Un spectacle mémorable
Au cours du concert Plaines de chansons prévu ce vendredi 26 juillet à Québec, une vingtaine d’artistes souligneront le 50e anniversaire du désormais mythique spectacle J’ai vu le loup, le renard, le lion ,qui réunissait sur une même scène pour la première fois Robert Charlebois, Gilles Vigneault et Félix Leclerc.
Présenté en ouverture du Festival international de la jeunesse francophone sur les plaines d’Abraham le 13 août 1974, le spectacle est le tout premier concert extérieur collectif du Québec. Il s’agissait également de la première fois que trois chanteurs de générations différentes, respectivement âgés de 30, 45 et 60 ans, avec des styles musicaux différents et un public tout aussi différent, s’unissaient pour un même concert.
IDÉE AUDACIEUSE
Ce serait d’ailleurs une idée audacieuse du producteur et père du show-business québécois Guy Latraverse, cofondateur de l’ADISQ (1978) et des FrancoFolies (1989), d’unir Robert Charlebois aux poètes et chansonniers Gilles Vigneault et Félix Leclerc.
À l’époque, ce dernier se faisait déjà discret dans la sphère publique et préparait sa sortie de scène vers une réclusion à l’île d’Orléans, mais Gilles Vigneault l’aurait convaincu d’embarquer dans le projet, malgré ses résistances à l’égard du « jeune » Robert Charlebois, qui lui, en contrepartie, était très flamboyant.
Il avait notamment fait jaser avec son cabaret psychédélique L’Osstidcho ainsi qu’avec son lancer de tambours dans le public de l’Olympia parisien.
120 000 SPECTATEURS
Rassemblant une foule d’au moins 120 000 personnes, le concert s’est ouvert par un enchaînement des succès Moi, mes souliers, Lindberg et Mon pays. Les trois artistes y sont ensuite allés chacun de leurs meilleures compositions, revisitant, avec leurs musiciens, Ti-cul Lachance, Il me reste un pays, L’alouette en colère et La marche du président.
Le concert s’est conclu par un numéro de groupe, dans lequel les trois monuments de la chanson ont harmonisé leurs voix sur Quand les hommes vivront d’amour,
de Raymond Lévesque.
Cette pièce a d’ailleurs été souvent attribuée à Félix Leclerc en raison de son interprétation ce soir-là.
Un album double, enregistré lors de l’événement et accessible sur les plateformes d’écoute, permet aujourd’hui de s’y replonger (voir autre texte).
UN SYMBOLE D’IDENTITÉ
En 1974, le mouvement indépendantiste gagnait du terrain au Québec et la question francophone teintait l’actualité, avec le décret, en juillet de cette même année, du français comme langue officielle.
À seulement deux ans de l’élection du Parti Québécois de René Lévesque, qui a mené au premier référendum sur l’indépendance du Québec en 1980, J’ai vu le loup, le renard, le lion est immédiatement devenu un symbole de l’identité québécoise.
Vigneault avait d’ailleurs déclaré en entrevue que, selon lui, il s’agissait d’un des spectacles les plus politisés de l’histoire de la province.
Au départ, l’Agence de coopération culturelle et technique, l’ancêtre de l’Organisation internationale francophone, voulait organiser un événement dans le but de resserrer les liens avec la francophonie mondiale.
La ville de Québec a ensuite été choisie comme ville hôte, malgré les appréhensions des premiers ministres du Québec et du Canada, Robert Bourassa et Pierre Elliott Trudeau, qui craignaient que l’événement serve de tribune aux sympathisants de la souveraineté du Québec.
Hommage à J’ai vu le loup, le renard, le lion, le spectacle Plaines de chansons aura lieu le vendredi 26 juillet sur les plaines d’Abraham. Il réunira Marie-Pierre Arthur, Gab Bouchard, Lou-Adriane Cassidy, Robert Charlebois, Sylvia Cloutier, Beatrice Deer, Claude Dubois, Diane Dufresne, Kanen, Simon Kearney, Pierre Kwenders, Pierre Lapointe, Thierry Larose, Hubert Lenoir, Marjo, Patrice Michaud, Muzion, Paul Piché, Ariane Roy, Sarahmée, Jay Scott, Souldia et Les Trois Accords.