Pourquoi le chômage chez nos jeunes m’inquiète
Je suis de la génération X. Je suis de cette génération qui, dans les années 80, a connu le chômage chez les jeunes entre 15 et 20 %. De surcroît, j’ai grandi au Bas-Saint-Laurent. En région à cette époque, le chômage chez les jeunes dépassait largement les 20 %.
Voilà pourquoi je m’inquiète vite lorsque je vois réapparaître ces jours-ci le phénomène du chômage chez nos jeunes. Les chiffres sont encore loin de la catastrophe de l’époque. Mais la montée est quand même rapide et considérable. En deux ans, le chômage au Canada chez les 15-24 ans est passé de 9 à 14 %.
Pour combattre l’inflation, la Banque du Canada devait provoquer un certain ralentissement de l’économie. Les experts espéraient et espèrent toujours ce scénario qu’on nomme l’atterrissage en douceur : ramener l’inflation à 2 % sans créer de récession majeure.
À ce point-ci, on peut croire que ce scénario d’atterrissage en douceur est en train de se produire. Tant mieux. D’ailleurs, pour la majorité des travailleurs qui jouissent d’un emploi stable, cette période s’est vécue sans inquiétude. Il n’y a pas eu d’hécatombe de l’emploi. Les statistiques montrent de bonnes hausses des salaires dans un effort pour rattraper l’inflation.
DES PERDANTS
Cependant, il faut garder à l’esprit qu’un ralentissement économique ne frappe pas tout le monde également.
Dans ce cas-ci, les jeunes semblent payer le prix davantage du point de vue emploi.
Durant l’été, j’ai reçu plusieurs témoignages d’ados (et de parents) qui avaient subi un choc en cherchant un emploi. Le message des dernières années voulant que tu te présentes n’importe où et on t’embauche aussitôt, c’est du passé.
J’ai plusieurs réflexions sur le sujet. Nos jeunes ne sont pas du tout préparés pour un marché de l’emploi qui se resserre. On leur a dit et redit que tous les employeurs cherchent des bras. Dans les médias comme dans les conversations privées, ils se sont fait expliquer qu’ils avaient le gros bout du bâton. Ton emploi te déplaît ? Quitte aujourd’hui et tu trouveras autre chose demain matin. Le choc pourrait être brutal.
L’APPARENTE CONTRADICTION
Nos jeunes ont devant eux un avenir économique avec des points d’interrogation. L’accès à une première propriété, avec la hausse des coûts, devient notamment un enjeu majeur. Ils auront besoin de bons emplois.
J’entends encore des employeurs qui disent encore vivre un criant manque de main-d’oeuvre. Ceux-ci réclament le maintien des seuils d’immigration pour les travailleurs temporaires. Comment cela peut-il être compatible avec le chômage en hausse chez les jeunes ?
Deux explications. Dans les cas où les employeurs cherchent de la main-d’oeuvre spécialisée, il faut que nos jeunes aillent se chercher des diplômes. Le décrochage représente une tragédie.
Dans les cas où les employeurs offrent du travail dur ou salissant, il faudra expliquer à nos jeunes la valeur de l’effort et le besoin de se salir parfois les mains quand on veut réussir.
Ce message n’est pas à la mode, mais non moins nécessaire.
Nos jeunes ont trop reçu le message que trouver un emploi serait un jeu d’enfant