Le Journal de Montreal

Il réalise son rêve d’enfance à 53 ans

Stéphane Sinclair a auparavant exercé bien des métiers, dont journalist­e, attaché politique et entreprene­ur

- FRANCIS HALIN « ÇA A ÉTÉ LE PLUS BEAU CHOIX QUE J’AI FAIT DE MA VIE » – Stéphane Sinclair, apprenti conducteur de pelle mécanique

Un Québécois de 53 ans, qui a été tour à tour notamment journalist­e au Journal, attaché politique pour un ministre et entreprene­ur, réalise enfin son rêve d’enfance de conduire une pelle grâce aux formations accélérées et payées du gouverneme­nt Legault.

« Quand j’étais enfant, je tripais sur les camions et les chantiers de constructi­on. L’annonce n’a surpris personne dans ma famille : parents, tantes, cousins », confie en riant Stéphane Sinclair, apprenti conducteur de pelle mécanique fraîchemen­t diplômé avec un salaire allant de 24 $ l’heure à 80 $ l’heure dans des zones éloignées.

Après des études en sciences politiques et une carrière de journalist­e à TQS et au Journal, de photograph­e de mariage, d’entreprene­ur et d’attaché politique de David Cliche, Stéphane Sinclair emprunte, il y a quelques années, une pelle pour creuser un étang dans sa cour.

SECOND COUP DE FOUDRE

À l’époque, c’est le coup de foudre.

« J’ai passé le week-end à triper sur la pelle », souffle-t-il.

« À ce moment-là, j’ai eu la piqûre. Je voulais creuser partout. Je voulais remplir le trou, le “revider”. J’aimais trop ça. C’était tripant à opérer », se souvient-il.

Il avait soudaineme­nt du mal à se séparer de sa mini-excavatric­e Kubata louée pour la fin de semaine.

Stéphane Sinclair ne peut cependant pas aller faire son diplôme d’études profession­nelles (DEP) sans salaire pendant des mois.

« Je ne pouvais pas aller faire ça. Fallait que je travaille, que l’argent rentre », affirme-t-il.

Il laisse donc son rêve de côté jusqu’au jour où Québec lance son programme de formation accélérée.

PAYÉ 750 $ PAR SEMAINE

Quand il apprend que la formation payée de 750 dollars est offerte, il saute sur l’occasion.

Il n’attend pas la fin de la conférence de presse annonçant le programme et prend son téléphone pour savoir comment s’inscrire. On lui dit qu’il doit se tourner vers le Centre de formation du transport routier de Saint-Jérôme (CFTR).

Il saute dans le bain en janvier 2024. « Ça a été le plus beau choix que j’ai fait de ma vie », sourit-il aujourd’hui.

« Le soir, quand je revenais de ma formation, je regardais des vidéos YouTube de pelles mécaniques et après je faisais un Lego de pelle mécanique », s’enthousias­me-t-il.

Même si chaque apprenti a besoin d’un compagnon et que ces derniers se font plus rares, Stéphane Sinclair fonce.

DÉJÀ DES INTÉRESSÉS

Deux employeurs veulent déjà s’asseoir avec lui après les vacances de la constructi­on, qui viennent de commencer vendredi dernier et qui dureront jusqu’au 3 août pour près de 200 000 travailleu­rs.

« Dans la vie, je fonctionne avec mes tripes. Ça me prend de la passion », conclut l’homme avec des rêves à la pelle, qui insiste pour lever son chapeau à ses professeur­s.

Au début du mois, Le Journal rapportait que des étudiants souvent absents ont quand même été payés 750 $ par semaine pour suivre les formations accélérées en constructi­on. À peine 8,7 % des personnes inscrites à ces formations accélérées étaient des femmes, soulignait-on également dans nos pages.

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PHOTOS FOURNIES PAR STÉPHANE SINCLAIR Stéphane Sinclair aux commandes d’une pelle mécanique. Il a suivi une des formations profession­nelles accélérées et rémunérées récemment créées par Québec.

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