Le Journal de Montreal

Des primes indécentes

Un syndicat de la SRC dénonce les millions $ versés aux cadres

- RAPHAËL GENDRON-MARTIN

« Dans le contexte actuel, je trouve ça indécent. » Le président du Syndicat des travailleu­ses et travailleu­rs de Radio-Canada (STTRC), Pierre Tousignant, s’explique mal que la Société Radio-Canada a versé 18,4 millions en primes à ses cadres quelques mois après avoir supprimé près de 350 emplois. « Si j’étais cadre à Radio-Canada, il me semble que je serais un peu gêné ».

« On s’entend que Radio-Canada, ce n’est pas une mine de sel. Mais il y a toujours bien des limites. Il y a quelque chose d’indécent entre verser des primes de 18 millions et de couper comme ça un peu partout », s’insurge le président du STTRC.

Selon ce que rapporte La Presse Canadienne, la Société Radio-Canada aurait versé 18,4 millions $ en primes pour l’exercice 2023-2024, dont 3,3 millions $ pour 45 dirigeants, 10,4 millions $ pour 631 gestionnai­res et 4,6 millions $ pour 518 autres employés.

DÉTOURNEME­NT DE SENS

Pierre Tousignant rappelle que l’an dernier, lorsque la PDG de CBC/ Radio-Canada, Catherine Tait, avait parlé d’une possible suppressio­n de

800 postes « parce qu’il manquait d’argent », le syndicat avait demandé à ce que les primes ne soient pas versées au personnel cadre.

« On s’est fait répondre par des patrons à Radio-Canada qu’ils considérai­ent ces primes comme faisant partie intégrante de leur rémunérati­on ! On leur a dit qu’ils ne devaient alors pas appeler ça des primes. Il y a un détourneme­nt de sens. »

Selon Pierre Tousignant, le moral des troupes chez les membres du STTRC n’est pas au mieux, car les employés voient déjà l’automne poindre avec des effectifs et des budgets réduits.

« Ce n’est pas agréable, ce climat-là. [...] De décembre jusqu’à la fin du printemps, il y a quand même eu beaucoup de turbulence­s. La direction le minimise peut-être, mais ç’a créé énormément d’anxiété et d’insécurité chez les employés. »

« C’est sûr que ça vient un peu colorer, dans le mauvais sens, le plaisir qu’on a à travailler ensemble, poursuit-il. Mais j’ai déjà dit à Mme Tait que malgré nos différends, on n’a pas le droit au divorce. On est condamnés à s’entendre. Elle n’a pas d’autre choix que d’entendre et écouter notre colère. »

« SI J’ÉTAIS CADRE À RADIO-CANADA, IL ME SEMBLE QUE JE SERAIS UN PEUGÊNÉ»

– Pierre Tousignant

TRUDEAU DOIT INTERVENIR

Du côté de la Fédération canadienne des contribuab­les, le directeur pour le Québec, Nicolas Gagnon, a déclaré dans un communiqué que la Société Radio-Canada « est incapable de faire ce qu’il faut » et que les ministres du Patrimoine et des Finances, tout comme le premier ministre Justin Trudeau, « doivent intervenir ».

« Trop, c’est trop ! Il est temps de mettre fin une fois pour toutes aux bonus radio-canadiens financés par les contribuab­les », a-t-il dit.

« Les dirigeants de la SRC devraient subir des réductions de salaire, et non pas approuver des millions de primes financées par les contribuab­les pour ses dirigeants et ses gestionnai­res », a déclaré Franco Terrazzano, directeur fédéral pour la FCC.

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PHOTO D’ARCHIVES AGENCE QMI Les cadres de CBC / Radio-Canada se sont partagé des primes totalisant 18,4 millions de dollars.

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