’il était comme gelé, qu’une panique s’emparait de lui et qu’il obéissait », indique le juge.

Une fois, Obidniak a forcé le jeune à boire un verre, qui contenait soit de l’alcool soit de la drogue, car « un homme, ça ne pleure pas, ça boit ». L’ado est tombé inconscien­t et s’est plus tard réveillé nu, dans le lit de l’accusé.

PEUR DE LUI

Un médecin a eu des doutes sur ce qui se passait après avoir vu des lésions en examinant le jeune, mais ce dernier n’a rien osé dire.

« Ce dernier lui dit qu’il va tuer son frère ou sa mère, a noté le juge. Ce sont les deux seules personnes qui lui restaient dans la vie. »

Le calvaire du jeune a pris fin lorsque le jumelage avec Obidniak s’est terminé, au bout de deux ans. Mais les séquelles ont été sévères, avec un « mal de vivre » qui a poussé le jeune dans l’alcool et la drogue, dès l’adolescenc­e, pour « oublier et fuir les images des gestes commis ».

Le juge a analysé son témoignage, qui a été cru malgré certains oublis dus au passage du temps.

Obidniak, qui souffre de certains problèmes de santé, reviendra à la cour à l’automne, pour les plaidoirie­s sur la peine à lui imposer.

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PHOTO MARTIN ALARIE Henry Obidniak, hier, au palais de justice de Laval.

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