Pauses obligatoires suggérées pour les chauffeurs d’autobus
Un coroner fait cette recommandation à la STM après un accident mortel
Un coroner recommande à la Société de transport de Montréal (STM) de prévoir des pauses obligatoires à la suite d’un accident qui a coûté la vie à un piéton happé par un autobus conduit par un chauffeur qui achevait un quart de travail.
« Je recommande à la STM de revoir les horaires de travail des chauffeurs d’autobus qui n’ont pas de pauses de repos afin d’y inclure des pauses obligatoires, dans le but de diminuer les facteurs perturbateurs de la vigilance et le temps de réaction », écrit le coroner Dr Edgard Nassif, dans son rapport récemment publié concernant la mort de Mohan Chandran, le 4 mars dernier.
Ce soir-là, vers 21 h, le Montréalais de 65 ans marchait sur le passage piéton à l’intersection sombre des boulevards Edouard-Laurin et Décarie, dans l’arrondissement de Saint-Laurent à Montréal.
À ce moment, il a été happé et écrasé par un autobus qui virait à gauche et ne s’était pas arrêté complètement. En état d’ébriété, M. Chandran est mort sur le coup.
« Plusieurs facteurs ont contribué à l’avènement de cet accident comportant un coût humain et social », résume le coroner Nassif.
Or, il retient un passage troublant de l’interrogatoire du chauffeur de la STM avec les enquêteurs.
PAS LE TEMPS DE S’ARRÊTER
Ce dernier avait révélé effectuer des quarts de travail de 7,5 heures, et ne pas avoir de pause prévue. Il avait aussi indiqué que son horaire lui permettait seulement de s’arrêter s’il était « en avance sur son trajet ».
Le chauffeur avait affirmé pouvoir s’arrêter environ 60 minutes par quart, mais que certains de ses collègues « n’ont pas de pauses. Même pas pour des besoins naturels ».
Le jour du drame, il avait réussi à arrêter durant environ une heure. Son quart devait se terminer à 23 h 17. Mais malgré le bruit, il n’avait pas réagi à l’impact, continuant sur quelques mètres avant de freiner.
Selon le Dr Nassif, qui n’écarte pas le facteur de la fatigue, si le chauffeur avait immobilisé son véhicule au premier contact, le piéton n’aurait pas passé sous les roues de l’autobus.
CHAUFFEUR FAUTIF
De son côté, la STM fait davantage porter le blâme à son employé, qui n’a pas « appliqué telle qu’enseignée » la technique de manoeuvre de virage à gauche.
Selon son enquête, le conducteur n’a ni eu de contact visuel avec le piéton ni respecté le Code de la sécurité routière.
Depuis l’accident, la Société aurait fait de la sensibilisation auprès de chauffeurs, de piétons et de cyclistes, en plus d’intégrer un système d’évitement de collisions sur les futurs autobus.
« Comme nous avons des questions sur le rapport concernant le lien entre les circonstances de l’événement et la recommandation, nous ne commenterons pas davantage pour le moment », a indiqué Amélie Régis, conseillère corporative de la STM.
Par ailleurs, le coroner recommande à la Ville de Montréal de maintenir le système d’éclairage « fonctionnel et optimal » à cet endroit.