Le Journal de Montreal

l’A220 grimpe à 2 milliards $

Québec risque 413 M$ de plus, même si les 1,3 milliard $ misés en 2016 sont très probableme­nt perdus

- SYLVAIN LAROCQUE Le Journal de Montréal

Craignant de perdre les 380 millions $ investis il y a à peine deux ans dans l’avion A220 d’Airbus, le gouverneme­nt Legault remet plus de 400 millions $ dans le programme, portant à plus de 2 milliards $ les fonds publics qui y ont été engloutis depuis 2016.

En conférence de presse à Mirabel, dans les Laurentide­s, hier, le premier ministre François Legault n’a pas écarté que Québec doive de nouveau puiser dans ses goussets.

« On ne souhaite pas d’autres imprévus, évidemment, mais bon, on n’est jamais à l’abri de ça », a-t-il laissé tomber.

En février 2022, Airbus et le gouverneme­nt avaient pourtant laissé entendre que l’A220 n’aurait plus besoin de nouveaux fonds.

Les problèmes de montée en cadence se sont toutefois poursuivis, notamment à cause des moteurs, construits par Pratt & Whitney.

QUITTE OU DOUBLE

« La décision qu’on a prise collective­ment, M. Legault et moi, ultimement, c’est que si nous n’investissi­ons pas le 300 millions $ US [413 millions $ CA] d’aujourd’hui, le 300 millions $ US [380 millions $ CA] de 2022 disparaiss­ait », a expliqué froidement le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie Pierre Fitzgibbon.

Québec a aussi accepté de repousser de cinq années de plus – de 2030 à 2035 – le moment où il pourra vendre à Airbus sa participat­ion de 25 % dans l’A220.

« Le plan d’affaires qu’on a regardé fait en sorte qu’on est relativeme­nt, très, confortabl­es que nous allons récupérer les deux [sommes de] 300 millions $ US et en plus générer des retombées économique­s au Québec qui vont être importante­s d’ici 2035 », a précisé M. Fitzgibbon.

De son côté, Airbus promet de réinvestir 900 millions $ US dans l’A220, somme qui s’ajoutera aux 900 millions $ US (un peu plus de 1,240 milliard $ CA) injectés en 2022 ainsi qu’à des prêts de 500 millions $ US (environ 689 millions $ CA) et de 800 millions $ US (1,1 milliard de dollars canadiens).

PAS DE NOUVEAUX EMPLOIS

Contrairem­ent à l’annonce de 2022, il n’est pas question de création d’emplois cette fois-ci, mais simplement de « maintien d’emplois ».

En deux ans, le nombre de salariés d’Airbus à Mirabel est passé de 2500 à 3500.

En fait, Airbus vient de mettre en place un programme mondial de réduction des dépenses qui se traduit notamment par une « limitation » du nombre d’embauches, y compris au Québec.

Le gouverneme­nt se félicite d’avoir persuadé Airbus à maintenir les deux tiers des emplois de l’A220 au Québec (le programme compte également une usine en Alabama), mais cet engagement ne figure pas dans le communiqué de presse.

Chose certaine, les Québécois

« ON NE SOUHAITE PAS D’AUTRES IMPRÉVUS, ÉVIDEMMENT, MAIS BON,

ON N’EST JAMAIS À L’ABRI DE ÇA. » – François Legault

doivent oublier la somme de 1,3 milliard de dollars [1 milliard $ US] que le gouverneme­nt Couillard a investie dans l’ancienne C Series de Bombardier en 2016 (Airbus a mis la main sur le programme en 2018 et l’a rebaptisé A220).

« Dans nos analyses, les chances sont probableme­nt faibles qu’on reçoive de l’argent du milliard de dollars [US], mais techniquem­ent c’est possible », a affirmé le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon.

Notons que les comptables du gouverneme­nt du Québec ont radié ce coûteux placement en 2020.

 ?? PHOTOS BEN PELOSSE ?? Le premier ministre François Legault a pris la pose dans la cabine de pilotage d’un Airbus A220-300, hier, à Mirabel. Ci-dessous, l’extérieur d’un aéronef du même modèle.
PHOTOS BEN PELOSSE Le premier ministre François Legault a pris la pose dans la cabine de pilotage d’un Airbus A220-300, hier, à Mirabel. Ci-dessous, l’extérieur d’un aéronef du même modèle.

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