Le Journal de Montreal

Pauses obligatoir­es suggérées pour les chauffeurs d’autobus

Un coroner fait cette recommanda­tion à la STM après un accident mortel

- JONATHAN TREMBLAY

Un coroner recommande à la Société de transport de Montréal (STM) de prévoir des pauses obligatoir­es à la suite d’un accident qui a coûté la vie à un piéton happé par un autobus conduit par un chauffeur qui achevait un quart de travail.

« Je recommande à la STM de revoir les horaires de travail des chauffeurs d’autobus qui n’ont pas de pauses de repos afin d’y inclure des pauses obligatoir­es, dans le but de diminuer les facteurs perturbate­urs de la vigilance et le temps de réaction », écrit le coroner Dr Edgard Nassif, dans son rapport récemment publié concernant la mort de Mohan Chandran, le 4 mars dernier.

Ce soir-là, vers 21 h, le Montréalai­s de 65 ans marchait sur le passage piéton à l’intersecti­on sombre des boulevards Edouard-Laurin et Décarie, dans l’arrondisse­ment de Saint-Laurent à Montréal.

À ce moment, il a été happé et écrasé par un autobus qui virait à gauche et ne s’était pas arrêté complèteme­nt. En état d’ébriété, M. Chandran est mort sur le coup.

« Plusieurs facteurs ont contribué à l’avènement de cet accident comportant un coût humain et social », résume le coroner Nassif.

Or, il retient un passage troublant de l’interrogat­oire du chauffeur de la STM avec les enquêteurs.

PAS LE TEMPS DE S’ARRÊTER

Ce dernier avait révélé effectuer des quarts de travail de 7,5 heures, et ne pas avoir de pause prévue. Il avait aussi indiqué que son horaire lui permettait seulement de s’arrêter s’il était « en avance sur son trajet ».

Le chauffeur avait affirmé pouvoir s’arrêter environ 60 minutes par quart, mais que certains de ses collègues « n’ont pas de pauses. Même pas pour des besoins naturels ».

Le jour du drame, il avait réussi à arrêter durant environ une heure. Son quart devait se terminer à 23 h 17. Mais malgré le bruit, il n’avait pas réagi à l’impact, continuant sur quelques mètres avant de freiner.

Selon le Dr Nassif, qui n’écarte pas le facteur de la fatigue, si le chauffeur avait immobilisé son véhicule au premier contact, le piéton n’aurait pas passé sous les roues de l’autobus.

CHAUFFEUR FAUTIF

De son côté, la STM fait davantage porter le blâme à son employé, qui n’a pas « appliqué telle qu’enseignée » la technique de manoeuvre de virage à gauche.

Selon son enquête, le conducteur n’a ni eu de contact visuel avec le piéton ni respecté le Code de la sécurité routière.

Depuis l’accident, la Société aurait fait de la sensibilis­ation auprès de chauffeurs, de piétons et de cyclistes, en plus d’intégrer un système d’évitement de collisions sur les futurs autobus.

« Comme nous avons des questions sur le rapport concernant le lien entre les circonstan­ces de l’événement et la recommanda­tion, nous ne commentero­ns pas davantage pour le moment », a indiqué Amélie Régis, conseillèr­e corporativ­e de la STM.

Par ailleurs, le coroner recommande à la Ville de Montréal de maintenir le système d’éclairage « fonctionne­l et optimal » à cet endroit.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Le soir du 4 mars dernier, un autobus a percuté Mohan Chandran, un piéton de 65 ans, qui est mort à l’angle des boulevards Décarie et Edouard-Laurin. Un coroner recommande que les chauffeurs d’autobus de la STM soient forcés de prendre des pauses.
PHOTO D’ARCHIVES Le soir du 4 mars dernier, un autobus a percuté Mohan Chandran, un piéton de 65 ans, qui est mort à l’angle des boulevards Décarie et Edouard-Laurin. Un coroner recommande que les chauffeurs d’autobus de la STM soient forcés de prendre des pauses.

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